Votre excellence | Que fera-t-on de tous ces chômeurs ?

Au Maroc, le Haut-Commissariat au Plan ne chôme pas. Ses statistiques tombent régulièrement. Des statistiques de macro-économie, des statistiques sectorielles, certaines par mois, d’autres par trimestre…

Une chose est sûre, même si certains de ses chiffres sont parfois contestés, ou que d’autres viennent semer le doute sur leur exactitude, quand par exemple des institutions nationales ou internationales livrent leurs propres chiffres (comme c’est le cas, chaque fois, pour le taux de croissance, le HCP, Bank Al-Maghrib, le ministère des Finances, le FMI, la Banque Mondiale, présentant chacun un taux différent pour une même année), cette publication régulière de données socio-économiques nationales permet de garder un œil sur la réalité, voire même, de prendre conscience de la réalité.

Cette semaine, c’est «une note d’information concernant la situation du marché du travail au 1er trimestre 2021» qui nous a asséné un sacré coup de massue !

Que dit cette note d’information du Haut-Commissariat au Plan (HCP) ?

Trois principales informations frappent.

D’abord, celle-ci, effet de la crise Covid: «l’économie marocaine a perdu 202.000 postes d’emploi entre le premier trimestre 2020 et celui de 2021» !

Ensuite, celle-là, encore plus préoccupante: «le nombre de chômeurs a augmenté de 242.000 personnes entre le premier trimestre de l’année 2020 et celui de 2021, passant de 1.292.000 à 1.534.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 19%». 

Enfin et en conséquence des deux 1ères informations: «le taux de chômage s’est accru de 2 points entre les premiers trimestres de 2020 et de 2021, passant de 10,5% à 12,5%».

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Ainsi donc, alors que la crise sanitaire n’est même pas encore finie, nous nous retrouvons avec 1.534.000 chômeurs –ceux de la crise s’étant ajoutés à ceux d’avant- et 202.000 postes d’emploi perdus !!

Déjà effrayants en eux-mêmes, ces chiffres le deviennent encore plus lorsqu’on met, derrière, des citoyens en chair et en os !

Car, dire que le taux de chômage a grimpé de 10,5% à 12,5%, que 202.000 postes d’emploi sont passés à la trappe et que le nombre de chômeurs a dépassé le million et demi, tout cela reste impersonnel, si l’on ne se met pas à la place de chacun de ces titulaires des 202.000 postes qui se sont retrouvés, du jour au lendemain, sans travail, leur entreprise fermée, ou leur seul poste supprimé… Si l’on ne se met pas à la place des 1.534.000 citoyens au chômage, impuissants devant leur sort, parce que n’ayant aucune perspective, du fait de la crise…

Pour tous ces citoyens, concrètement, comment vivre sans revenus et alors que la crise est généralisée ? Avec quoi se nourrir et nourrir sa petite famille ; payer son loyer afin de garder son toit ; acheter du lait à ses enfants…?

Pour chacun d’eux, c’est une véritable impasse… Une dramatique impasse !

La solidarité joue partiellement, mais en temps de crise, elle faiblit par la force des choses et, quoiqu’il en soit, elle ne peut résoudre le problème à terme.

Quant aux perspectives, elles ne cessent de s’assombrir avec les aléas des productions et livraisons de vaccin ; et avec la dangerosité des fameux «variants», qui ramènent toutes les stratégies de relance à la case départ

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Se pose alors une double question.

Au niveau simplement humain, que vont faire tous ces chômeurs dans leur vie courante ?

Et au niveau de l’économie nationale, que va-t-on pouvoir faire pour redresser la situation ?

Jusqu’à la crise Covid, il était question de se mobiliser pour créer de nouveaux emplois. Certains l’ont été.

Avec la crise Covid, la donne change… Comment, à la fois, remédier aux 202.000 postes détruits par la crise Covid ; continuer de créer de l’emploi pour les chômeurs existants avant la crise Covid ; et éviter que s’en rajoutent de nouveaux vu les problèmes de vaccin et de variants qui prolongent la crise Covid ?

Le plan de relance de l’économie annoncé est ambitieux. 120 milliards de dirhams à injecter, dont les 45 MMDH prévus du Fonds Mohammed VI pour l’investissement et 75 MMDH de crédits bancaires garantis par l’Etat…

Encore faut-il que ces 120 milliards de dirhams passent rapidement du prévisionnel au concret !

En attendant, il y a peut-être des milliers de personnes qui n’ont pas de quoi dîner ce soir…

Le chef du gouvernement, qui ne dit rien à ce sujet et que les chômeurs aimeraient bien entendre, devrait écrire sur le fronton de la primature cette phrase qui les rassurerait: «Je ne suis pas mort, je dors».

Sommeil dont il est cependant tiré par les enjeux des échéances électorales 2021… Il commence  recevoir les partis politiques pour en discuter avec eux !

Bahia Amrani

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