L’économie algérienne s’enfonce dans un marasme économique sans précédent. Le régime algérien, lui, ne se préoccupe que de ses propres intérêts au lieu d’entamer des réformes structurelles.
La situation économique en Algérie ne cesse de sombrer dans le chaos alors que le mouvement populaire boucle sa deuxième année pour le départ d’un régime qui ne se préoccupe que de ses propres intérêts. Il se suffit de quelques solutions court-termistes et de décisions en trompe l’œil alors que les défis sont immenses pour sortir le pays de l’impasse.
Le léger remaniement auquel a procédé le président algérien, Abdemadjid Tebboune dimanche 21 février dernier, ne fait que témoigner de l’incertitude politique qui continue de pénaliser l’économie véritablement à bout de souffle. C’est comme si les changements au niveau des ministères de l’Industrie, du Tourisme, de l’Environnement ou encore de la Numérisation suffiront à booster une activité économique marquée par la baisse de la rente pétrolière, le creusement du déficit budgétaire, l’épuisement des réserves de change, le resserrement des liquidités et la chute du dinar. Une situation appelée à s’aggraver cette année surtout avec la persistance des difficultés du secteur des hydrocarbures. Pour rappel, les recettes liées aux hydrocarbures rapportent plus de 95 % des recettes extérieures et financent 60 % du budget.
La rente pétrolière subventionne notamment carburant, eau, santé, logements et produits de base. D’ailleurs, en dépit de la chute des recettes pétrolières, l’Etat maintient son train de vie. Selon la loi de Finances 2021, les dépenses publiques s’inscrivent en hausse de 10%. Du coup, le gouvernement algérien, qui table sur une croissance économique de 3,2% cette année, procède à un gonflement artificiel des recettes budgétaires en optant pour la dévaluation du dinar. A noter que la loi de Finances 2021 prévoit, en effet, une dépréciation progressive du dinar sur trois ans : un taux de 142 dinars pour un dollar américain en 2021, 149,71 dinars en 2022 et 156 dinars en 2023. Cette politique monétaire, décidée sans aménager les conditions de son applicabilité effective, n’est pas sans impacter le tissu productif ainsi que les ménages. En effet, comme les importateurs des matières premières, qui subissent négativement le glissement de la monnaie nationale par rapport à l’euro et au dollar. Des pertes de changes qui seront répercutées sur le client final.
Déjà l’inflation touche plusieurs produits et risque de s’élargir à une grande partie des produits non subventionnés. La loi de Finances 2021 s’attend à un taux d’inflation de 4,5 % qui passerait à 5 % en 2022-2023. Un niveau jugé élevé, surtout que l’Etat algérien n’a rien prévu pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages enfonçant ainsi le pays dans la pauvreté. En outre, le contexte économique difficile conjugué au manque d’opportunités d’emploi accentué par la crise sanitaire ne fera qu’alimenter le mécontentement populaire. D’ailleurs, il y a quelques jours, la Compagnie française d’assurances pour le commerce extérieur (Coface) a classé l’Algérie dans la catégorie D, qui concerne «les pays à risque très élevé», en jugeant «incertaines» ses perspectives économiques et financières. D’autres institutions internationales, notamment le FMI et la Banque Mondiale, ne cessent d’alerter sur les faiblesses de l’économie algériennes aussi. En revanche, les autorités refusent d’entamer des réformes structurelles et ignorent les lourdes conséquences sociales à la clef. C’est dire à quel point l’économie est le parent pauvre des priorités du régime !
Nadia Benyouref