En accueillant le dénommé Brahim Ghali, l’État espagnol s’est mis dans une impasse juridique, éthique et humanitaire, car “soit il prouve qu’il est un État d’institutions et de la primauté du droit, ou bien il entretient cette thèse à des fins de consommation médiatique”, a indiqué le juriste jordanien, Fawaz Al-Khalayleh.
Dans une déclaration à la MAP, M. Al-Khalayleh a affirmé que les déclarations de la ministre espagnole des Affaires étrangères justifiant l’accueil de cette personne sur le territoire espagnol à des fins humanitaires, alors même qu’elle était recherchée par la justice espagnole en vertu d’un mandat d’arrêt émis contre elle depuis 2008 pour avoir commis des crimes contre l’humanité, est une “véritable tragédie à tous égards”.
La position du gouvernement espagnol “viole non seulement ses propres lois, mais aussi le droit international, en permettant à l’auteur de crimes contre l’humanité, y compris la disparition forcée, la torture et le viol dans les camps de Tindouf sur le territoire algérien, d’entrer dans son sol en toute impunité», soutient-il.
L’avocat jordanien a affirmé que l’entrée de cette personne au moyen d’un avion algérien, d’une escorte médicale, avec faux papiers et un pseudonyme, «révèle l’ampleur de l’étreinte et le grand intérêt de l’autorité en Algérie à la direction de ce front séparatiste». Cela montre le rôle des autorités algériennes et leur implication directe dans la crise artificielle entretenue autour du Sahara marocain depuis l’indépendance et l’évacuation de l’occupation espagnole des territoires marocains, retient-il.
Al-Khalayleh, qui est également membre de la Plateforme internationale pour la défense et le soutien du Sahara marocain s’est ainsi interrogé : “Comment un auteur de crimes contre l’humanité se transforme-t-il en une situation humanitaire jouissant du plus grand soin, aux antipodes de l’état de droit et du droit des victimes d’obtenir justice dans un pays qui revendique l’état de droit et l’indépendance du pouvoir judiciaire ?».
L’expert a, à cet égard, souligné que la justice espagnole indépendante, conformément à la loi et à travers le ministère public, doit mener une enquête, vérifier l’identité de cette personne, la traduire en justice et mettre en œuvre le mandat d’arrêt émis contre elle.
Il est également du devoir de l’Union européenne et de toutes les organisations humanitaires d’exhorter l’État espagnol à mettre en œuvre la loi contre les auteurs de crimes contre l’humanité afin qu’il n’y ait pas de précédent pour échapper à la justice pour des calculs politiques, estime-t-il encore.
LR/MAP