Le 8 Mars, au Maroc, les femmes ne restent pas inactives. Elles aussi manifestent dans la rue. D’autant qu’elles ont une double raison de le faire. Elles revendiquent, globalement, ce que revendiquent toutes les femmes du monde. Mais elles revendiquent aussi, en particulier, ce qu’on appelle en arabe «Tanzil addostor», c’est-à-dire, la mise en œuvre concrète des dispositions de la Constitution. La dernière Constitution (juillet 2011) accordant, en effet, à la femme marocaine de nombreux droits qu’elle ne voit pas encore se réaliser dans sa vie quotidienne. Notamment, en matière de démocratie et de parité…
Dimanche 8 mars, donc, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le collectif «Parité et Démocratie» -qui réunit plusieurs associations féministes- invitait à une marche nationale à Rabat. Le slogan était: «Main dans la main pour défendre l’égalité et la démocratie».
Cette marche, qui devait prendre son départ de la place Bab El Had et se terminer devant le parlement, a certes fait recette, puisqu’elle a connu, selon les estimations, une participation de quelque 10.000 personnes. Des femmes de diverses catégories professionnelles –y compris les femmes de ménage philippines- et de plusieurs régions du Maroc (femmes sahraouies, femmes rurales, femmes du Rif…), ont défilé, brandissant des banderoles et, parfois, scandant des revendications composées en rimes.
Mais ce qui frappait le plus dans cette marche, c’est son partage en deux catégories de participants. D’une part, celles et ceux, venus comme à une fête, participer à un jour de rencontres et de catharsis générale. Cette catégorie-là constituait la majorité (il y avait même des cracheurs de feu). Et, d’autre part, celles et ceux, militants proches d’associations féminines et de partis politiques, venus exprimer des revendications politiques claires et affirmées.
Ce n’est pas un hasard si quelques dirigeants des partis d’opposition défilaient en tête de cortèges (chacun son cortège). Eux, comme nous l’ont déclaré certains, marchaient «à la fois pour la femme et contre le gouvernement». Les slogans, à ce niveau, avaient toute l’acuité que leur donne l’approche des élections et le gouvernement en a pris pour son grade !
Ceux-là, ce jour-là, ont mis à profit la journée de la femme, marchant sur sa voie, pour faire entendre leur voix. C’est ce qui a irrité les associations féministes leaders qui sont allées parfois jusqu’à chasser les politiques… Lesquels ont marché quand même.
KB