Plusieurs témoins ont rapporté, le jeudi 19 mars, le massacre de dizaines de femmes mariées de force à des combattants islamistes de Boko Haram par leurs «époux» avant la reprise par les forces gouvernementales de la ville de Bama, dans le nord-est du Nigeria, pour éviter qu’elles ne tombent entre les mains d’«infidèles».
Selon cinq témoins, les islamistes fuyant l’avancée de l’armée qui a annoncé avoir reconquis Bama craignaient d’être tués ou séparés de leurs femmes. Ils les ont tuées pour éviter qu’elles ne se remarient à des non musulmans.
«Les terroristes ont dit ne pas vouloir permettre que leurs femmes épousent des infidèles», a déclaré Sharifatu Bakura, 39 ans. Selon cette mère de trois enfants, dont le témoignage a été corroboré par d’autres, les combattants islamistes avaient été prévenus de l’assaut contre Bama, un de leurs fiefs dans l’État de Borno. Les insurgés ont alors décidé de fuir en direction de Gwoza, une localité proche, sans attendre l’arrivée des soldats. Mais avant de fuir, ils ont «tué leurs femmes pour que personne ne puisse se remarier avec elles», a ajouté Sharifatu Bakura.
Les islamistes ont expliqué que «s’ils tuaient leurs femmes, elles resteraient pures jusqu’à ce qu’ils se retrouvent au ciel où ils seraient réunis», a ajouté un autre témoin, Salma Mahmud. Un membre d’un groupe d’auto-défense qui a participé à la reprise de Bama, Abba Kassim, a déclaré y avoir vu «des dizaines de cadavres de femmes». D’autres témoins ont cité des chiffres similaires, mais il n’était pas possible de vérifier ce bilan dans l’immédiat.