Cette rage contre Mawazine…

Ainsi donc, une pétition circule pour l’annulation du festival Mawazine… Et des jeunes manifestent brandissant des affiches sur lesquelles on peut lire «Ach khassak al ôriane, Mawazine amoulay». Ou bien «Eh, Mawazine ! Bad artists ! Bad time !». Ou encore «Magidi, pouvoir, publicité, Mawazine».

Passons sur les erreurs et amalgames des slogans.

Nous savons tous qu’il n’est pas vrai que Mawazine présente de mauvais artistes. Bien au contraire, il est même reproché à ce festival de se procurer suffisamment de moyens pour faire venir au Maroc les plus grandes stars mondiales et présenter aux Marocains les meilleurs artistes nationaux.

 

De même, assimiler Mawazine à Mohamed Mounir Magidi est une erreur. Le secrétaire particulier du Roi s’est pleinement investi dans cette mission depuis qu’il en a la charge et, comme pour tout ce qui lui est confié dans d’autres domaines, il a tout fait pour être à la hauteur des exigences de son poste (c’est-à-dire, pour être au top), mais Mawazine avait aussi «une vie» avant Magidi. Le festival était géré, dans un premier temps, par Lahjomri, ex-Directeur du collège royal.

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Enfin, ce n’est pas «el ôriane» qui se plaint de Mawazine. Bien au contraire, les plus démunis se sont montés heureux de se voir offrir une fête de cette qualité, chaque année, à titre gracieux. Certains, parmi les citoyens les plus simples, ont payé leur enthousiasme de leur vie, lors des tragiques bousculades d’il y a deux ans…

Les détracteurs de Mawazine et les raisons de leur acharnement sont ailleurs… Tous les Marocains (et les observateurs de la vie politique marocaine) savent d’où vient cette rage contre Mawazine.

Tous, cependant, ne la partagent pas. Loin s’en faut. Même au sein des détracteurs, il y a des voix qui se sont élevées pour demander s’il était bien raisonnable de s’en prendre ainsi à un festival ?

Festival qui était déjà fortement attaqué par les islamistes, depuis deux ans, aux motifs abscons que tel artiste était homosexuel, ou que tel autre s’était produit sur scène torse nu…

Alors que toute la nation est concentrée sur des réformes capitales qui vont dans le sens de plus de justice, plus de liberté, il y en a qui, pour des raisons fallacieuses, voudraient nous imposer une vie de tristesse, sans culture, sans arts et qu’on laisserait nous ramener en arrière, en nous privant d’un acquis !?

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Une pétition contre un festival n’a l’air de rien, mais dans la symbolique, il y a quelque chose de désastreux. Ce serait accepter une limite à notre liberté que d’aucuns nous imposeraient, à la faveur du vent de contestation.

Et puis, comment faire confiance à des contestataires qui commenceraient par attenter à la diversité culturelle. Réclamer que Mawazine profite davantage aux artistes marocains et les mette mieux en valeur est légitime. Vouloir jeter le bébé avec l’eau du bain est inacceptable.

Dans la vie d’une nation, il arrive souvent que les évolutions majeures s’accompagnent de dérives plus ou moins grandes, plus ou moins graves. Nous devons être vigilants. Car -pour utiliser une formule à la mode- le diable se cache dans les détails.

Si l’on renonce aujourd’hui à un festival, demain il nous faudra accepter d’autres dictats de ceux qui sont censés lutter contre les dictats. Le stalinisme, l’Histoire connaît déjà…

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