Sahara-USA-Israël | 2020, l’Année des Royales Stratégies

Sa Majesté le Roi Mohammed VI préside un Conseil des ministres

Deux grands dossiers ont dominé cette année 2020, au Maroc et définitivement marqué les esprits: le «dossier Pandémie» et le «dossier Sahara».

Ces deux dossiers ont connu une gestion Royale qui a tout autant marqué les esprits. Et bien plus que cela…

Car cette double gestion n’a pas concerné que le Maroc.

Elle a eu, a et aura encore des effets insoupçonnés, par-delà les frontières du pays.

Ce sont bien deux dossiers différents. Leur gestion a, par conséquent, été différente.

Dossier Pandémie, stratégie de l’immédiat

Le «dossier Pandémie» s’est imposé au Maroc, comme au reste du monde, de façon brutale et inattendue, obligeant le pays à faire face à des dangers à la fois immédiats et considérables.

Sa gestion a connu une stratégie appropriée à la situation totalement imprévue. Une stratégie improvisée, par la force des choses, mais royalement menée (le mot « royalement », ici, dans sa double acception), à coup de décisions rapides, proactives et courageuses.

Le Maroc a été parmi les tout 1ers à fermer ses frontières, à décréter le confinement, à se lancer dans l’industrie du masque jusqu’à en devenir 1er exportateur dans ce contexte, à créer un Fonds de solidarité, à charger un Comité de Veille du suivi économique … Et à partager ce qu’il a pu produire en quantité (masques, gel hydro alcoolique, médicaments, etc) avec les voisins et amis du continent qui en avaient besoin…

Même les citoyens marocains ne comprenaient pas toujours les décisions prises, au moment où elles l’étaient, jusqu’à ce qu’ils constatent, un peu plus tard, que le monde entier les prenaient aussi. 

Cette Stratégie Royale a valu au Maroc de nombreux et parfois tout nouveaux éloges à l’échelle internationale.

Le relâchement des citoyens, au sortir du confinement, a certes donné ultérieurement lieu à une détérioration de la situation sanitaire. Cependant, la gestion de la pandémie et de ses répercussions s’est poursuivie, tentant au fur et à mesure de s’adapter aux rebonds occasionnels.

Une chose est sûre, la gestion Royale de la pandémie –au moyen de cette «Stratégie de l’immédiat»- a eu d’indéniables mérites. Dont le 1er est d’avoir donné la priorité à la santé du citoyen plutôt qu’à la santé de l’économie… Mais sans négliger celle-ci.
Et en cela, elle a été exemplaire.

Dossier Sahara, stratégie du long terme

En ce qui concerne le «dossier Sahara», c’est une autre stratégie que le Roi Mohammed VI a mise en oeuvre. Une stratégie du long terme et de haute voltige.

D’abord, la partie apparente de l’iceberg.

Tous ceux que ce dossier intéresse ont en effet suivi les développements qu’il a connus avec les ouvertures en chaine de consulats étrangers dans les deux grandes villes du Sahara marocain, Laâyoune et Dakhla. L’ouverture d’une représentation diplomatique dans un territoire, ambassade ou consulat, étant en soi un acte de reconnaissance de souveraineté.

Plus d’une vingtaine de pays africains, arabes et des Caraïbes, ont désormais leur consulat soit à Laâyoune, soit à Dakhla ; ou bien se préparent à avoir un. 

Et puis, il y a eu le coup d’éclat -un coup de maître !- la décision des Etats-Unis de reconnaître la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, ce 10 décembre 2020. Décision qui s’est accompagnée du rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, lesquelles avaient été suspendues en 2002.

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Que la 1ère puissance mondiale et membre permanent du Conseil de Sécurité prenne une telle décision et que le Maroc reprenne ses relations avec Israël, cela ne relève ni du coup de tête, ni du circonstanciel.

Dans un entretien qu’il a accordé à la chaîne de télévision israélienne «i24 news», le ministre des Affaires Etrangères, Nasser Bourita, a révélé que des échanges avaient lieu, à cet égard, depuis plus de deux ans et demi ! «Depuis mai 2018, de nombreux contacts ont été menés sur instructions de Sa Majesté le Roi», a déclaré le ministre. C’est dire combien de telles décisions ont été réfléchies, mûries, peaufinées.

Les avantages de ces derniers développements de la question du Sahara –qui est pour le Maroc la cause sacrée de son intégrité territoriale- ne sont ceux qu’évoquent les adversaires du Maroc. Il n’a jamais été question d’abandonner le processus onusien.

C’est bien peu intelligent de le croire.

Tout au contraire, par la voix de son Roi, directement, lors du dernier entretien que le Souverain a eu avec le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, le Maroc a réaffirmé son attachement à ce processus et au cessez-le-feu.

C’est un processus où la proposition du Maroc pour une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable, est non seulement bien accueillie, mais réaffirmée par toutes les résolutions du Conseil de Sécurité, depuis 2007.

De même que les Etats Unis, en reconnaissant la Souveraineté du Maroc sur le Sahara, n’ont aucunement exclu la poursuite du processus. Dans la proclamation du Président Trump, il est bel et bien rappelé.

Toute la finesse de cette stratégie réside dans la multiplicité de ses avantages qui sont d’ordre diplomatique et économique, certes, mais aussi géopolitiques et géostratégiques.

Sur le plan diplomatique, le Maroc marque un point non négligeable en s’assurant cet appui américain à la défense de son dossier du Sahara (même si les esprits chagrins caressent le rêve de son annulation par l’administration Biden qui entre en fonction le 20 janvier 2021). De son côté, Israël marque un point non négligeable dans sa politique de paix négociée avec chaque pays arabe. Enfin, les Etats Unis marquent un point non négligeable dans leur volonté de faire bouger les lignes dans le dossier du Proche Orient (notamment, le Président Trump et son gendre et conseiller Jarred Kouchner, qui auront défendu jusqu’au bout, leur «Deal du siècle»).

Sur le plan économique, le Maroc ne sera pas le seul à tirer avantage de la situation. Ni des projets d’investissements annoncés (5 milliards de la part des Etats Unis, pour commencer). Ni des intentions de coopération d’ores et déjà mises en avant. Ce n’est pas un hasard si le prochain consulat des Etats Unis à Dakhla s’est vu ouvertement fixer des objectifs économiques.  Et Israël, dont l’économie ne refusera pas cette aubaine d’ouverture sur l’Afrique, n’est pas en reste. Les trois pays sortiront gagnants de tout investissement et toute coopération économique qui serait engagée dans cette région du Sud du Maroc, qui donne accès à l’Afrique subsaharienne, tant par voie terrestre (passage de Guergarat), que par voie maritime (côte Atlantique en général, mais aussi bientôt, tout particulièrement, le port de Dakhla dont le Roi Mohammed VI veut faire une quasi-réplique du port Tanger-Med, au succès largement confirmé).

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Mieux, ce sont tous les pays africains qui le souhaiteront qui pourront participer à cette coopération win-win. Pour les 5 milliards de dollars d’investissements annoncés par les Etats Unis, il a déjà été précisé qu’une partie serait consacrée à l’Afrique.
Et c’est la politique du Maroc de «la coopération triangulaire win-win», initiée et développée avec la plupart de ses partenaires dans le continent, qui se voit donner un sérieux coup de fouet.

Au niveau géopolitique, idem: avantages pour tous. Le Maroc est renforcé dans sa position de porte de l’Afrique et incontournable plaque tournante de la région. En ce qui concerne Israël, tout a été dit en un seul mot, par un responsable israélien qui était l’invité d’une radio marocaine, lors de la visite de la délégation américano-israélienne au Maroc cette semaine. La question était: que gagne Israël ? La réponse a été lapidaire et limpide: «la présence !». L’invité israélien a juste ajouté qu’être présent pour les Israéliens, c’est aller et venir à visage découvert et de façon officielle, sans avoir à se cacher. Quant aux USA, pour eux, tout pied posé officiellement dans toute partie du monde, est un gain. A fortiori, dans cette région près du Sahel, au cœur de l’Afrique et sur la rive de l’Atlantique qui fait face aux Etats Unis…

Un nouvel axe voit le jour

Pour tout observateur averti, l’intérêt sécuritaire est évident… Mais pas seulement pour les Etats Unis.

Car –et là encore, la Stratégie Royale prend toute sa valeur- les enjeux de paix sont immenses.

D’abord, la paix au Maghreb. Le régime algérien qui n’a de cesse de gonfler les pectoraux avec sa puissance militaire, n’aura pas à s’en servir. Personne ne veut d’une guerre entre le Maroc et l’Algérie. Ni de guerre dans cette région qui s’ajouterait aux désordres sahélo-sahariens actuels.

Et, avec la présence des Etats Unis sur place, il n’y aura pas non plus de guerre par procuration, comme celles qu’on voit en Libye ou en Syrie, où de plus ou moins grandes puissances s’affrontent sur des terres qui ne sont pas les leurs.

Enfin, dernier avantage géostratégique. Si l’Iran a étendu son croissant chiite dans le Golfe, de l’Irak au Liban, les Etats Unis, accompagnés d’Israël ; et les monarchies du Golfe (qui auront bientôt toutes leur consulat à Dakhla ou à Laayoune) ont désormais leur axe anti-chiite qui s’étend jusqu’au Maroc et, à travers le Maroc et son Sahara, jusqu’en Afrique !

Rien, cependant, ne s’est fait ni ne se fera au détriment des engagements du Maroc dans la question palestinienne.

Le Roi Mohammed VI assume avec courage et clarté ses positions.

Ce sont celles de tous les pays arabes, en principe. Il s’agit, bien sûr de la solution des deux Etas qui vivraient dans la paix et le respect l’un de l’autre: un Etat palestinien et un Etat israélien. Les extrémistes de ce bord-ci ou de ce bord-là, qui veulent jeter l’autre, soit à la mer (les radicaux palestiniens), soit en Jordanie (les Sionistes qui exigent rien moins qu’Eretz Israël), devront, tôt ou tard, revoir leurs positions. Il n’y a pas de paix sans concessions.

Bahia Amrani

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