Le mariage des filles mineures étant en nette progression, l’ADFM) a appelé le gouvernement à activer la mise en œuvre du Plan gouvernemental de l’égalité 2012-2016 qui tarde à voir le jour.
Le comité de suivi du «Plan gouvernemental de l’égalité» a organisé, le 14 janvier 2015 à Rabat, un séminaire sur un thème d’actualité: «Plan gouvernemental de l’égalité 2012-2016, où en sommes-nous dans la mise en œuvre?».
Ont pris part à ce grand rendez-vous Samira Bikarden, présidente du Bureau de Rabat de l’ADFM (Association Démocratique des Femmes du Maroc), Hajbouha Zoubeïr, membre du CESE (Conseil économique, social et environnemental) et rapporteur de l’étude du Conseil sur l’égalité hommes-femmes sur le plan économique, Mostafa Essaâdi (chercheur en sciences politiques) et Saïdi Drissi de l’ADFM.
Après avoir rappelé que l’ADFM a procédé à l’examen de l’état des lieux concernant les politiques et les programmes du gouvernement et mis en circuit un guide dans ce sens, Samira Bikarden a rappelé que le Plan gouvernemental de l’égalité 2012-2016 a été revisité et a posé la grande question, à savoir: qu’est-ce qui a été réalisé de ce Plan dans sa première étape?
Présentant l’étude du Conseil économique, social et environnemental, Hajbouha, rapporteur de l’étude au sein du CESE, s’est demandée si le Plan gouvernemental de l’égalité a été ou non reformulé selon une approche-résultat et s’il va permettre l’effectivité de l’égalité entre les hommes et les femmes.
L’étude du CESE fait ressortir que «l’égalité favorise la croissance économique». Elle précise que le manque à gagner économique qui en découle est variable selon les pays et peut atteindre jusqu’à 27% du PIB, selon les estimations du FMI (Fonds Monétaire International). Il ressort également de l’étude du CESE -qui paraîtra bientôt- que l’activité des femmes reste concentrée et que l’on assiste au Maroc à une nette progression de la courbe des mariages des filles mineures. Ce qui confirme, a précisé Hajbouha Zoubeïr, l’éviction de la femme de la vie professionnelle active, l’abandon scolaire et en général l’éducation et la formation des femmes dans les secteurs d’activité à faible qualification, dans un nombre réduit de métiers. Le taux d’emploi féminin était de 22,70% au Maroc en 2013, contre 66,4% pour les hommes. Les femmes n’occupent que 12% des postes de direction. Le constat est lourd: «Les freins à l’emploi des femmes persiste et ce, malgré les politiques publiques… Nous avons certes des lois, mais elles restent ineffectives, outre des discriminations cachées et insuffisamment appréhendées et un taux de bancarisation des femmes qui reste inférieur à 30%».
Face à cette situation, le CESE recommande «l’intégration du principe d’égalité hommes-femmes en tant que fondement de la citoyenneté marocaine. L’activation aussi de la mise en place de l’observatoire national de l’emploi».
Parmi les recommandations spécifiques du CESE, il faut noter: «La promulgation de la loi 19-12 sur le travail domestique, la ratification de la convention N° 156 sur les travailleurs ayant une responsabilité familiale, la promotion de l’activité des femmes, la facilitation de leur accès à l’emploi et l’accès des filles à l’ensemble des filières offertes».
Intervenant à son tour, Mostafa Essaâdi a fait observer que ce séminaire, à travers le débat fructueux qui le caractérisait, allait permettre de mieux cerner le Plan gouvernemental de l’égalité hommes-femmes 2012-2016, d’enrichir les recommandations et de proposer la mouture finale. Il a rappelé que le chef de gouvernement avait dit que le rapport en question avait été déposé auprès de qui de droit, alors que Driss Dahak, secrétaire général du gouvernement, toujours selon le chercheur, avait précisé lors du débat du budget de son département à la Chambre des représentants qu’il n’avait pas encore reçu le texte de ce Plan gouvernemental de l’égalité. Il y a donc quelque chose qui cloche, a conclu l’orateur.
Dans le même esprit, Saïda Drissi de l’ADFM a fait remarquer: «Malgré des indices positifs, il reste que le gouvernement minimise les données du HCP concernant la violence contre les femmes et tarde à adopter le Plan gouvernemental de l’égalité».
Mohammed Nafaa
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Renforcer les mécanismes de gouvernance du PGE
Dans un communiqué sur l’évaluation à mi-parcours, les associations des droits humains et des droits de la femme, membres du comité de suivi du PGE (Plan gouvernemental de l’égalité), ont précisé dans une déclaration avoir suivi avec un grand intérêt l’évaluation de ce Plan 2012-2016 présentée par le ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, le 11 octobre 2014 à l’occasion de la Journée nationale de la femme marocaine. Suite à leur participation à cette rencontre, les associations signataires de cette déclaration sont arrivées aux constats suivants:
– Le gouvernement n’a pas encore saisi le rôle octroyé par l’article 13 de la Constitution à la société civile dans le processus d’élaboration, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques publiques.
– Les associations ont été privées du droit d’accès à l’information comme stipulé dans la Constitution.
Face à ces défis structurants, les associations appellent le gouvernement à renforcer les mécanismes de gouvernance du PGE et à réviser les indicateurs et les actions clés du plan en vue de les adapter avec la philosophie de la Constitution en matière d’intérêts stratégiques des femmes au niveau national, régional et local.
MN
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Conclusions du Comité de suivi
Le rapport de l’Association Démocratique des femmes du Maroc a été élaboré avec l’appui de l’UE et de l’ONU-Femmes. Son contenu relève de la seule responsabilité de l’Association et des associations composant le «Comité de suivi du PGE» et ne peut, précise l’ADFM, «être considéré comme reflétant le point de vue de l’UE et de l’ONU-Femmes». Ce rapport est la première étape dans le processus de suivi du Plan gouvernemental de l’égalité (PGE). Il fait état des constats et observations du comité de suivi du PGE sur son état d’avancement.
Le premier axe de ce rapport présente l’approche entamée par le comité de suivi, en l’occurrence le partage d’une vision concertée entre les associations membres à travers le développement d’une expertise en matière d’élaboration, de suivi et d’évaluation des politiques publiques.
En outre, le rapport fournit des recommandations pour une mise en œuvre globale et concertée du PGE et sur le rôle du gouvernement en matière de réalisation de l’égalité effective entre les hommes et les femmes au Maroc.
Le comité de suivi du PGE relève certaines difficultés rencontrées dans la préparation de ce rapport, dont l’impossibilité d’accès à l’information auprès des départements concernés par la mise en œuvre de ce Plan.
MN