Pour la presse internationale dans ses premières réactions, le Maroc a saisi habilement une opportunité historique. Il obtient de la part des USA une reconnaissance majeure de sa souveraineté sur les provinces du sud.
Il le fait sans vraiment reconnaitre Israël, mais en revenant dans un premier temps à des relations diplomatiques préexistantes dès 1994 à 2002 et interrompues lors de la deuxième intifada.
Il le fait sans renoncer au soutien de la cause palestinienne qui est nettement réaffirmé.
Pour l’hebdomadaire français Le Point, l’annonce a été faite sur Twitter par Donald Trump. Dans une série de tweets, le Président américain sortant a révélé que le Maroc et Israël allaient normaliser leurs liens diplomatiques. «C’est une percée énorme pour la paix au Moyen-Orient», s’est réjoui le pensionnaire de la Maison-Blanche. L’administration Trump œuvrait depuis plusieurs mois en coulisses pour que Rabat normalise ses relations avec l’État hébreu. Le Maroc emboîte le pas au Soudan, à Bahreïn et aux Émirats arabes unis, qui avaient respectivement officialisé leurs relations diplomatiques avec Israël en octobre et en septembre dernier… De son côté, le Maroc a annoncé dans un communiqué du Palais Royal qu’il allait «reprendre des relations diplomatiques» avec Israël «dans les meilleurs délais». Les deux États avaient en effet déjà disposé de bureaux de liaison, à Rabat et à Tel-Aviv. Inaugurés en 1994, ces deux représentations diplomatiques avaient dû fermer au début des années 2000 lors de l’éclatement de la seconde intifada dans les territoires palestiniens… Saluant pour sa part un «accord historique», le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a précisé que la reprise des liens entre les deux pays devrait tout d’abord inclure la remise en place de bureaux de liaison, prélude à l’établissement de relations diplomatiques directes et de vols entre les capitales. «Le Maroc avait déjà de bonnes relations avec Israël sous Hassan II», rappelle Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève. «Des milliers de citoyens juifs se déplaçaient déjà entre les deux pays et le Roi Mohammed VI n’a jamais été opposé à la normalisation avec Israël, d’autant qu’il a beaucoup à y gagner». Le communiqué du Palais Royal insiste avant tout sur la concession faite par les États-Unis sur le Sahara occidental, ne reléguant les liens avec l’État hébreu qu’au second plan. Saluant la «position constructive des États-Unis» qui vient «renforcer la dynamique de la consécration de la marocanité du Sahara», Rabat annonce en outre l’ouverture d’un consulat américain dans la ville de Dakhla, au centre du territoire, «à vocation essentiellement économique». Le Monde insiste sur «l’importance de cette avancée pour le Maroc». Mohammed VI a, de son côté, salué une «prise de position historique» des Etats-Unis. Rabat, qui contrôle les trois quarts de ce territoire désertique de 266.000 kilomètres carrés, propose une autonomie sous sa souveraineté, alors que le Front Polisario réclame depuis des années un référendum d’autodétermination, prévu par un accord de 1991. Les négociations impliquant le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie sont au point mort depuis mars 2019. «Pour le Figaro le Maroc ne fait que constater un mouvement de large ampleur et qui sera très vite rejoint par l’Arabie saoudite». Le cercle des nouveaux amis arabes d’Israël s’agrandit encore. Le Royaume chérifien et l’État hébreu ont décidé de normaliser leurs relations. Le rapprochement a été négocié avec l’aide des États-Unis, qui avaient déjà joué un rôle majeur dans les accords inédits passés ces derniers mois entre Israël et trois partenaires : les Émirats arabes unis, le royaume de Bahreïn et le Soudan. Donald Trump a veillé à sceller la réconciliation entre deux pays, qui avaient rompu les ponts au début de la deuxième Intifada en fermant les bureaux diplomatiques ouverts durant une courte période après la signature des accords d’Oslo. Le Président américain a personnellement convaincu le Roi Mohammed VI de l’intérêt d’une entente. Il a offert au monarque, avec qui il s’est entretenu par téléphone jeudi 10 décembre, la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. La position américaine a toujours été de ne pas prendre officiellement parti et de défendre le principe d’une solution négociée. Donald Trump prend le contre-pied de ses prédécesseurs, comme il l’avait fait en reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, un territoire syrien annexé de manière unilatérale après la guerre de 1967. Le Président américain, qui est encore à la Maison-Blanche pour quelques semaines, juge que la proposition d’autonomie régionale défendue par Rabat pour consolider sa présence au Sahara occidental est «crédible et réaliste», et qu’elle apparaît comme seule base pour un règlement «juste et durable». Rabat, pour qui la cause des «provinces du Sud» est sacrée, peut pavoiser mais les propos de Donald Trump devraient provoquer une levée de boucliers du côté des responsables Polisario et des dirigeants algériens». L’Orient le jour souligne la réaction positive de l’Egypte». Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué l’annonce d’un accord sur la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, le qualifiant de «pas important» pour la région. M. Sissi a dit sur son compte Twitter avoir suivi «avec grand intérêt cette importante avancée» qui constitue selon lui un «pas important vers davantage de stabilité et de coopération régionale au Moyen-Orient ». Le journal français Libération est comme d’habitude très critique vis à vis du Maroc comme de Trump et dénonce un «marchandage». «Sans chercher à maquiller la nature «transactionnelle» de ce deal de dernière minute, au crépuscule de son mandat, le Président américain, qui semble désormais seul en charge des Affaires étrangères de l’Etat hébreu, ramené au stade de 51ème Etat, a révélé le prix de cette nouvelle percée diplomatique: la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Une énième rupture majeure avec l’orthodoxie internationale, dans un contexte tendu». Le Temps, journal suisse évoque la position inchangée de l’ONU. «Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, quant à lui, «a une position inchangée» sur le Sahara occidental après la décision du Président américain Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur ce territoire, a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric. A. Guterres «pense […] que la solution à cette question peut toujours être trouvée sur la base des résolutions du Conseil de sécurité», a ajouté le porte-parole lors de son point-presse quotidien».
Patrice Zehr