Pour généraliser la protection sociale au profit de tous les Marocains à l’horizon 2025, le Maroc a fait le choix de l’ouverture du secteur de la santé aux compétences et à l’investissement étrangers.
L’enjeu est de taille. 22 millions de citoyens marocains devraient être assurés contre la maladie (frais de médicaments et d’hospitalisation), au cours des années 2021 et 2022 selon la nouvelle stratégie de protection sociale. Autres ambitions majeures du Maroc, généraliser les allocations familiales durant les années 2023 et 2024 au profit des familles qui n’en bénéficiaient pas. Sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, le Royaume procédera également, selon un calendrier précis, à l’élargissement de la base des adhérents aux régimes de retraite. L’objectif est d’inclure environ 5 millions de personnes qui exercent un emploi et qui ne bénéficient d’aucune pension à horizon 2025. Les pouvoirs publics ne comptent pas s’arrêter là. L’indemnité pour perte d’emploi sera également généralisée durant l’année 2025 pour couvrir toute personne exerçant un emploi stable.
Ouverture maitrisée vers les compétences étrangères
Toutefois, le manque de ressources humaines reste substantiel face à l’ampleur du projet. La généralisation de la couverture médicale va donc nécessiter de relever de nombreux défis, notamment ceux qui concernent le faible taux d’encadrement médical, le manque de ressources humaines et leur répartition géographique inégale. Pour pallier cela, le Maroc a décidé de s’ouvrir sur les compétences étrangères, et de leur permettre de rejoindre le corps médical, ainsi que de stimuler l’investissement dans le secteur de la santé, à travers un cadre adapté qui sera précisé au cours des prochains moins.
En chiffres, le Royaume a besoin de 35.000 médecins et 57.000 infirmiers, soit près de 100.000 compétences additionnelles. Le pays compte près de 25.000 médecins, dont plus de la moitié travaillent dans le privé, pour 36 millions d’habitants. Ceci alors que les standards fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), sont de l’ordre d’une vingtaine de médecins pour 10.000 habitants. Au niveau des infrastructures, le pays compte 5 Centres Hospitaliers Universitaires (CHU), qui sont opérationnels et 3 autres qui sont actuellement en cours de construction, et dont les travaux sont presque achevés. Afin de pouvoir répondre à la demande de plus en plus grandissante au fur et à mesure de la mise en œuvre de ce chantier, des mesures d’accompagnement seront adoptées, et qui auront pour objectifs d’intensifier les programmes de formation et la consolidation des compétences médicales des professionnels de la santé.
Renforcement des capacités médicales nationales
Il est clair que le succès de la généralisation de la protection sociale est tributaire du renforcement des capacités médicales nationales et de la lutte contre le déficit en matière de cadres sanitaires. En revanche, le Maroc a opté pour une ouverture du secteur de la santé aux compétences étrangères, outre la capitalisation sur des expériences réussies, conformément aux instructions royales contenues dans le discours d’ouverture du Parlement au titre de l’année 2020. Une ouverture qui s’avère nécessaire pour réussir le pari de la généralisation.
En somme, le vaste plan de généralisation de la protection sociale au profit de tous les Marocains, constitue un ensemble cohérent et ambitieux, qui allie à la fois des mesures de transformation interne à travers une mobilisation massive des ressources de l’Etat, mais également une forte ouverture sur l’extérieur et la mise en place de partenariats publics-privés.
ML
Ali Lotfi, président du Réseau marocain de défense du droit à la santé
«Le véritable problème n’est pas la formation du personnel médical»
Dans une déclaration au Reporter, Ali Lotfi, président du Réseau marocain de défense du droit à la santé, estime que «le projet de généralisation de la protection sociale est un projet sociétal historique et sans précédent, qui vise la réduction des disparités sociales et la réforme du système de la protection sociale». Et notre interlocuteur de souligner que ce chantier royal d’envergure doit s’accompagner d’un engagement fort de la part du ministère de la Santé, pour la mise à niveau du système de santé marocain.
«Le véritable problème n’est pas la formation du personnel médical mais plutôt le manque de postes budgétaires». A quoi cela sert-il de former chaque année plus de 3.000 médecins, alors que 2.000 postes budgétaires (médecins, infirmiers toutes catégories confondues, personnel administratif) sont consacrés en moyenne au secteur de la santé», s’interroge Lotfi. Pour le président du Réseau marocain de défense du droit à la santé, il en va de même pour le personnel infirmier. «Les 22 instituts de formation aux carrières de santé forment chaque année 2.700 cadres infirmiers. Finalement, seulement 1.000 infirmiers seront embauchés en moyenne».
Repères
Le chantier de généralisation de la protection sociale à tous les Marocains, coûtera, 51 milliards de dirhams par an. Cette enveloppe budgétaire est répartie comme suit:
– Généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (14MMDH).
– Généralisation des Allocations Familiales (20MMDH).
– Elargissement des bénéficiaires des régimes de Retraite (16MMDH).
– Généralisation de l’accès à l’Indemnité pour Perte d’Emploi (1MMDH).