Horreur au Pakistan : Des enfants massacrés

Manifestation pakistan contre massacre d enfants

Rien n’est pire que le massacre des enfants! L’indignation est mondiale après l’attaque terroriste contre une école au Pakistan qui a fait 141 morts, dont 132 écoliers.

Les représailles pour toucher au cœur les familles de ses ennemis sont injustifiables, même si on peut comprendre la douleur de ceux qui ont perdu des enfants pendant cette interminable guerre.
Les talibans présentent ce massacre comme des représailles à l’offensive lancée en juin par l’armée dans leur bastion du Nord-Waziristan. «Nous avons choisi d’attaquer cette école pour enfants de militaires parce que le gouvernement vise nos familles et nos femmes», a déclaré le porte-parole taliban, Muhammad Umar Khorasani. «Nous voulons qu’ils ressentent notre peine».

Rappel des faits

Un commando taliban pakistanais a perpétré, mardi 16 décembre, la plus sanglante attaque terroriste de l’histoire du pays dans une école d’enfants de soldats, tuant 141 personnes, dont 132 écoliers, selon le dernier bilan. Le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principale fédération de groupes rebelles islamistes du pays, a revendiqué l’attaque. Il entendait répondre à l’offensive lancée en juin par l’armée contre ses bastions du Waziristan du Nord, dans les zones tribales pachtounes frontalières de l’Afghanistan.

Le TTP est né en 2007 d’une radicalisation contre l’Etat pakistanais, tenu pour «traître» en raison de sa collaboration avec les Américains dans la «guerre contre la terreur» lancée après le 11 Septembre. Il est proche d’Al-Qaïda et a resserré ces liens sous la direction de Hakimullah Mehsud, tué en 2013 par un drone américain.

Le Monde souligne: «Le TTP et divers groupes affiliés participent à une guerre civile née dans le contexte de l’après-11-Septembre qui a fait entre 40.000 et 50.000 morts en dix ans. Depuis sa fondation en 2007, l’organisation a signé une longue série d’attaques meurtrières dans les villes pakistanaises. Il cible de façon prioritaire l’armée et les services de renseignement qui le considèrent comme un «ennemi du Pakistan» manipulé par des forces étrangères, mais qui entretiennent des liens étroits avec d’autres groupes talibans».
L’ambigüité du jeu pakistanais n’est certes pas une nouveauté. Mais cette fois, l’attaque aura des conséquences. Le Pakistan a annoncé la levée de son moratoire sur la peine de mort dans les cas de terrorisme. Les condamnations à la peine capitale, relativement fréquentes au Pakistan, n’y étaient plus appliquées depuis 2008, hormis un cas de cour martiale. Dès la fin de l’attaque, de nombreux observateurs, à commencer par les médias locaux, ont appelé le gouvernement et l’armée à «regarder la réalité en face» et à trouver enfin un moyen de mettre fin aux attaques des talibans et de leurs alliés d’Al-Qaïda qui ont fait plus de 7.000 morts depuis 2007.
L’indignation mondiale est telle que même les talibans afghans ont condamné leurs alliés et voisins. En effet, les talibans afghans, eux-mêmes auteurs de nombreux attentats sanglants, ont condamné l’attaque de leurs frères d’armes talibans pakistanais fatale à 141 personnes, dont 132 écoliers, menée la veille, en soulignant: «Le meurtre prémédité d’innocents est contraire aux principes de l’islam».
La rébellion afghane affirme également qu’elle a «toujours condamné les meurtres d’enfants et de civils innocents», y compris l’attentat ayant fait 50 morts le mois dernier lors d’un match de volley-ball dans la province de Paktika (sud-est), frontalière du Pakistan.
Le nouveau président afghan Ashraf Ghani, qui s’est rendu le mois dernier à Islamabad afin de resserrer les liens avec le Pakistan dans l’espoir de stabiliser la région à la fin du mois, après le retrait de l’essentiel des soldats de l’OTAN, avait (mardi 16 décembre) vivement condamné l’attaque de Peshawar.
L’ancien président afghan Hamid Karzaï, au pouvoir de la fin 2001 à septembre dernier, avait longtemps accusé le Pakistan et plus précisément ses puissants services de renseignement de soutenir les talibans afghans qui cherchent à reprendre le pouvoir à Kaboul. Mais au cours des dernières semaines, des responsables pakistanais et afghans ont plutôt joué la carte de l’apaisement, disant combattre ensemble le «terrorisme» qui mine la région et évoquant un «nouveau départ» dans leurs relations.
De Grande-Bretagne où elle vit désormais, le Prix Nobel de la paix Malala a dénoncé les «actes atroces et lâches» des talibans. «J’ai le cœur brisé par cet acte de terreur insensé commis de sang froid à Peshawar» et «comme des millions d’autres à travers le monde, je pleure ces enfants, mes frères et sœurs».
Frères et sœurs de tous les vrais croyants et des hommes de bonne volonté pour qui faire la guerre n’est pas se venger des pères en tuant les fils.

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Patrice Zehr

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