Quand je n’ai plus voulu de mon fils chez moi…

Khalid, 58 ans, commerçant marié et père de deux enfants. Ce père affirme qu’il est plus sage de ne jamais permettre à un enfant marié de vivre sous son toit. Voici ce qu’il raconte.  

«Vous savez, beaucoup de mamans sont capables d’accepter que leurs enfants, même une fois mariés, restent vivre auprès d’elles. Mais pas nous les hommes. En général, nous veillons à garder nos distances et ce, pour des tas de bonnes raisons. Malgré cela, nos épouses arrivent quand même à nous convaincre de changer d’avis. Mon conseil et de ne jamais fléchir, au risque de le regretter. Moi par exemple, je m’étais vu ne pas réagir face à une pareille situation que ma moitié m’avait presque imposée. L’effet de «la piquouse» anesthésiante qui m’a été administrée a duré trois ans. Et quand je me suis réveillé et que j’ai pris une ferme décision parce qu’il était grand temps qu’il en soit ainsi, cela a déplu fortement.  

Il ne faut surtout pas croire que je suis un père peu aimant qui ne pense qu’à sa pomme. Vraiment, c’est tout le contraire. Mes deux enfants, ils ont toujours été pour moi, ce qu’il y a de plus précieux qui puisse exister en ce bas monde. C’est d’autant plus vrai que je les ai conçus avec une femme que j’ai épousée non pas par arrangement mais par amour. D’ailleurs pour prouver ce que je dis, tout de suite après leur naissance, je m’étais engagé dans une bataille sans pareille pour leur assurer le meilleur. Leur garantir de l’épanouissement, de l’instruction, une bonne scolarité et plus encore, je le leur ai tout offert sans hésitation, ni regret. Jamais!  Je n’ai demandé en retour que des résultats satisfaisants. Et sans mentir, à ce niveau je n’ai pas eu à me plaindre. 

Que mes enfants deviennent des adultes accomplis, cela ne s’est pas fait d’un claquement de doigts, surtout que rien n’était gagné d’avance. Parce qu’en parallèle, il fallait réussir à rendre prospère ma quincaillerie, construire une maison, etc …Je jure qu’avec mon épouse nous avons trimé dur. Nous nous sommes privés d’un tas de choses pour que notre navire tienne bon la barre. Ce que je raconte là, c’est pour que l’on comprenne bien que mon épouse et moi nous ne sommes pas nés avec une cuillère d’argent dans la bouche. Et que de l’argent, nous n’en avons pas de caché dans notre garage et qu’il ne nous en tombe pas du ciel non plus. C’est terrible que de s’apercevoir comment l’un de mes fils, une fois marié s’en est moqué éperdument.  

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Je vais donc revenir au vif du sujet qui m’a amené ici, à savoir ce qu’il en a découlé d’avoir permis à mon fils et à sa femme de partager notre toit. Tout d’abord, en toute franchise, cette idée n’était pas la mienne puisque je n’étais même pas d’accord pour ce mariage. Très simplement, je jugeais que mon fils n’était pas encore prêt pour cela vu qu’il n’en avait pas les moyens! Mais à peine, avait-il été embauché dans une entreprise, que les parents de sa fiancée lui avaient mis le couteau sous la gorge. Sans rougir, ils s’étaient bousculés à notre porte pour une date de mariage. J’avais vu noir, mais mon épouse m’avait défendu de le montrer pour, soi-disant, ne pas entacher notre réputation et l’honneur de notre fils. Du n’importe quoi le raisonnement des bonnes femmes! Même qu’elle me tranquillisait en me rabâchant que ces gens n’étaient pas fous, qu’ils étaient bien conscients de la situation de nos enfants, qu’il valait mieux pour nous de le caser. Et, je vous dispense de la longue liste d’avantages dans le fait que notre gamin se mette la corde au cou. Effectivement, j’avais bien entendu la belle famille de mon fils dire être en capacité d’aider financièrement leur fille afin qu’elle s’installe avec lui en couple. Franchement, avec des gens pareils, il aurait été plus intelligent de le leur faire écrire noir sur blanc. 

C’est qu’après la fête du mariage dont la plus grosse moitié de la facture était à notre charge, nous avions été mis devant le fait accompli. Les promesses de cette belle famille n’étaient que fumeuses et la jeune mariée qui n’avait pas de maison s’est installée avec mon fils chez nous. Alors là, je peux vous dire, que notre vie tranquille allait se métamorphoser en quelque chose de complètement incongru. Vraiment, nous n’étions plus maitres chez nous. Nous devions même marcher sur la pointe des pieds tout en assurant le tout. La demoiselle prenait toutes ses aises et nous, nous devions nous faire tout petits. Je n’en pouvais plus de voir ma pauvre épouse se crever la santé, en plus de son job de gérante pour que notre couple de squatteurs soit nourri et blanchi à la perfection. «Fissa fissa», ils se croyaient carrément être admis pour l’éternité à vivre gratos dans un hôtel 5 étoiles, ma parole! Je ne comprenais pas comment ma moitié pouvait continuer de m’interdire de réagir pour rétablir un peu d’ordre dans tout ça.  

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Ce cirque a duré trois années consécutives, mais le jour où j’ai su que mon fils et son épouse me cachaient qu’ils touchaient vraiment pas mal tous les mois, je n’ai pu contenir ma colère plus longtemps. Je ne gobais pas l’attitude écœurante de ces deux bandits qui sans vergogne se prélassaient à vivre sur notre dos. Je peux vous dire que je n’ai pas attendu l’autorisation de ma femme pour secouer les cloches à mon fils en lui ordonnant de décamper et vite avec sa Juliette. Je ne m’attendais pas à ce que le petit profiteur, suceur de sang de fils ait le culot de se montrer outrageusement piqué dans son orgueil. Bref, deux jours plus tard, les deux oiseaux se sont arrachés sans même un au revoir. Et depuis leur départ, nous ne les avons plus revus. Je suis devenu à leurs yeux un monstre sans cœur à bannir définitivement de leur existence. Nom de Zeus!  Bien sûr, puisque l’on ne pouvait plus désormais me la faire à l’envers! Le plus grave c’est que la belle famille, (oh oui très belle même), s’est aussi ralliée à leur cause et personne chez eux ne s’est jamais inquiété de prendre de nos nouvelles, pas même en ces derniers temps de pandémie covid». 

Mariem Bennani  

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