Le secteur privé algérien est ébranlé depuis 2019 par une profonde crise qui menace son existence, met en garde une note de conjoncture publiée récemment par la Banque Mondiale sur la situation économique et financière de l’Algérie.
Le document, cité par les médias algériens, souligne la nécessité pour ce pays maghrébin d’engager des réformes structurelles pour faire face à la pandémie du COVID-19.
L’institution financière internationale fait savoir que le secteur privé en Algérie peine à rester le principal moteur de la croissance économique depuis 2019, année pendant laquelle l’Algérie a été déstabilisée par les fortes perturbations politiques nées dans le sillage de la campagne pour le 5e mandat du président déchu Abdelaziz Bouteflika.
La suite des évènements politiques qui se sont déroulés en 2019 ont affaibli le secteur privé, ajoute la même source, qui relève qu’en 2019, le secteur public a généré plus d’emplois que le privé en Algérie.
La même source note qu’en 2019, la contribution du secteur privé à la valeur ajoutée totale du secteur réel, à savoir tous les secteurs économiques sauf les secteurs financier et immobilier ainsi que les services publics, hors hydrocarbures, a atteint 64 %, mais n’a généré que 37 % des 280.000 emplois nets créés entre septembre 2018 et mai 2019.
D’après le même document, les contributions les plus notables provenaient de l’agriculture (+1,2 points de pourcentage), de la construction (+0,8 pp) ainsi que des transports et communications (+0,7 pp).
Dans ce sens, la Banque Mondiale souligne l’apport de moins en moins important du secteur privé dans la création de nouveaux emplois alors que ce secteur totalise à lui-seul plus de 7 millions de travailleurs sur l’ensemble du territoire algérien.
Le même document de la Banque Mondiale signale, par ailleurs, la baisse des prêts bancaires accordés au secteur privé. Preuve en est, “les prêts bancaires aux entreprises publiques ont augmenté de 14,4% en 2019, contre 4,2 % au secteur privé, suggérant une éviction de l’investissement privé, fait savoir la même source.
“Bien que le secteur privé représente 64 % de la valeur ajoutée totale du secteur réel, les prêts en sa faveur ne représentaient que 48 % de l’ensemble des prêts bancaires, contre 50,1 % pour ceux accordés aux entreprises publiques”, détaille note de l’institution financière internationale.
La même source met en garde dans ce sens contre les dangers auxquels sont exposés les banques publiques en Algérie.
“Les tests de résistance réalisés en 2019 suggèrent que même si les risques de marché restent maîtrisés, les six banques publiques, qui représentent 85 % du crédit à l’économie, sont considérablement exposées à des risques d’impayés”, estime la note.
En 2020, l’économie algérienne est toujours dépendante à hauteur de 98 % des recettes en hydrocarbures qui, au fil des années, se sont amenuisées comme une peau de chagrin non seulement à cause de la chute des cours mondiaux du pétrole, mais surtout de la politique dépensière à outrance pour acheter la paix sociale.
LR/MAP