UE-UMA Comme a dit Strauss Khan…

Moncef Marzouki, président de la Tunisie post-révolution-du-jasmin, a décidé d’effectuer un périple au Maghreb (qui commence au moment où sont écrites ces lignes par une visite au Maroc) et d’y prêcher la réactivation de l’UMA (Union du Maghreb Arabe). Excellente initiative, certes, d’autant qu’elle est prise par un des dirigeants du Maghreb dont le pays est signataire du traité de l’UMA (février 1989). Initiative qui s’ajoute à de nombreuses autres -plus ou moins importantes- ainsi qu’à de nombreux appels lancés, tantôt par les acteurs même de la région, tantôt par la communauté internationale (avec à sa tête l’ONU), afin que l’ensemble maghrébin ait une vraie existence.

 

Cette semaine encore, au Forum de Paris, fondé par Albert Mallet et dont le round de Casablanca est co-organisé par le groupe Eco-médias, l’intégration maghrébine figurait dans les recommandations de tous les intervenants.

Notamment dans celles de la star du Forum, Dominique Strauss Kahn, à qui incombait la tâche de tirer les leçons de la journée de débats du round de Casablanca.

Dominique Strauss Kahn a cependant dit, aussi, quelque chose de très important que les peuples et dirigeants du Maghreb ne devraient pas perdre de vue…

Mais commençons par les conseils de l’ex-patron du FMI, à propos de ce qu’il a appelé «le serpent de mer de l’intégration maghrébine». Après avoir rappelé qu’«on sait où cela coince et on sait qu’il va falloir que ce soit par là que ça décoince» -allusion au problème du Sahara qui oppose le Maroc à l’Algérie- et après avoir admis que «si l’Algérie ne veut pas bouger, il sera difficile d’avancer», son verdict est tombé sans appel. On sait aussi, a-t-il lancé, «qu’il faut avancer et qu’il est impossible pour le Maghreb que cette intégration ne se fasse pas. Si cela devait être le cas, le coût en termes de développement et de chômage serait considérable pour tous, y compris pour nos amis algériens».

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Autre argument qu’ajoute DSK, le projet que nourrissent les pays du Maghreb et l’Europe de développer des partenariats avec l’Afrique, «ne prendra du sens que s’il y a un regroupement des pays du Maghreb pour constituer une base arrière».

Enfin, plaide D. Strauss Kahn, l’avenir du monde est aux regroupements. En 2020 ou 2030, explique-t-il, la géographie enseignée aux écoliers leur montrera un grand ensemble de l’Amérique du Nord autour des Etats-Unis, un autre de l’Amérique du Sud autour du Brésil, un troisième asiatique autour de la Chine, un quatrième indien et «le pari reste ouvert pour l’Afrique et pour l’Europe».

0r, pour l’émergence d’un ensemble euro-méditerranéen, seul en mesure, dans deux ou trois décennies de rivaliser avec les autres grands ensembles du monde, il faut une union entre l’Europe et le Maghreb.

L’assistance de plus de 500 intellectuels et opérateurs européens et maghrébins a fortement applaudi, ce jour-là, à Casablanca. Reste à savoir quel impact ce discours pourrait avoir sur les décideurs concernés. S’ils restent imperméables à de tels arguments, c’est que la cause est désespérée !

Pour autant, on ne peut aujourd’hui construire le Maghreb comme on l’aurait construit il y a 30 ans. L’expérience de l’UE (Union européenne) nous fournit de précieux enseignements. Si l’on veut une union maghrébine qui ait de l’avenir, il faut que les dirigeants –et surtout les peuples- sachent bien ce à quoi cela les engage. Sur ce point, DSK s’est longuement arrêté: «il n’y a pas d’union sans solidarité et ceci intéresse directement les pays du Maghreb», a-t-il dit. «Il ne suffit pas de faire des réunions et des sommets. Il faut comprendre que l’on s’engage loin dans la solidarité et qu’il ne s’agit pas d’un simple service commun comme pour un syndic dans un immeuble (…). Au point où en sont les Européens, au point où en seront les hommes et les femmes au Maghreb si l’intégration maghrébine prend forme, il y a une leçon qu’il faut tirer : on ne peut pas faire les choses à moitié. On est totalement marié ou on ne l’est pas. On ne peut pas être à moitié marié et c’est ce qui transparaît dans le débat de la zone euro». Dans le raisonnement de DSK, la solidarité signifie que l’UE doit aujourd’hui payer pour la Grèce, même s’il est difficile pour les dirigeants français et allemands de dire à leurs électeurs qu’il faut ajouter à leur propre crise, le coût de celle d’un pays membre de l’Union, en quasi-faillite.

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Pour le Maghreb, la leçon est claire: il faut verrouiller, en amont, tous les détails de l’éventuelle Union maghrébine, notamment ceux de la bonne gouvernance. Mais il faut, quoiqu’il en soit, se préparer à être solidaires. Donc, apurer tous les contentieux pour que le Maghreb ne se fasse pas à moitié.

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