Reportage : Laissez-moi lire…

Amin maalouf

Qui ne s’en plaint, chez nous? La lecture des livres est faible. Pourtant –surprise, surprise- il y a des auteurs étrangers qui font un tabac au Maroc.

Leurs noms retentissent à chaque fois qu’on prononce le mot «roman». Ils enregistrent des ventes hallucinantes dans leurs pays et à l’international. Leurs romans traduits en plusieurs langues parlent d’histoires rocambolesques, mais toujours teintées d’une part de réalité. Chez les jeunes lecteurs et amateurs de romans, y compris marocains, ils ont fait l’unanimité et ce, depuis le tout début.
En dehors des périodes de fêtes (de fin ou début d’année) qui enregistrent une nette hausse de ventes de livres -et pour cause, on aime joindre l’utile à l’agréable, un livre c’est un cadeau qu’on garde, un objet dont on se souvient, mais surtout une expérience enrichissante pour l’imagination ou le réel-, ces auteurs-là vendent tout au long de l’année.
Dans les librairies, leurs romans s’écoulent comme des petits pains, témoigne ce libraire tenant boutique au Maroc, qui a vu les jeunes se réconcilier avec les livres et affluer en grand nombre grâce au phénomène Marc Levy et Guillaume Musso. «Les livres de Levy et de Musso ont un succès phénoménal au rayon romans français. Ils attirent les jeunes et les moins jeunes aussi!», s’exclame-t-il.

«Success-story» by Marc Levy

Depuis bientôt 15 ans, Marc Levy enchante avec ses romans -traduits en 48 langues, rien que ça!- sortant près d’une fois par an. Proche de ses fans, il «retweete» souvent les messages de ses «followers» et leur répond. Avec 19.500 «followers» sur Twitter, il est l’un des auteurs français les plus suivis sur le réseau social.
«Le tout premier roman que j’ai lu est  »Et si c’était vrai ». J’ai tellement aimé qu’aujourd’hui, j’ai tous les livres de Marc Levy chez moi et ma mère est ravie que je lise», lance ce jeune garçon accompagné d’une poignée de ses amis dans un café calme de Rabat. Ils se retrouvent à raison d’une fois par mois pour échanger des livres traitant de psychologie, de PNL (Programmation Neuro Linguistique) ou d’autres classiques tels que Maupassant; et pour en discuter, émettre des critiques ou mettre l’eau à la bouche l’un de l’autre en racontant le début de l’histoire.
Leurs livres préférés sont incontestablement les romans de Marc Levy et de Guillaume Musso, parce qu’ils se lisent rapidement et les accompagnent partout dans leur sac à dos.
Deux de ses amis se sont mis un peu plus tard à la lecture et essaient de rattraper leur retard. «Franchement, pour moi, lire était une corvée associée aux devoirs de l’école. On m’a tellement gavé avec la lecture que j’ai détesté ça. Imaginez qu’on nous obligeait à apprendre des paragraphes de livres chaque semaine. A quoi ça sert?», raconte l’un d’eux. Depuis qu’il n’était plus «obligé» de lire, il ne le faisait plus… jusqu’au jour où il s’est lié d’amitié avec la bande d’amis de sa petite copine. «Ils discutaient de romans à chaque fois qu’on se retrouvait. Je me sentais un peu exclu étant donné que j’étais le seul à ne pas m’y intéresser».
C’est sa petite copine qui lui a transmis le virus en lui mettant un livre de Marc Levy entre les mains. Amoureux, il le lut les yeux fermés – ou presque.

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L’intrigant Guillaume Musso

Musso est sans conteste un auteur à succès. Ses romans, racontant des histoires mirifiques au suspense édifiant, sont les plus grands succès en littérature, tant au niveau des livres vendus que ceux téléchargés, mettant KO tous les autres auteurs. A ce jour, tous ses romans ont été des best-sellers que ce soit dans l’Hexagone ou ailleurs. Son dernier roman Central Park paru en mars 2014 se classe 4ème dans les Charts sur Itunes («Le Suicide français» sorti en octobre 2014 d’Eric Zemmour en 2ème place).
«Je ne savais rien de ses livres, mais j’en avais entendu parler à plusieurs reprises. Un jour de Fête des mères, je ne savais pas quoi offrir à ma mère. J’ai opté pour un livre, je le voulais avec un nom explicite pour faire passer un message. Je suis tombée sur «Parce que je t’aime». Sans connaître l’histoire, je l’ai acheté. Sauf que ma mère ne l’a pas aimé». En effet, sa mère préférant les romans policiers, pensait qu’il s’agissait d’un roman à l’eau de rose qu’elle n’affectionne pas. En le lisant à contrecœur -pour faire plaisir à sa fille- elle découvre une tout autre histoire, une intrigue bien ficelée et une chute inattendue. C’est ce jour-là qu’on s’est épris l’une et l’autre des romans de Musso».

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Algérie, Brésil, Liban…

Ces auteurs aux styles différents se sont illustrés pour leur succès dans nos librairies marocaines. L’un est brésilien -Paulo Coelho- et ses romans sont des leçons de vie qui poussent à réfléchir à la condition humaine. Souvent critiqué pour ses passages trop poussés sur le christianisme et sur la sorcellerie, il reste néanmoins l’un des auteurs préférés et les plus lus dans le monde.
Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, est quant à lui algérien. Il a su conquérir un large public marocain grâce à son indéniable talent de conteur. Il raconte, entre autres, des histoires d’une Algérie entre deux guerres (guerres mondiales), le conflit israélo-palestinien et bien d’autres histoires poignantes et moralisatrices… «Ses romans noirs, durs et sa plume très distinguée sont un pur plaisir! Je suis fan de cet homme», déclare une lectrice inconditionnelle rencontrée dans une librairie.
Et un libanais, Amin Maalouf, l’autre grand succès littéraire au Maroc. Il raconte l’Histoire de façon telle que même les plus réfractaires adhèrent à ses romans. Amin Maalouf a été, depuis Léon l’Africain et Samarcande parus en 1986 et 1988, l’un des auteurs des plus appréciés par les Marocains. Il continue aujourd’hui à être l’un des auteurs les plus lus par la jeunesse.
Autres auteurs à succès qui ont conquis le cœur des jeunes lecteurs marocains, Amélie Nothomb, la Belge qui écrit un livre par an et dont la notoriété n’est plus à faire. Récemment, le dernier livre «Le jour où j’ai appris à vivre» (2014) de Laurent Gounelle, l’auteur de «L’Homme qui voulait être heureux» (2008), a été largement plébiscité par les «bouquineurs» marocains aux côtés de «Pour les musulmans» d’Edwy Plenel, président de Mediapart…
Qui a dit que le digital tuerait le livre?

Yasmine Saïh

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