Nombreux sont les faits et les décisions au Maroc qui demeurent encore de simples «promesses» sans suite. En apparence, tout est là, mais en réalité… ça traîne toujours!
C’est le cas de l’accès à l’information qui, malgré tout ce qu’on peut dire autour, reste encore une simple utopie, très ressentie d’ailleurs dans le cadre de l’exercice du métier de journaliste.
Les professionnels n’ont toujours pas accès à l’information qu’il faut et quand il faut. Beaucoup ignorent même les voies d’accès à certains «canaux» par lesquels passent certains privilégiés pour certains cas bien précis.
Des gens qui sont censés apporter ou plutôt «rapporter» l’info n’en disposent pas et pourtant, depuis juillet 2011, la question est devenue importante puisque consacrée par le dahir chérifien n.1.11.91 du 29 juillet 2011 portant promulgation du texte de la Constitution, pour ainsi devenir un droit «constitutionnellement » reconnu à qui de droit. Le droit d’accès à l’information constitue désormais l’un des droits et libertés fondamentaux énoncés par l’Article 27.
Un engagement clair…
La consécration de ce droit confirme certes l’engagement permanent du Maroc en faveur des droits de l’homme comme ils sont reconnus internationalement, ainsi que son engagement à respecter les dispositions de l’Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’Article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et l’Article 10 de la Convention des Nations Unies contre la corruption qui a obligé les administrations publiques à faciliter aux citoyens l’accès aux informations, en veillant à instaurer toutes les mesures qui leur permettent l’exercice de ce droit et ce, en vue de renforcer la transparence et enraciner la culture de la bonne gouvernance .
Vu l’extrême importance du droit d’accès à l’information dans le processus d’approfondissement de la démocratie en tant que valeur, principe et pratique, ce droit d’accès vient en tant que traduction effective et concrète des dispositions de la Constitution et de ses implications juridiques et institutionnelles. Il représente une expression claire d’une réelle volonté politique qui répond aux besoins exprimés par l’évolution quantitative et qualitative de l’administration et de la société. D’autre part, cette loi contribuera de manière significative à la consolidation de l’état de droit, au renforcement de l’arsenal législatif et au soutien aux autres bases juridiques que le Maroc vient d’instaurer dans ce parcours via la publication de la loi relative à l’obligation de la motivation des décisions administratives émanant des administrations publiques, des collectivités locales et des établissements publics et via la publication de la loi sur la protection des personnes physiques à l’égard des données de nature personnelle, en plus de la création de l’Institution chargée des Archives du Maroc et de l’Institution du Médiateur, ainsi que le Conseil national des droits de l’homme et l’Instance centrale de prévention de la corruption.
… Mais concrètement
C’est encore la galère! L’accès à l’info est toujours méconnu de certaines sources. Des responsables proches de certains dossiers d’importance capitale, préfèrent encore le «silence» et sont inaccessibles sur toute la ligne. A propos de ligne, ces téléphones qu’on laisse sonner sans y répondre et sans même rappeler par correction, ne serait-ce que pour connaître l’objet des appels, sont loin de consacrer ce «droit» d’accès à l’information… Ne parlons pas des messages vocaux laissés et des SMS souvent volontairement ignorés…
Récemment, la presse parlait d’une éventuelle éclaircie dans les relations franco-marocaines tendues depuis un certains temps. On apprend l’arrivée éventuelle au Maroc du chef de la diplomatie française. Puis, dans un pas anticipateur, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération annonce un déplacement à Paris. Un déplacement qui a été reporté et pour cause… Ni le ministre, ni la ministre déléguée, ni le porte-parole du gouvernement, ni même les attachés de presse n’ont «daigné» éclairer la lanterne des demandeurs en précisant les raisons de ce report!
On apprend, par le biais d’une agence de presse étrangère, certaines informations, que des gens bien de chez-nous ont dû lui souffler, alors qu’on devrait en principe être les premiers à être informés. D’abord, dans le cadre d’un droit et puis vu la nature de notre métier et notre mission d’informer…
Ce n’est là qu’un simple exemple de plusieurs affaires et questions d’extrême importance dont le «journaliste marocain» doit exclusivement être informé et en faire l’écho qu’il faudrait, mais il est toujours le dernier à savoir, sinon celui qui n’en sait rien. Et on lui reproche, après, de ne pas informer! N’est-il pas sage de l’informer d’abord? Surtout que c’est son droit le plus absolu. Outre la Constitution, on se réfère ici à la loi 31-13 relative au Droit d’accès à l’information et qui peine encore à trouver une voie vers sa mise en œuvre.
Et pourtant…
Ce texte juridique se veut une contribution à la vulgarisation et à la consolidation des normes d’ouverture et de transparence et un renforcement de la confiance dans la relation qui relie l’administration et ses usagers. Il vient ainsi enraciner la démocratie participative et instaurer des dispositions à même de contribuer à la moralisation de la pratique administrative et garantir la crédibilité et intégrité dans la gestion des affaires publiques. En outre, ce texte aide les citoyens à mieux saisir les procédures et démarches administratives, protéger leurs droits et faire évoluer leur connaissance juridique et administrative. Qui plus est, ce texte, outre sa capacité à fournir des informations, constitue un facteur d’attraction des investissements et de dynamisation de l’économie.
Ce texte pose un cadre d’organisation du droit d’accès à l’information du point de vue de son champ d’application et les modalités d’exercice de ce droit avec un esprit de responsabilité et de citoyenneté engagée, selon une procédure claire et simple et, par ailleurs, du point de vue des mécanismes relatifs à la publication anticipée d’informations pouvant assurer sa consolidation et sa bonne application, ainsi que ses exceptions et les pénalités liés au non respect de ses dispositions.
Sur papier, tout est clair, mais dans la réalité… Quand se décidera-t-on à «nous» informer et à «nous» permettre de «jouir» pleinement de notre droit?
Hamid Dades
La constitution prévoit: |
La loi est claire |