Bouaazizi Et ses pâles copies

Mohamed Bouaazizi est mort. Dieu ait son âme.

Ce jeune Tunisien qui s’était immolé par le feu, à la mi-décembre, à Sidi Bouzid (centre de la Tunisie), déclenchant les manifestations populaires qui ont conduit à la chute du Président Benali et, au-delà, à la vague de contestations actuelle dans le monde arabe, est devenu l’icône de la liberté.

Il mérite amplement cet hommage. Il le mérite d’autant plus qu’il n’a fait aucun calcul pour l’avoir. Il n’a rien prémédité, rien manigancé. Il n’a pas cherché de vedettariat local ou international. Il a juste agi spontanément, acculé par une situation désespérée.

Son histoire est simple. C’est un diplômé chômeur qui en a été réduit à se transformer en marchand des quatre saisons et qui, même ainsi, n’a pas trouvé grâce aux yeux des autorités de son patelin qui lui ont confisqué sa marchandise. Il a cherché à récupérer ce petit «fond de commerce» qui lui permettait d’assurer un bout de pain à sa modeste famille. Il a buté sur un mur de tyrannie administrative. Excédé, il s’est aspergé d’essence et a craqué l’allumette…

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Aussi impressionnant que soit son geste, il ne se voulait pas spectaculaire. Mohamed Bouaazizi a simplement agi par désespoir. Et c’est ce qui a bouleversé ses concitoyens qui ont rapporté cette désespérance à eux-mêmes et ont aussitôt manifesté, en solidarité avec lui.

Depuis le décès de Bouazizi –et surtout depuis les effets qu’il a eus, à l’échelle internationale, nombreux sont ceux qui, dans le monde arabe, se sont mis à rêver de devenir des Bouazizi… Nombreux sont ceux qui se sont mis à rêver d’être cette étincelle par qui leur pays s’embraserait.

Certains se sont même empressés de copier son geste, s’immolant par le feu, ou tentant de le faire avant de se voir sauver par des bénévoles. On a vu cela au Maroc, en Algérie, en Mauritanie, etc.

D’autres, aujourd’hui encore, tentent de devenir des Bouazizi, à leur manière. Sans s’immoler par le feu, ils cherchent comment être l’étincelle par qui déclencherait le brasier. Ils se disent qu’avec les événements de Tunisie et d’Egypte, la situation dans leur pays et dans le monde arabe (voire, au-delà) est explosive et qu’ils se verraient bien incarner le rôle du «craqueur» d’allumette.

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Le fait est qu’il y a une différence de taille entre Bouaazizi et les candidats à son statut. Lui, n’a pas cherché à être un héros. Il l’est devenu. Eux, courent après leur heure de gloire et Dieu sait ce qu’ils seraient prêts à faire pour l’avoir.

La révolte spontanée de l’homme de la rue, pour retrouver sa dignité, est une chose. Celle provoquée par des manipulateurs, pour de sombres desseins, en est une autre.

Et au Maroc, les manipulateurs fusent de partout.

Tous ceux qui s’élèvent contre le chaos dans le royaume, aujourd’hui, ne sont pas de stupides contre-révolutionnaires. Ils se disent juste que le pays n’a pas besoin d’être mis à feu et à sang pour réaliser ses réformes, quoiqu’en pensent ces conseilleurs qui ne seront pas les payeurs.{socialbuttons}

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