2011 s’en va, 2012 arrive… Quels vœux avons-nous pour le Maroc ; autrement dit, pour nous-mêmes ? Les meilleurs, bien sûr, mais nous nous arrêterons sur un seul: l’intelligence ! Que le Maroc soit doté d’une intelligence telle qu’il arrive encore, en cette année qui commence et qui ne sera facile pour personne dans le monde, à se préserver des tourments qui le guettent, du fait de la crise et des bouleversements hérités de 2011, tant au niveau interne qu’au niveau international.
Intelligence, donc. Aussi, faut-il absolument que l’on cesse de nous bassiner avec cette expression qui donne l’urticaire, tant elle a été galvaudée: «l’exception marocaine».
Depuis le début du printemps arabe, on nous la ressort à tout bout de phrase et ça en devient exaspérant !
Que des observateurs étrangers qui, dans leurs analyses synthétiques, constatant que dans une région où le sang coule à flot, le Maroc fait exception, y aient recours, cela peut se comprendre…
Mais que des Marocains plastronnent, bombant le torse et brandissent la supposée exception comme un trophée, c’est à la fois stupide et dangereux.
Stupide, parce qu’il n’y a pas d’exception marocaine.
Ce qu’il y a, c’est un déploiement d’efforts à deux niveaux.
Au niveau du pouvoir, avec une bonne gestion des événements qui donne de bons résultats.
Et au niveau des forces vives de la nation, ainsi que de la population dans sa majorité, tous ayant opté pour la stabilité du pays et la non-effusion de sang.
En d’autres termes, il y a du travail, de l’intelligence, de la lucidité et une vigilance de tous les instants… Mais en aucun cas, une exception béate dont le Maroc jouirait sans efforts !
Dangereux, parce que s’auto-convaincre d’une exception marocaine, c’est se croire immunisé à vie. C’est renoncer à l’effort et à la vigilance. Or, comme dit le poète, «rien n’est jamais acquis à l’homme, ni sa force, ni sa faiblesse».
Répétons-le, personne n’est définitivement sorti de la zone de turbulence, ni en deçà de nos frontières, ni au-delà…
Que l’on ait une propension à considérer la moitié pleine de la bouteille, ou sa moitié vide, faisons donc le vœu d’être tous, au Maroc, suffisamment intelligents pour préserver le meilleur et améliorer le reste. Le tout, dans la sérénité.
Faisons le vœu que ceux qui auront à gérer nos affaires comprennent ce… vœu et entreprennent de l’exaucer avec humilité, en gardant bien à l’esprit que les temps ne sont plus à la force et à la domination, mais à l’écoute, à la souplesse et au respect de toutes ces valeurs que les peuples ont désormais décidé d’imposer quoiqu’il leur en coûte: la dignité, la justice sociale, l’état de droit.
Enfin, faisons le vœu que l’opposition également (la vraie, celle qui veut en découdre…) saisisse le plein sens de ce vœu. Qu’elle comprenne qu’il n’y a que dans les pays sous-développés où «être dans l’opposition» veut dire «faire tomber le régime». Dans les démocraties contemporaines, l’opposition signifie: se battre dans le cadre de la loi pour une alternance. Le combat politique doit se faire en toute… Intelligence. Le recours à la violence, qu’il conduise au succès ou à la défaite, est toujours cher payé !
Bonne année 2012 !