Commençons par les faits. Dimanche 25 septembre, à Dakhla, ville phare de la région Oued ed Dahab-Lagouira (Sahara), un match de football opposait l’équipe de la ville à celle de Mohammadia (la petite cité voisine de Casablanca). Le match s’est terminé par la victoire du Chabab de Mohammadia. Les spectateurs quittaient les gradins, comme à la fin de tout match… Quand des accrochages entre supporters ont éclaté, dégénérant en échange de jets de pierres, avant de déboucher sur des affrontements d’une toute autre nature…
Le sport n’avait plus rien à voir dans l’histoire.
Ce n’était plus de rixe entre supporters de deux équipes qu’il s’agissait, mais d’affrontements intercommunautaires entre habitants de la région et ceux venus du Nord du Maroc, avec l’affaire du Sahara en filigrane.
Jusque-là, tout peut encore se comprendre. La question du Sahara ne laisse personne indifférent. Il suffit d’un rien pour qu’un échange, voire un mot ayant trait à ce dossier, mettre le feu aux poudres.
S’il n’était question que de joutes verbales, ou même de bagarres à coups de pierres ou à coups de poings, on parlerait encore de situation normale… Condamnable, mais normale.
Or, ce qu’on voit à Dakhla (ce n’est pas la première fois) n’est pas normal !
Il n’est absolument pas normal que dès qu’une échauffourée éclate, des milices, surgies d’on ne sait où, se jettent sur les bombonnes de gaz pour les faire exploser un peu partout dans la ville, se ruent sur les banques et les commerces pour en saccager les devantures et y mettre le feu, s’attaquent à toutes les voitures qu’elles trouvent sur leur passage les transformant en torches géantes et, pour finir, enfilent une cagoule et se lancent, à bord de véhicules tout terrain puissants, dans l’assassinat (on ne peut pas appeler cela autrement) de passants qui, avant de comprendre ce qu’il leur arrive, se retrouvent percutés à 200 Km/heure, avant de retomber sur le sol, corps sans vie !!!
On avait déjà vu cela en février dernier (2011), à l’occasion de la 5ème édition du festival «mer et désert». On le revoit cette fois-ci, avec des conséquences plus graves. Ce sont 7 personnes qui y ont perdu la vie (dont deux agents de l’ordre) ! Sans oublier la vingtaine de blessés…
Cela est-il normal ?
Au lendemain du match (lundi 26 septembre) -alors que les actes de vandalisme prenaient à peine fin- le ministre de l’Intérieur Taïeb Cherkaoui s’est rendu à Dakhla et ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire. Ne voulant pas jeter de l’huile sur le feu, il a demandé aux notables sahraouis de Dakhla de contribuer à rapprocher les communautés, pour qu’habitants du Sahara et ceux du Nord du Maroc n’aient plus à s’affronter ainsi.
Néanmoins, c’est sur un ton amer qu’il a livré à la presse, mercredi 28 septembre, à Rabat, le bilan des affrontements.
Ceux, parmi les Marocains qui, aussitôt ces émeutes connues, tournent leur regard vers le Polisario et son mentor algérien, soupçonnant une instrumentalisation des séparatistes au moment où le Maroc, couvert d’éloges pour sa gestion du printemps arabe, s’apprête à postuler pour un siège de membre non-permanent au Conseil de Sécurité… Ceux-là sont accusés de paranoïa.
Peut-être… Mais on dira ce qu’on voudra, cette violence est suspecte !