Depuis près d’un an, les relations diplomatiques entre le Maroc et la France passent par une période de «refroidissement» due à l’attitude de certaines autorités françaises. Ceci n’est pas sans marquer les intérêts notamment de la France, jusque-là partenaire privilégié du Maroc.
Le Maroc, de par sa situation géographique, est de plus en plus considéré aujourd’hui comme un hub africain avec tout ce que cela implique comme développement des relations triangulaires, dont l’importance et les retombées dépassent bien le cadre régional pour se ressentir à l’échelle continentale. Le Maroc n’y voit que des relations win-win et pourtant…
Ce qui fait tache d’huile
Ce quasi gel diplomatique est quand même né d’agissements irresponsables des autorités françaises très peu soucieuses de la souveraineté des institutions marocaines. Du plus grave au plus incompréhensible, on revient ici à un certain 20 février de l’an dernier, quand sept policiers français étaient venus remettre à la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris une convocation adressée par la juge d’instruction à Abdellatif El Hammouchi, directeur de la DGST. Hammouchi n’était pas sur place et la convocation n’a pas été réceptionnée, mais déjà le fait de l’avoir envoyée était un mal en soi… Surtout que Hammouchi devrait répondre à des accusations de «tortionnaire» lancées par un pseudo champion franco-marocain…
Ce même «tortionnaire» qui recevra une distinction de la part de l’Espagne en reconnaissance de la collaboration sécuritaire entre le Royaume et son voisin du nord! Ajouté à cela le comportement indigne des autorités de l’aéroport de Paris à l’égard du ministre marocain des Affaires étrangères, mais surtout cette volonté politique affichée par la France de ne pas faire obstacle aux manipulations anti-marocaines émanant de milieux connus pour leur hostilité au Maroc. «C’est cette absence d’engagement et de détermination, cette frilosité, cette sorte de porosité constatée au cœur même du pouvoir vis-à-vis des pressions de certains lobbies qui portent atteinte à la sérénité de notre relation», déclarera Salaheddine Mezouar à cet effet.
Des relations jusque-là exemplaires
Porter ainsi atteinte à des relations qui ont de tout temps été exemplaires, c’est nuire à la richesse et à l’étendue d’un partenariat bilatéral tout aussi exemplaire, marqué par une convergence de vues des deux pays sur toutes les questions d’ordre régional et international.
Sur le plan régional, les relations bilatérales entre le Maroc et la France ont pris un élan qui rejaillirait positivement sur l’ensemble des relations euro-méditerranéennes, eu égard à l’ambition partagée des deux pays en faveur d’un partenariat rénové entre les deux rives de la Méditerranée basé sur la démocratie, la prospérité partagée et la solidarité. A cet égard, le Maroc a souscrit à la vision de la France visant à promouvoir une Méditerranée des projets, en tant que démarche pragmatique. Dans le cadre de Maroc-France-Méditerranée, des projets arrêtés dans le cadre de l’UPM (Union pour la Méditerranée), à l’instar de l’Université euro-méditerranéenne de Fès, ont effectivement été lancés. Dans une autre dimension, celle de Maroc-France-Europe, le Maroc compte sur la France pour continuer d’œuvrer en faveur de son Statut avancé auprès de l’UE à travers la mobilisation des mécanismes et outils communautaires pour servir cette ambition ; et la France œuvre à garder sa première place dans ses relations commerciales avec le Maroc.
Maroc-France-Afrique
En Afrique, le Maroc et la France affichent une ambition commune en faveur du développement du continent africain et de la projection du continent vers un avenir serein et prospère. Ils ont convenu de la nécessité pour l’Afrique d’assurer les conditions de paix, de sécurité et de stabilité. Les deux pays manifestent conjointement leur préoccupation concernant la montée de l’insécurité et de l’instabilité dans la région du Sahel.
Maroc-France-Proche-Orient
Pour ce qui est du Proche-Orient, le Maroc et la France sont engagés à œuvrer en faveur d’un règlement juste et définitif du conflit qui ronge la région. Ils ont ainsi et à chaque occasion réaffirmé leur détermination pour que le peuple palestinien recouvre tous ses droits légitimes, notamment celui d’instaurer un Etat démocratique, souverain et viable vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël.
Pour ce qui est de la Syrie, le Maroc a bien affiché sa volonté de travailler de concert avec la France au sein du Conseil de sécurité, pour mettre en place des initiatives viables en vue d’arrêter l’escalade infernale de la violence, de préserver la stabilité, l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la Syrie et de répondre aux attentes légitimes du peuple syrien qui aspire à vivre dans la liberté, la démocratie et la dignité. Le Maroc et la France ont également convenu d’intensifier leur action commune au niveau du Conseil de sécurité pour apporter des réponses à la crise humanitaire que connaît la Syrie.
En définitive, ces différents maillons de la chaîne des relations entre le Maroc et la France traduisent le sérieux d’un partenariat d’exception qui lie les deux pays dans le cadre d’un engagement constamment renouvelé de toutes les forces vives du Maroc et de la France pour enrichir et étoffer en permanence cette coopération. Tout cela ne fait évidemment du malentendu actuel qu’un simple nuage d’été. Bien que la fermeté des discours ne laisse pas présager une prochaine réconciliation…
Hamid Dades
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Actions communes pour le meilleur et pour l’Afrique
Le Maroc et la France ont mené bien des actions communes en faveur de la prospérité, de la paix et de la sécurité dans le continent africain.
Aussi bien en matière d’entreprise que d’agriculture, d’énergie ou encore de paix, les deux partenaires –quand ils travaillent ensemble- œuvrent pour que le développement en Afrique soit une réalité et un fait profitable aux différents pays encore dans le besoin.
Deux opérations marquantes resteront cependant à retenir, vu leur portée et leur intérêt pour le bien-être, le développement, l’émancipation et la paix dans certains pays d’Afrique.
Pour la paix au Mali
Le Maroc a été présent aux côtés du Mali dès les premières heures de la crise qu’avait connue le pays. Il a même été le premier pays dont le Mali avait reçu une aide humanitaire. Soucieux de la paix et de la sécurité dans cette partie du continent et voulant faire face à la menace terroriste qui pèse sur l’ensemble de la région, le Maroc a sans réserve approuvé l’intervention française dans ce pays. La participation du Maroc à l’opération Serval était ainsi une réponse à l’appel d’urgence des autorités de Bamako. C’est aussi pour faire face à la poussée de groupes terroristes armés qui voulaient contrôler le pays tout entier et soumettre ses populations que s’est déclenchée l’intervention rapide et efficace des forces françaises, accompagnées des forces maliennes et africaines. Cette position ferme a permis de stopper la conquête jihadiste du sud-Mali, puis de commencer à libérer le nord.
Au-delà du Mali, le Maroc et la France s’alliaient ainsi pour faire face à un danger qui s’étend à tous les pays de la région, ébranle leur stabilité et met à mal leur unité.
L’agriculture, source d’entente
Sécurité alimentaire, agro-écologie, développement des territoires ruraux ou encore recherche et développement et formation dans les domaines agricole, agroalimentaire et vétérinaire sont autant de branches dans lesquelles la coopération maroco-française, orientée Afrique, s’active.
Le Maroc et la France développent ainsi leur partenariat pour anticiper ce qui va se passer et pour être présents, en termes d’économie et d’agriculture, en particulier dans les grands pays qui sont en développement en Afrique du Nord, subsaharienne et de l’Ouest. En la matière, le continent africain pose en fait un double défi. D’abord, il recèle des potentialités en termes de production et de débouchés qui offrent des opportunités pour des actions communes entre les opérateurs des deux pays. Mais surtout, l’Afrique pose aussi le grand défi de la sécurité alimentaire qu’il va falloir relever. Et pour cela, la France est de plus en plus consciente que son action et ses initiatives sur le continent seront davantage efficaces et fortes si elles s’appuient sur le Maroc qui a déjà une présence importante en Afrique.
Pour rendre ce partenariat opérationnel, les deux pays encouragent le dialogue entre les opérateurs et les professionnels du secteur agricole, plus particulièrement dans les filières des céréales, des viandes bovines et des fruits et légumes. La France est aujourd’hui un partenaire de premier choix pour l’agriculture marocaine. Le comité mixte agricole des deux pays en est la meilleure illustration, vu qu’il a pour mission de dynamiser la coopération institutionnelle et la coopération entre les professionnels des deux pays en les encourageant à échanger et à se concerter sur les questions d’intérêt commun.
HD