Ce que veut ma belle-mère fantôme…

Taha, 21 ans, qui s’est mis à son compte dans le secteur de la boucherie de volaille, est marié et père de 3 enfants. Ce jeune homme souffre d’intrigues malveillantes émanant de sa belle-mère. Voici ce qu’il raconte.

«Généralement, le fait de dire à mes clients que je travaille pour nourrir ma famille, les attendrit, au point de se confondre en prières à mon endroit. Ils s’emballent tout le temps en m’assurant que mon dévouement m’assurera certainement une éternelle protection divine. Parfois leurs langues se délient pour raconter ce qu’ils endurent de mauvais comportements ou d’indifférence de leurs enfants. Mais c’est marrant de les voir rapidement être scotchés de stupeur n’osant pas tenter d’en savoir plus, lorsque je rectifie en affirmant que je suis père de trois enfants. D’ailleurs, je ne leur en tiens pas rigueur parce que ma foi, c’est assez compréhensible. Vu mon allure d’ado, on ne peut guère le concevoir.

Pourtant, je suis bel et bien engagé dans une union légale avec une jeune fille de mon âge. La même que je n’avais pas hésité à épouser après qu’elle se soit retrouvée enceinte de notre première fille. J’ai eu beaucoup de chance à 18 ans d’avoir pour interlocuteur sa grand-mère, mais vous comprendrez par la suite. Elle m’avait accordé sa bénédiction sans trop de difficultés. Et puis, il faut bien dire qu’au départ, j’avais sciemment évité que ma famille se mêle de ma décision. Sinon, ma femme et moi n’en serions pas sortis vivants. Le courant était très vite passé avec cette bienveillante femme qui s’était toujours occupée de ma moitié et ce, depuis sa naissance. Malgré son âge avancé,  elle avait été très compréhensive, vraiment très conciliante n’ayant pas peur des préjugés de son entourage. Entre elle et moi une très belle complicité s’était très vite tissée. D’ailleurs, je lui serais toujours redevable de m’avoir avancé de quoi ouvrir au marché mon propre business. Depuis, je lui ai tout remboursé et je m’occupe convenablement de ma famille.

J’ai même tenu à mon serment solennel que jamais ma femme n’aurait à se soucier de devoir m’aider pour nous en sortir. J’ai réussi à lui offrir un toit, une location vétuste certes, mais que j’ai retapée de fond en comble. C’est là que nous avons eu nos deux jumeaux. On peut s’avancer à dire que c’est un peu trop tôt pour un si jeune couple. Malgré cela, il ne faut pas oublier que nous avions déjà une expérience qui nous rendait très heureux. Aussi, pour ma part, ce don divin me rapportait un immense avantage. En fait, je n’avais plus de souci pour occuper ma femme pendant mon absence. Notre vie était parfaitement tranquille jusqu’à ce que ma vraie belle-mère arrive pour y semer la zizanie.

Mon fils m’a battu!

Je savais qu’elle existait, mais je ne l’avais encore jamais vue. Avec mon épouse nous avions quelques bribes d’infos sur elle. Comme par exemple qu’elle s’était mariée trois fois et qu’elle avait trois enfants tous de pères différents. Seulement voilà, très récemment et comme par hasard, nous avions su qu’elle était de retour dans la capitale. Elle y avait aménagé et de suite, elle avait transmis son désir de rencontrer sa fille. Cette requête de la part d’une mère qui n’avait même pas été foutue d’assister à notre mariage, me laissait perplexe et songeur. Qu’importe, il s’agissait d’une première fois et nous y sommes allés tous ensemble. Pour faire court, je crois que j’ai eu droit au plus détestable des rendez-vous de toute mon existence.

Tout d’abord, nous avions été reçus comme si nous n’avions jamais été attendus. Ma belle-mère immédiatement après les salutations m’avait demandé d’aller faire les courses pour le déjeuner. Aussi et à plusieurs reprises, elle m’avait ordonné de faire le service, de débarrasser la table –déjeuner et goûter compris- de m’occuper de réparer la poussette d’un de ses gosses, de changer le robinet de la cuisine qui fuyait… Bref, sans me ménager, elle me faisait comprendre sa notion à elle de la fonction d’un beau fils aussi jeune. Ce qui m’inquiétait le plus c’est qu’à aucun moment je ne l’avais vue avoir un geste de tendresse vis-à-vis de ses petits-enfants. Il n’y en avait que pour les siens de mioches que je trouvais honteusement négligés et puants.

Marche pour les droits des enfants!

J’avais réussi à me contenir pour faire bonne figure, mais je n’étais pas à une contrariété près. Après cette matinée, ma décision de ne plus jamais remettre les pieds chez ma belle-mère était prise. Par contre, à ma grande stupeur mon épouse n’était pas du même avis. Pour une fois, je félicitais les «berguaguas» de m’avoir fait savoir qu’à plusieurs reprises elle s’était rendue chez elle en laissant nos enfants chez sa grand-mère. Incroyable mais vrai! Dès que je sortais, elle aussi m’emboitait le pas pour aller retrouver sa mère. Cette mauvaise génitrice, manipulatrice comme pas possible, s’était mis en tête de faire voler en éclat notre couple. Ses desseins n’étaient pas de renouer ses liens avec sa fille pour rattraper le temps perdu. Non, ce qu’elle tentait, c’était de récupérer sa fille afin que cette dernière s’occupe de ses enfants. En gros, elle s’en taponnait de nous tous, pourvu qu’une nounou gratis lui permette d’aller travailler. 

Tenter de ramener à la raison ma femme fut un combat que je ne souhaite à personne. La stabilité psychologique de ma moitié fut gravement atteinte. Même qu’il avait fallu consulter un psychiatre, la priver de son portable et la placer sous la surveillance de sa grand-mère. La succube suceuse de sang de l’autre côté ne semble pas du tout fatiguée de revenir à la charge pour clore sa mission. Maintenant que sa fille est à deux doigts de perdre la boule, elle a fixé son viseur sur moi. La voilà qui vient deux fois par semaine sur mon lieu de travail pour réclamer de l’argent, comme si c’était un dû. Je l’aide comme je peux malgré cette crise et sachant tous les frais médicaux et autres que je débourse par sa faute. Je le fais parce que je tiens à ma femme et que j’adore mes enfants… Par contre, je ne pressens rien de bon. Cette histoire risque vraiment de très mal se terminer, si ce monstre ne nous fiche pas la paix !».

Mariem Bennani

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