Algérie | Prison ferme pour une trentaine de manifestants arrêtés vendredi

Quelque 31 manifestants, arrêtés vendredi dernier lors des marches du mouvement de protestation du Hirak en Algérie, ont été condamnés à des peines de prison ferme, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH).

“Vingt-trois manifestants à Sétif (nord-est) et huit à Bab El Oued, à Alger, ont été jugés et condamnés à des peines allant de 12 à 18 mois de prison ferme”, a précisé le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi, cité par les médias algériens.

Tout en dénonçant cette vague de condamnation inédite, il a souligné que “le pouvoir a décidé d’en finir avec le Hirak pacifique”.

Treize autres manifestants arrêtés vendredi ont été incarcérés dans l’attente de leur procès qui a été remis à une date ultérieure, ce qui porte à 44 le nombre total de manifestants placés sous mandat de dépôt.

“C’est la première fois que nous assistons à une telle escalade dans les jugements depuis juin 2019”, s’est indigné le vice-président de la LADDH qui a fait état d’un millier d’interpellations à travers tout le pays après les manifestations de vendredi.

Les tribunaux de plusieurs villes algériennes ont vu défiler lundi de nombreux manifestants arrêtés vendredi dernier après l’empêchement musclé des manifestations du hirak populaire.

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Selon des organisations de défense des droits humains, les interpellations opérées lors des marches réprimées du 117e vendredi ont touché plus de 1.000 personnes dans 25 wilayas, dont plus de 300 à Alger.

Pas moins de 90 manifestants issus de 8 wilayas qui ont été placés en garde à vue, ajoutant que ces “hirakistes” ont été présentés lundi devant le procureur dans différentes juridictions.

La justice algérienne a inculpé ces nouveaux prisonniers politiques de divers graves délits comme le classique “atteinte à l’unité nationale” ou la traditionnelle appartenance à “une organisation étrangère complotant contre l’autorité de l’Etat”.

D’après le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), un observatoire local, les griefs retenus contre les prévenus, selon les dossiers, concernent également “attroupement non armé”, “rébellion”, “trouble à l’ordre public” et “violation des dispositions sanitaires relatives à la Covid-19”, ainsi que “diffusion de publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national”.

Il s’agit d’un record d’interpellations rarement égalé durant ces 20 dernières années, selon les mêmes sources, qui rappellent qu’il faut revenir jusqu’aux épisodes sinistres de la décennie noire des années 90 pour retrouver des chiffres ou des bilans aussi similaires en matière de répression sécuritaire.

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Lundi, l’Organisation non gouvernementale Amnesty International s’est insurgée contre l’utilisation par les autorités algériennes de la législation liée au terrorisme pour réprimer les manifestants.

” Nous sommes profondément préoccupés par cette affaire contre de courageux défenseurs des droits humains”, a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Dans un communiqué, Mme Guellali a estimé qu’il s’agit d’une “nouvelle tendance inquiétante des autorités algériennes utilisant la législation liée au terrorisme pour réprimer les droits à la liberté de réunion et d’expression pacifiques avant les élections prévues en juin”.

Selon elle, ces accusations ne sont qu’un écran de fumée pour réduire au silence la voix de ces défenseurs des droits humains et réprimer leur militantisme.

Par ailleurs, l’ONG a dénoncé une intensification alarmante des arrestations et répressions envers les militants du Hirak, arrêtés et poursuivis pour avoir participé à des manifestations pacifiques le 14 mai.

LR/MAP

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