Depuis le début de la pandémie Covid-19 au Maroc, l’attention s’est portée essentiellement sur les adultes et leur mal-être. Pourtant, les jeunes adolescents ont eux aussi été impactés par cette crise inédite.
Contrairement aux enfants, les adolescents passent normalement beaucoup plus de temps avec d’autres jeunes de leur âge qu’avec leur famille. Cette réorientation vers les pairs, est essentielle dans leur développement psychologique. De même, elle leur permet de construire leur propre personnalité.
Parents-enfants, le grand malaise!
Peu d’études ont été mises en œuvre afin de mesurer l’impact du confinement sur les jeunes. Pourtant, les retombées de la pandémie et des mesures restrictives prises par les autorités pour l’endiguer sont bien présentes, beaucoup plus qu’on ne le croit. C’est ce qu’explique au Reporter, le Professeur Mouhssine Benzakour. Spécialiste en psychosociologie, Benzakour est catégorique pour dire que le confinement a profondément marqué les jeunes ados. «Chez les adolescents, l’expérience du confinement a été très mal vécue, du fait que les familles étaient toutes réunies à la maison. Cette situation inhabituelle, a mis mal à l’aise un grand nombre de jeunes, donnant lieu parfois à ce que je qualifie d’impulsivités verbales et parfois-même physiques». Et Benzakour d’expliquer: «Habitués à une certaine liberté, beaucoup d’adolescents se sont retrouvés du jour au lendemain, coincés malgré eux entre quatre murs en compagnie de leurs parents». Selon le spécialiste en sociologie «cette situation inhabituelle surtout pour les jeunes qui ne s’entendaient pas avec leurs parents, a été source de conflits». Et notre interlocuteur d’appeler à une prise de conscience collective quant à l’urgence de rebâtir les liens parents-enfants. «Les parents doivent se rapprocher de leurs enfants et établir avec eux, des relations de confiance et de complicité. En se sentant valorisés et respectés, ces derniers auront tendance à reproduite le même comportement positif vis-à-vis du reste de la famille et même avec d’autres adultes et adolescents», conclut Mouhssine Benzakour.
Détresse et idées suicidaires
L’ONG «Sourire de Reda», a mené une enquête auprès d’un échantillon d’adolescents marocains âgés de 13 à 15 ans. Les résultats de cette étude, rendus publics en février 2021, donnent froid dans le dos. Il en ressort ainsi que 14 % des adolescents ont songé, au moins une fois durant le confinement sanitaire, à mettre fin à leurs jours. En outre, la hotline «Stop au silence» mise en place par ladite ONG pour apporter un soutien psychologique aux jeunes en souffrance, a connu une hausse du nombre d’appels entre mars et juin 2020. La preuve, selon la même source, que la crise sanitaire et le confinement qui s’en est suivi, a eu des conséquences graves sur le moral des jeunes. Dans son rapport, «Sourire de Reda», impute cette situation à l’arrêt brutal des activités sportives et culturelles, particulièrement celles exercées en dehors du foyer familial.
Selon la situation personnelle et les activités de chacun, le confinement sanitaire a engendré des difficultés à des degrés divers. Les jeunes, considérés comme étant moins touchés par les symptômes les plus graves de la Covid-19, ont été les plus déstabilisés par cette situation inédite qu’ils n’avaient jamais vécue auparavant.
Mohcine Lourhzal