C’est devant une assistance nombreuse que le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, est intervenu pour présenter, à Rabat, l’appréciation de son gouvernement concernant l’étude dévoilée récemment, «Diagnostic de croissance pour le Maroc, analyse et contraintes».
Malgré les efforts consentis par le Royaume pour redresser les équilibres macro-économiques, a souligné Benkirane, il reste beaucoup à faire. «D’ailleurs, a-t-il dit, il ne sert à rien d’être au gouvernement si l’on ne prend pas de risques». Et, sans se départir de son humour devenu désormais une tradition, le chef de gouvernement a prononcé son discours dans un amphithéâtre quasiment à guichet fermé, tellement l’orateur drainait foule.
En guise d’avant-goût, il a lancé non sans modestie, dans une allocution improvisée en français et contenant moult messages: «Je n’arriverai jamais à prononcer les choses comme il se devrait. C’est toujours difficile pour moi».
Et de lancer: «Le Millenium Challenge Corporation (MCC) a chapeauté un programme de 700 millions de dollars qui a rattrapé ce gouvernement et que nous avons bien terminé avec les responsables du MCC qui sont très satisfaits. Ce qui a valu au Maroc d’être élu pour le deuxième programme». Et se retournant vers le patron de la Banque Africaine de Développement, Donald Kaberuka, il a lancé: «Je salue la BAD qui accompagne le Maroc et qui fait que nous sommes son premier client et qu’elle est notre premier bailleur de Fonds».
Nous avançons
«Quand je suis arrivé à la tête de la primature, j’ai eu des priorités. Je me suis retrouvé face au déséquilibre macro-économique. La compensation avalait sept milliards de dirhams. Nous nous sommes alors attaqués au problème. Il n’a pas été définitivement réglé, mais nous avançons», a dit Benkirane. Il a ajouté: «Je me suis dit: il faut faciliter la vie à l’entreprise, car si elle ne marche pas, rien ne va… Il y avait énormément de dossiers qui nous attendaient depuis 5, 10 ou 15 ans. Nous les avons sortis et dépoussiérés». Et de lancer cette boutade qui a fait réagir l’assistance: «Au Maroc, quand ça marche, tout le monde se tait. Mais quand il y a un problème, tout le monde bouge… Les gens capables de participer à l’effort de développement, nous les avons associés. Et pour ce qui est de la population, il est grand temps aujourd’hui de lui rendre justice: nombre de citoyens n’ont rien. Ils vivent à la campagne…».
Je ne suis pas communiste
Soucieux de préserver sa touche humoristique dont l’assistance est friande, le chef de gouvernement a lancé une seconde boutade, sans doute très appréciée par l’ambassadeur américain à Rabat, Dwight L. Bush: «Je ne suis pas communiste, je ne veux pas mettre tout le monde sur le même pied».
Poser les vrais problèmes
Tout cela a poussé le gouvernement à poser les vrais problèmes et à réfléchir aux solutions, a souligné Benkirane. «Il ne sert à rien d’être au gouvernement, si on ne prend pas de risques», a-t-il insisté. Et de révéler: «On nous a demandé de faire une étude. Beaucoup de choses marchent, d’autres non. Nous avons envie d’être satisfaits de notre travail, de rétablir la justice sociale, d’avoir la certitude d’avoir bien servi et de façon coordonnée». Pour lui, pour qu’un pays marche bien, il faut travailler ensemble. «Vous ne pouvez pas servir la nation, si vous donnez uniquement la priorité à vous-mêmes, à votre parti politique».
Mettre le doigt sur les problèmes
Revenant à ses partenaires visiblement attentifs à ses propos, A. Benkirane, satisfait et reconnaissant, a lancé: «Les gens de la primature et du MCC se sont donné la main, à la BAD. Nous avons ensemble mis le doigt sur les problèmes qui dérangent notre gouvernement. Nous avons été dérangés». Et, toujours fidèle à son style humoristique non dépourvu de messages, Abdelilah Benkirane a épaulé et tiré, en guise de conclusion: «Nous sommes comme le peintre sur son échafaudage. On lui dit: occupe-toi de la peinture et ne touche à rien. Dieu merci, le peintre n’est pas encore tombé».
Mohammed Nafaa
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Donald Kaberuka : «Avec la BAD, vous avez un ami» Intervenant lors du lancement du rapport «Diagnostic de croissance», le président de la BAD (Banque Africaine de Développement), Donald Kaberuka, a salué les réformes entreprises par le Maroc, mais sans verser dans la complaisance, ni dans la langue de bois. Pour lui, ce sont des réformes intervenues dans une conjoncture économique internationale difficile. |
L’ambassadeur Américain Dwight L. Bush Intervenant lors du lancement du rapport «Diagnostic de croissance, analyse et contraintes», cérémonie à laquelle ont assisté le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane et le Président de la BAD, Donald Kaberuka, l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, Dwight L. Bush, s’est dit convaincu que le «Compact II» va maintenir le partenariat entre le MCC et le gouvernement marocain à travers l’USAID. |