Entretien avec Abdelkader Amara, ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement
La deuxième réunion des 60 pays signataires de la charte internationale de l’énergie s’est tenue à Rabat, cette semaine. Plusieurs idées y ont été débattues. Notamment l’attractivité de la charte pour les pays en voie de développement et l’intégration des marchés énergétiques Euro-MENA… Le ministre Amara nous en parle.
Quelle évaluation faites-vous de ce 2ème Forum de l’énergie organisé au Maroc?
Il s’agit d’une rencontre internationale qui concerne la Charte internationale de l’énergie et qui tient à Rabat, cette fois, sa deuxième édition. Elle est importante, parce que les objectifs de la Charte, c’est de garantir une harmonisation entre les pays signataires (60 pays) concernant leurs politiques énergétiques nationales respectives, notamment en matière de sécurité d’approvisionnement et aussi de législation, de réglementation et d’institutions.
Et les investissements?
Egalement, bien entendu, parce que ce qui coûte cher dans cet important secteur de l’énergie, c’est bien évidemment l’investissement.
Quel rôle du Maroc dans cette Charte de l’énergie?
Le Maroc a joué un rôle important pour moderniser cette Charte.
Quelles sont vos propositions pour ce faire?
Nous avons été clairs dès le départ en avançant qu’il s’agit d’une Charte qui devrait être attractive pour les pays en voie de développement. Des réunions se tiendront à La Haye au mois de mai prochain. Elles valideront de façon définitive la nouvelle Charte de l’énergie. Donc, pour nous, il y a ces aspects qui sont importants, mais il y a aussi le fait que le Maroc est devenu un acteur important sur les scènes régionales et internationales en matière d’énergie.
Peut-on parler du modèle marocain en matière d’énergie? Le ministre hollandais des Affaires étrangères a même parlé de Maroc précurseur.
Nous avons, il faut le reconnaître, un modèle qui est assez intéressant, pour ne pas dire plus et qui inspire d’injecter des énergies renouvelables dans l’énergie. Ce n’est pas une tâche facile, c’est un travail de longue haleine que notre pays est en train de faire.
Quelle coopération avec le Royaume des Pays-Bas?
La Hollande est un pays qui est manifestement intéressé par notre programme d’investissement. Ça les intéresse sur les dix prochaines années.
Un investissement de quel ordre?
Nous n’investirons pas moins de 35 milliards de dollars dans ce domaine hors exploration gazière et pétrolière, notamment pour la production électrique.
Pourquoi cela intéresse-t-il tellement nos amis hollandais?
Tout simplement parce qu’il s’agit d’un gisement d’opportunités.
Ça nous intéresse aussi, bien évidemment. Mais pour quelles raisons?
Ça nous intéresse aussi parce que, d’abord, nous voulons que la Hollande soit quand même un pays qui défende cette cause de l’intégration des marchés énergétiques Euro-MENA. Pour nous, c’est important, parce que nous voulons justement intégrer ces marchés bien énergétiques, mais spécialement électriques.
Nous avons fait énormément de travail dans ce sens-là.
Qu’en attendez-vous ?
Il faudrait que l’Europe soit un petit peu, je dirais, explicite dans ce chantier.
Et qu’attendez-vous, spécifiquement, du partenaire hollandais?
Je pense que l’appui de la Hollande serait très important et souhaitable.
Vous avez parlé de propositions énergétiques marocaines…
Les propositions marocaines interviennent dans le cadre de la Charte de l’énergie.
Quand l’avez-vous signée?
En 2012. Bien sûr, nous nous considérons un pays qui a de la visibilité énergétique. Donc, nous avons signé cette Charte en connaissance de cause.
Vous plaidez pour une nécessaire attractivité de cette Charte de l’énergie, exclusivement pour les pays en voie de développement ?
Si vous voulez démarcher les autres pays en voie de développement, il faut que cette Charte de l’énergie soit attractive.
Qu’entendez-vous par là?
Pour qu’elle soit attractive, cette Charte de l’énergie devrait à mon sens prendre en considération la problématique de ces pays, dont certains sont encore dans la vulnérabilité et la précarité énergétiques. Donc, leur parler d’ouverture des marchés ne rime à rien. Il faut bien que ces pays puissent avoir les services énergétiques, leur électrification rurale, l’approvisionnement, etc.
Un dernier mot sur les amendements que le Maroc a proposés, concernant cette Charte de l’énergie ?
Nous avons essayé de proposer des amendements à cette Charte qui prennent en considération les besoins et attentes de ces pays, non seulement des signataires européens et occidentaux de manière générale, mais aussi de l’Asie et de l’Afrique.
Interview réalisée par Mohammed Nafaa