Course au vaccin Astra Zeneca | Quelles alternatives au Maroc ?

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C’est une course contre la montre qui est engagée dans les pays de l’Union européenne (UE). Les autorités politiques des États membres misent désormais sur des livraisons rapides des vaccins pour tenter de neutraliser l’arrivée d’une troisième vague.

Après avoir pointé à plusieurs reprises l’efficacité du vaccin suédois-britannique, plusieurs pays de l’UE ont fini par reprendre l’usage du sérum d’AstraZeneca. Mais le conflit entre l’Union européenne et la Grande Bretagne concernant ce vaccin est de nouveau monté d’un cran.

Très en retard dans leur campagne de vaccination, les Européens font pression sur le laboratoire AstraZeneca pour honorer ses engagements de livraison, au point de recourir aux injonctions. En effet, l’UE n’a pas hésité à menacer d’imposer des contrôles stricts sur les exportations de vaccins fabriqués sur le sol européen si l’UE ne reçoit pas les doses commandées.

L’Exécutif européen veut ainsi  élargir son pouvoir d’interdiction des vaccins produits dans l’ensemble des Etats membres. C’est ce durcissement de contrôle des exportations censées rétablir un équilibre dans la livraison des vaccins que devrait, d’ailleurs, adopter le prochain sommet des dirigeants les 25 et 26 mars.

L’entreprise britanno-suédois avait déjà annoncé à la fin de janvier 2021 ne pouvoir livrer aux Etats membres de l’UE que 31 millions de doses aux Européens d’ici fin mars, alors qu’elle devait en livrer 120 millions de vaccins au premier trimestre, en raison de difficultés manufacturières dans une usine belge.

Dans le même temps, l’agence de presse britannique a annoncé, il y a quelques jours, une perturbation dans le calendrier de livraison du vaccin du laboratoire britanico-suédois, AstraZeneca produit en Inde par l’institut indien du sérum (SII).

Ce dernier a  averti le Maroc, le Brésil et l’Arabie saoudite que les livraisons du vaccin COVID-19 d’AstraZeneca seraient retardées en raison de la forte demande intérieure et de l’augmentation de sa capacité. Une annonce qui vient après les critiques en raison de la deuxième vague qui frappe l’Inde touchant plus de 11 millions de personnes, selon Reuters.

Ces retards, rapportés pour la première fois par le quotidien Times of India, ont été divulgués quelques jours après que le Royaume Uni a déclaré qu’il devrait freiner le déploiement du vaccin COVID-19 le mois prochain, car le SII était susceptible de livrer plus de doses que prévu.

Par ailleurs, pour les livraisons promises par Covax, dispositif d’aide internationale aux pays en développement, des retards de livraisons seraient également prévus. Le mécanisme vient de commencer à distribuer des doses du vaccin AstraZeneca en Inde, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Ces livraisons devraient s’étaler de mars 2021 à décembre 2022.  A noter que quelque 237 millions de doses supplémentaires devrait être distribuées à plus de 130 pays d’ici la fin de mars. La priorité serait donnée en premier aux pays les plus en difficulté et qui n’on t pas encore entamé leur campagne.

Ainsi donc, cette forte demande sur les vaccins contre le Covid-19 risque de perturber les chaînes d’approvisionnement. Puisque les laboratoires ne livreront pas autant de doses que prévu dans les prochaines semaines.

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Sur le plan national, ces retards auront certainement des conséquences sur le rythme de vaccination de plusieurs pays du monde, selon des médecins spécialistes joints par nos soins. Le Maroc ne déroge par à la règle.

«Le Maroc essaie de se battre sur tous les plans pour poursuivre sa campagne dans des conditions normales. Mais ces retards vont certainement impacter notre campagne», estime Abdallah Baddou, Professeur chercheur en immunologie à la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca. D’ailleurs, ajoute-t-il, «on voit déjà qu’il n’y a presque plus de première dose à donner. Surtout en ce qui concerne le vaccin d’AstraZeneca, qui est le seul pour le moment pour lequel il y a énormément de pression internationale».

Quelles solutions le gouvernement marocain peut-il prévoir pour faire face à cette éventuelle rupture dans les semaines à venir ? «C’est une course de vitesse», souligne une source au ministère de la Santé. Le Maroc savait depuis plus de deux semaines, que les livraisons du vaccin AstraZeneca produit par l’institut indien du sérum, seraient retardées, soutient notre source, qui a requis l’anonymat. C’est pourquoi, poursuit celle-ci, il a cherché à trouver d’autres alternatives. Le premier contrat de 1 million de doses de Sputnik V qui a été signé s’inscrit dans cette stratégie, ajoute notre source, qui ne donne pas de détails sur «les solutions prévues».

L’avis des experts…

Alors que les livraisons de vaccins se font rares, depuis quelques semaines, la question de n’administrer qu’une dose aux personnes ayant déjà été infectées par le virus de la Covid suscite la polémique au sein des scientifiques.

«Des études ont recommandé qu’une seule dose d’AstraZeneca serait suffisante pour protéger de la pandémie d’à peu près 62%», précise Abdallah Baddou, également SG de la société marocaine d’immunologie. Il ajoutera: «Les anciens malades ayant déjà contracté la maladie développent des anticorps et peuvent ainsi être vaccinés trois mois après leur contamination». 

Mais le chercheur en immunologie ne pense pas que «il serait préférable d’opter pour un espacement de trois mois entre deux injections. Car, dit-il, il y a un risque. «Cela poserait un problème de contrôle. D’autant qu’on ne sait pas exactement quand on recevra les doses», précise Pr Abdallah Baddou, pour qui il est important de traiter les gens de la même façon.

«L’homogénéité est importante scientifiquement. Et il est préférable de garder le même protocole vaccinal (3 semaines pour le Sinopharm et 4 pour l’AstraZeneca). Surtout qu’on va par la suite étudier l’efficacité du vaccin, selon ce même protocole homogène», explique notre chercheur.

Autre son de cloche. D’autres médecins spécialistes ont appelé à ne vacciner que d’une seule dose les personnes qui ont déjà été contaminées par Covid-19. Pour eux, il est mieux de laisser un espacement de trois mois entre deux injections du sérum AstraZeneca, au lieu de 4 semaines.  

Dans une analyse consacrée justement  aux « contraintes d’approvisionnement en vaccins: les défis et les solutions alternatives », le médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, Dr Tayeb Hamdi appuie cette procédure à ne vacciner que d’une seule injection les anciens patients Covid, 3 à 6 mois après la survenue de la maladie. « Car cette première dose jouerait un rôle de rappel et permettrait de booster une immunité déjà enclenchée par l’infection, ce qui permet de vacciner d’autres personnes prioritaires », a-t-il expliqué.

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Selon ce même spécialiste, cette procédure aiderait à injecter et protéger plus de populations dans des périodes plus courtes, tout en gagnant des doses qui serviraient à vacciner plus largement, a poursuivi Dr Hamdi, ajoutant que face aux contraintes d’approvisionnement en vaccins, tous les pays sont amenés à chercher des solutions alternatives pour déjouer les risques liés à la pandémie, en attendant des immunités collectives.

Le Maroc pourrait-il opter pour un espacement de trois mois entre les deux doses anti Covid ? Pour l’heure, on l’ignore encore. Dans un contexte marqué par une pression internationale sur le laboratoire d’AstraZeneca pour des livraisons rapides des vaccins contre la Covid, le ministère de la Santé brille par son silence.

Alors que l’approvisionnement des doses se fait attendre, le département de Khaled Ait Taleb compte sur les membres du comité scientifique pour préparer l’opinion publique à un éventuel espacement de 3 mois des deux doses d’AstraZeneca, lancent des Casablancais, qui ne décolèrent pas. «Plusieurs pays vont avoir des problèmes avec les livraisons de vaccins. Certainement, le Maroc ne fera pas l’exception. Or, aucune explication sur les conséquences d’une éventuelle rupture de vaccins sur notre campagne de vaccination n’est donnée par le ministre», s’interrogent des Casablancais.

N.Cherii

Deux millions de doses du vaccin Sinopharm prévues, d’ici une semaine

Le Maroc attend dans les jours qui viennent de nouveaux lots de vaccin de quatre fournisseurs différents. Selon une source proche du dossier, des doses supplémentaires du vaccin développé par le laboratoire chinois Sinopharm devraient être livrées  au Maroc le 30 mars 2021. Cette nouvelle livraison devrait porter sur un total de 2 millions de doses du sérum chinois. En plus d’un million et demi d’AstraZeneca fabriqué en Corée du Sud et qui sera livré dans le cadre de l’initiative COVAX, plus un million de doses Sputnik V russe. De quoi permettre au Maroc de garder son rythme de vaccination dans les semaines à venir. Le royaume, qui a reçu jusqu’à présent8,5 millions de doses de vaccin (1,5 millions de Sinopharm et 7 millions d’AstraZeneca) totalise quelque 4.264.168 bénéficiaires de la première dose du vaccin, tandis que 2.423.380 personnes ont reçu une seconde injection (bilan au samedi 20 mars 2021).Ce nouvel arrivage de doses du vaccin chinois porterait ainsi le total des doses reçues  à ce jour à 10,5 millions, dont 3,5 millions de Sinopharm. Rappelons que le 6 mars dernier, le Maroc a reçu une livraison de 500.000 doses du vaccin Sinopharm en provenance de Pékin.

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