C’est un secteur qui emploie 2,4 millions de personnes et contribue à hauteur de 7% du Produit Intérieur Brut (PIB).
La couverture sociale constitue un droit humain fondamental. Pourtant, les artisans en ont longtemps été privés. La crise économique induite par la pandémie due au nouveau Coronavirus (Covid-19), a démontré le degré de vulnérabilité de cette catégorie socio-professionnelle, notamment en ce qui concerne l’absence de protection sociale. Pour remédier rapidement à cette situation, une convention-cadre a été signée devant SM le Roi Mohammed VI, le 14 avril 2021, au Palais Royal de Fès.
La sécurité sociale, un gage de bien-être
En vertu de la convention-cadre pour la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) aux artisans, les artisans pourront bénéficier successivement, entre 2021 et 2025, de l’AMO, les Allocations Familiales (AF), la pension de retraite et l’Indemnité pour Perte d’Emploi (IPE). L’objectif est d’offrir aux artisans à travers le Royaume, la possibilité de jouir de services de santé de qualité. Cette convention paraphée devant le Souverain, notamment par les ministres, Abdelouafi Laftit (Intérieur), Nadia Fettah Alaoui (Artisanat), Mohamed Benchaâboun (Economie et Finances) et Khalid Aït Taleb (Min.de la Santé). En vertu de l’article 2 de ladite convention, l’Etat s’engage à mettre en place et déployer les mécanismes adéquats pour la mise en œuvre effective de l’AMO en faveur des artisans. Les pouvoirs publics s’engagent également à prendre toutes les dispositions d’ordre législatif et institutionnel pour mettre en œuvre l’assurance maladie obligatoire au profit de cette catégorie de travailleurs marocains. Il s’agit en outre, de développer les aspects liés à la gestion, ainsi qu’à la gouvernance de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) afin d’accompagner la mise en œuvre de cette assurance, réformer et mettre à niveau le système national de santé pour fournir des services de qualité aux assurés et leurs ayants droit, fournir des prestations et des paniers de soins similaires à ceux offerts aux salariés du secteur privé dans le cadre de l’AMO, faciliter et simplifier les procédures de paiement des cotisations des artisans et professionnels de l’artisanat, organiser des initiatives de sensibilisation à l’échelle nationale, régionale et locale en vue d’expliquer l’ensemble des volets concernant le régime de l’AMO, et enfin, soutenir les initiatives visant à sensibiliser et accompagner les artisans et professionnels de l’artisanat afin d’adhérer au régime de l’AMO. Pour sa part, la Fédération des Chambres de l’Artisanat (FCA) s’engage à concrétiser les contenus de la convention-cadre, en particulier l’encouragement des professionnels à adhérer au régime de l’AMO. Pour ce faire, la FCA fournira l’appui logistique nécessaire à travers les Chambres d’artisanat, dans l’objectif d’accompagner les professionnels pour les inciter à adhérer à ce régime. Il sera également question de prendre les mesures nécessaires pour faciliter cette adhésion et organiser des campagnes de sensibilisation et de communication pour faire connaître les contenus du régime de l’AMO aux niveaux national, régional et local. Parallèlement, les dispositions de cette convention peuvent faire l’objet d’une modification en cas de besoin et ce, après accord des parties prenantes.
La Covid-19, révélatrice de fragilités
Durement touché par la crise Covid, le secteur de l’artisanat a fait l’objet d’une attention particulière et d’efforts soutenus afin de redonner espoir aux artisans et assurer la relance de ce secteur stratégique. La crise sanitaire a en effet provoqué une chute brutale des ventes suite notamment à l’annulation des commandes nationales et internationales, à la fermeture des espaces de production, des espaces de vente, des bazars et des sites touristiques et à l’annulation des salons et des foires commerciales. Pour remédier à cette situation, le département de tutelle a mis en place une batterie de mesures pour soutenir le secteur, qui joue aussi un rôle primordial dans la cohésion sociale et la préservation du patrimoine culturel.
Adopté en juin 2020, le projet de loi 50.17 relatif aux activités de l’artisanat vise à pallier la fragilité du secteur. L’artisanat qui manquait d’un cadre réglementaire approprié et adapté à ses spécificités, se voit ainsi doté d’un texte à même d’accompagner son organisation et sa restructuration nécessaires. Le projet de loi vise principalement la définition des activités du secteur de l’artisanat et de ses différentes catégories d’acteurs (artisan, maître artisan, entreprise et coopérative d’artisanat) et l’organisation du tissu associatif du secteur par l’institution des ordres professionnels locaux, régionaux et nationaux représentant les différentes activités de l’artisanat.
Afin de développer le secteur, le ministère du Tourisme, de l’Artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale se penche aussi sur une nouvelle stratégie 2021-2030, en partenariat avec les Chambres d’artisanat et la Fédération des entreprises d’artisanat du Maroc (FEA), qui portera sur les mesures prioritaires à même de préserver le tissu économique et l’employabilité du secteur et de stimuler la demande des produits artisanaux. Afin d’encourager la commercialisation des produits artisanaux marocains sur internet, il a été procédé récemment, à la signature d’accords de partenariat entre le ministère, la Maison de l’artisan et sept plateformes de marketing électronique au Maroc. En vertu de ces accords, les acteurs concernés pourront accéder aux plateformes de leur choix et bénéficier de plusieurs services comme la création gratuite de magasins électroniques. En outre, un programme de soutien et de suivi des opérations de marketing direct a été également mis en place, à travers notamment des espaces publics et de grands réseaux de distribution.
M. Lourhzal