En voulant jouer au plus malin avec le Maroc, l’Espagne a eu tout faux et sur toute la ligne.
Nul n’ignore que les relations entre Rabat et Madrid traversent en ce moment une zone de turbulence sévère. Cette situation n’est pas le résultat d’une volonté marocaine d’envenimer le climat de coopération maroco-espagnole. Il s’agit en réalité, d’une conséquence logique du non-respect par l’Espagne de ses obligations vis-à-vis du Maroc.
C’est par l’Espagne que le scandale est arrivé
Le 21 avril 2021, le chef des milices séparatistes du Polisario, Brahim Ghali, est admis dans un hôpital espagnol (Logroño), sous une fausse identité. Ce transfert en catimini devait rester secret. Au grand damne de Madrid et de l’Algérie, cette affaire a éclaté au grand jour, grâce à l’efficacité et la vigilance des services marocains. S’en suivra une crise diplomatique aigue entre Rabat et Madrid, donnant lieu notamment au rappel de l’Ambassadeur du Maroc en Espagne, Karima Benyaich.
Vous avez dit raisons humanitaires?
Pour tenter de se sortir de sa mauvaise posture, le gouvernement espagnol dirigé par le premier ministre socialiste Pedro Sanchez, s’efforce alors en vain, de donner des explications fragiles auxquelles la réalité donne tort. Pour justifier la faute grave commise par son pays à l’égard du Maroc, la ministre ibérique des Affaires étrangères Arancha Gonzales Laya, invoque des considérations humanitaires pour motiver l’accueil du dénommé Brahim Ghali sur le sol espagnol. Pour le Maroc, cet argument ne tient pas la route, d’autant plus qu’il Ne justifie en aucun cas, les manœuvres ourdies derrière le dos d’un partenaire et d’un voisin. En tout cas, Rabat a bien compris le petit jeu malsain de l’Espagne.
On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre
En acceptant d’accueillir un tortionnaire, doublé d’un violeur en série, sur son territoire, l’Espagne voulait gagner sur tous les plans. D’abord continuer à profiter de son partenariat stratégique et multiforme avec le Maroc. Ensuite, servir ses intérêts avec l’Algérie (pétrole, gaz…). De son côté, le Maroc qui a bien compris le petit jeu malsain du voisin ibérique ne pouvait pas rester les bras croisés. Laisser courir aurait été interprété comme une attitude permissive de la part du Royaume.
Méprise de la justice espagnole
Outre le fait de ne pas avoir respecté le principe de bon voisinage, l’Espagne a méprisé sa propre justice. Sinon, comment expliquer que le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, ait accepté d’accueillir le chef des milices du Polisario alors même qu’il fait l’objet de plaintes déposées contre lui, pour viol, séquestration et crimes contre l’humanité, auprès de la justice espagnole par des citoyens espagnols et marocains? Il s’agit donc, d’un cas d’Etat de droit, et d’application de la loi d’abord espagnole. La logique aurait voulu que les autorités espagnoles fassent preuve de courage et de transparence, d’abord avec leur propre opinion publique.
Incohérence du discours diplomatique
Au lieu de corriger l’erreur et d’apaiser la tension avec le Maroc, l’Espagne a activé la machine médiatique pro-gouvernementale pour détourner les regards du vrai problème. Comme l’a si bien dit le Chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, le déploiement de certains supports de presse espagnols contre le Maroc n’occultera pas la réalité. La vérité pure et simple est que Madrid a adopté une attitude inamicale à l’égard du Maroc qui ne lâchera pas l’affaire jusqu’à ce que la ministre ibérique des Affaires étrangères, Arancha Gonzales Laya, apporte les réponses concrètes et convaincantes aux interrogations légitimes qu’il a soulevé dans le communiqué publié dimanche 2 mai 2021. Pourquoi les autorités espagnoles ont-elles estimé que le Maroc ne devait pas être informé ? Pourquoi ont-elles préféré coordonner avec les adversaires du Maroc ?
Le Maroc a toujours fait montre de respect à l’égard de ses partenaires. Même avec ses ennemis, le Royaume a toujours fait prévaloir la sagesse au lieu de la confrontation. Mais quand c’en est trop, le Maroc n’hésite pas à remettre les points sur les i, toujours de la manière la plus diplomate possible.
A bon entendeur, salut !
Mohcine Lourhzal
Espagne-Algérie
Crimes et mensonges d’Etats
Le vrai Mohamed Seghir Nekkache (à gauche), en compagnie de l’ex-président algérien Ahmed Ben Bella
Plus d’un mois s’est écoulé depuis que le scandale Brahim Ghali a éclaté. Aujourd’hui encore, cette affaire n’a pas fini de livrer ses secrets. Selon les documents présentés à l’administration de l’hôpital San Pedro à Logroño, le nom d’emprunt que le régime algérien a choisi pour l’accompagnateur de Ghali, a été «Mohamed Seghir Nekkache». Fait ahurissant, le vrai Nekkache n’est plus de ce monde depuis plus de dix ans. Né le 26 avril 1918 à Ouled Mimoun (anciennement Lamoricière) dans la wilaya de Tlemcen, le médecin dont l’identité a été frauduleusement utilisée dans cette affaire, est décédé le 29 mai 2010 à Oran. Le défunt a été le principal architecte des services de santé de l’Armée de Libération Nationale (ALN) durant la guerre d’indépendance de l’Algérie, de même qu’il a été le premier Algérie à occuper le poste de ministre de la Santé de son pays en 1962. Le 1er novembre 2002, Mohamed Seghir Nekakche a reçu la médaille du mérite, avant de recevoir en 2010, un hommage posthume.
Diplomatie espagnole en panne Nada que añadir? Prise la main dans le sac, la MAE espagnole, Arancha Gonzales Laya, excelle depuis le début de la crise qui oppose le Maroc à l’Espagne, dans la fuite en avant. Ainsi, la Cheffe de la diplomatie espagnole n’a d’autres mots dans la bouche que «l’Espagne n’a rien à ajouter à ce qu’elle a dit». Au lieu d’admettre l’erreur et peut-être par on ne sait quel sursaut de conscience, présenter ses excuses au Maroc, Gonzales Laya a persisté dans son attitude dédaigneuse. Eh bien qu’il en soit ainsi !
Crise maroco-espagnole
Jean-Yves Le Drian active une médiation française
Jean-Yves Le Drian a dit s’être entretenu samedi 22 mai 2021, avec son homologue marocain Nasser Bourita, «pour essayer de contribuer à ce que le dialogue entre Rabat et Madrid puisse reprendre». «Il y a en ce moment une relation assez compliquée entre l’Espagne et le Maroc. Je souhaite que cela puisse se rétablir le mieux possible», a ajouté le ministre Français des Affaires étrangères.