Brahim Ghali ayant quitté l’Espagne pour l’Algérie, le pourquoi du silence du Maroc..

Brahim Ghali exfiltré.

Le pourquoi du silence du Maroc.

Le coût de la crise en Espagne.

Après une hospitalisation de 54 jours en Espagne où il a été introduit sous une fausse identité, suite à un accord entre Madrid et Alger, le chef des séparatistes du Polisario, Brahim Ghali, est reparti en Algérie, dans la nuit du 1er au 2 juin (2021), quasiment dans les mêmes conditions qu’il était arrivé.

Le Maroc n’a réagi ni à cette exfiltration de Brahim Ghali, ni au simulacre de sa comparution  devant la Justice espagnole.

Les sources du «Reporter», proches du dossier, expliquent pourquoi (exclusif).

En Espagne, la crise avec le Maroc est devenue un sujet de politique intérieure.

L’Opposition –et notamment le Parti populaire (PP), principal parti de droite- se mobilise pour en faire payer le prix au Gouvernement du socialiste Pedro Sanchez.

La crise Maroc-Espagne est loin d’être finie.

Le Maroc a ses conditions. Les sources du «Reporter» la résument en une question et une seule.

Comme dans un film d’espionnage, Brahim Ghali avait été introduit en Espagne, le 18 avril 2021 dans des conditions qui avaient consterné tous les observateurs, la communauté internationale et –principalement- le Maroc.

Avion présidentiel algérien spécialement affrété, arrivée qui se voulait secrète dans un aéroport du Nord de l’Espagne (la connivence du Gouvernement socialiste de Sanchez ayant été poussée jusqu’au choix de la ville Logroño, également dirigée par des socialistes, pour accueillir le protégé sans risque de contestation des responsables locaux, voire même avec leur complicité), identité falsifiée (y compris celle de son médecin), accueil et accompagnement hospitalier assuré par des services algériens, protection sécuritaire espagnole…

Un premier avion, puis un deuxième…

Rien de tout cela n’est resté secret, le Maroc ayant découvert et révélé les faits.

Un choc pour ce voisin que les responsables espagnols, jusque-là, qualifiaient de «partenaire stratégique» et qui ne comprend pas ce «deal secret» reçu comme un coup de poignard dans le dos.

La crise maroco-espagnole, ouverte depuis lors, n’est pas finie. Loin s’en faut.

L’admission de Brahim Ghali sur le territoire espagnol, vivement chahutée, durant les 54 jours de son hospitalisation, notamment par ses victimes, à l’origine de sa comparution devant l’«Audience Nationale» du 2 juin (l’ex-membre du Polisario, Fadel Breica, qui l’accuse d’être responsable de son enlèvement du 18 juin au 10 novembre 2019 ; et l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’Homme, basée en Espagne –ASADEDH- qui a déposé plainte contre lui et contre 28 autres membres du Polisario et du gouvernement algérien, depuis 2012, pour «génocide, assassinat, terrorisme, crimes contre l’humanité et enlèvement» commis dans les camps de Tindouf)… Cette admission a pris fin, comme elle a commencé, dans des conditions ahurissantes. Un simulacre de procès fermé au public (une audition) qui n’a pris que deux heures et demie, avant de conclure à l’absence de preuves et à la liberté d’action de l’accusé. Un avion algérien qui se dirigeait vers l’Espagne, avant même le démarrage de l’audition, pour rapatrier Brahim Ghali en Algérie (preuve d’un accord préalable entre les Gouvernements espagnol et algérien, auquel a manifestement adhéré le Juge de l’«Audition Nationale»). Avion qui a été contraint de faire demi-tour sur ordre des contrôleurs aériens militaires. Un deuxième avion, français celui-là (autre manœuvre sournoise d’Alger), affrété par l’Algérie, qui se pose à Pampelune et repart au petit jour avec un Brahim Ghali, exfiltré de l’hôpital par une porte arrière réservée aux livraisons et transbahuté sur 90 km avant d’embarquer, quittant l’Espagne comme il y était entré, à la dérobée…

Pourquoi le silence du Maroc ?

Certes, le Gouvernement espagnol a officiellement annoncé le départ de Brahim Ghali. Il l’a fait le jour-même. Le ministère des Affaires étrangères a en effet fait savoir, mardi 1er juin, que Brahim Ghali «a prévu de quitter l’Espagne ce soir à bord d’un avion civil depuis l’aéroport de Pampelune».

Le ministère a même précisé que les autorités marocaines ont été prévenues.

Mais ce n’était bien évidemment pas ce qui allait mettre un terme à la crise maroco-espagnole.

Le Maroc n’a tout simplement pas réagi. Ni à la pseudo-audition, ni au rapatriement à la sauvette du chef des séparatistes. Et, selon des sources fiables au ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Etranger, aucune réaction officielle n’est prévue, côté marocain.

Pourquoi ce silence du Maroc ?

Il y a à cela plusieurs raisons.

D’abord, lance le responsable proche du dossier au ministère des Affaires étrangères, Brahim Ghali «n’est pas le fond du problème». Et d’expliquer: «C’est le partenaire espagnol que nous interpellons. Brahim Ghali n’a pas toute cette importance ! Qu’on nous comprenne bien, chaque fois que le Maroc a évoqué Brahim Ghali, ce n’était pas par intérêt pour sa personne, mais pour des questions majeures. Soit des questions de confiance entre partenaires et alliés stratégiques. Soit des questions de légalité et de droits. Les questions que le Maroc a soulevées concernant cette entrée illégale en Espagne et un éventuel départ dans les mêmes conditions entraient dans ce cadre-là. Nous interpelions l’Espagne, en tant que partenaire et grande démocratie. C’est aussi à l’Espagne grande démocratie que les victimes de Brahim Ghali, elles-mêmes espagnoles, se sont adressées dès qu’elles ont appris que leur bourreau était à portée de main de la Justice. Pour le Maroc, qu’il parte ou qu’il reste, peu importe, depuis que nous avons posé des questions objectives. Et le Maroc a anticipé en posant ces questions la veille de l’audition (lundi 31 mai), sans attendre de savoir ce qu’il en sortira. Parce que pour le Maroc, la crise ne se résume pas à ça».

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La question de savoir si le fait que le Gouvernement espagnol ait informé le Maroc du départ de Brahim Ghali n’était pas un 1er geste, est vite éludée. «Informé le Maroc ? Un simple document envoyé à l’ambassade n’est ni une concertation, ni une interaction entre partenaires».

Le haut diplomate n’en dit pas plus à ce sujet, mais il semble qu’il y ait là une autre raison à la non-réaction marocaine. Il n’est pas question de réagir à un document impersonnel, arrivé à l’ambassade. Ce ne sont pas là des pratiques de vrais partenaires.

Au cours de l’entretien, plusieurs fois revient l’argument qu’au 21ème siècle, les relations de partenariat doivent être des relations d’égal à égal et de considération et respect mutuels.

Le fond du problème clarifié en 3 points

Mais quelles sont ces questions objectives posées par le Maroc la veille du pseudo procès, dont notre source dit qu’elles clarifient le fond du problème, rendant inutiles toute autre réaction ?

En d’autres termes, pourquoi le Maroc estime qu’il n’a rien d’autre à ajouter aujourd’hui ?

Notre source au ministère des Affaires étrangères nous renvoie au communiqué rendu public par ce même département lundi 31 mai (2021) et qui explique dans le détail le fond du problème. «Dans ce communiqué, le Maroc a été très clair. Le fond de la crise n’est pas Brahim Ghali. Le fond de la crise ce sont ces trois points qui ont fait l’objet de questions objectives de la part du Maroc.

Le Maroc pose d’abord la question de confiance à son partenaire l’Espagne. Cette confiance est brisée. Le Maroc a découvert des arrière-pensées espagnoles hostiles à sa cause sacrée et portant atteinte à son intégrité territoriale…

Il lui pose ensuite la question de cohérence. Y a-t-il une cohérence dans les positions de l’Espagne qui combat le séparatisme chez elle et l’encourage chez son voisin et partenaire, le Maroc ?

Enfin, le Maroc pose la question de la solidarité. Une solidarité dont le Maroc a toujours fait preuve envers l’Espagne et dont quelques détails ont été donnés dans le communiqué.

C’est à ces trois points –confiance, cohérence, solidarité- qu’est liée la crise».

Cette crise est donc loin d’être finie ?

A la question «qu’est-ce qui est attendu de l’Espagne ?» le haut diplomate répond: «Le Maroc l’a déjà dit. Il est attendu de l’Espagne qu’elle dise ce qu’elle veut de sa relation avec le Maroc. Et la réponse passera nécessairement par les 3 points soulevés».

Il est clair qu’il faut entendre par là que la réponse passera nécessairement par la question du Sahara.

Le Gouvernement Sanchez sera-t-il en mesure d’apporter cette réponse ?

Aura-t-il la volonté de clarifier les positions de l’Espagne sur la question du Sahara ? Voire, aura-t-il l’opportunité de le faire ?

Question qui se pose en effet, cette crise entre le Maroc et l’Espagne étant devenue une crise interne à l’Espagne….

La crise maroco-espagnole devient crise hispano-espagnole

Outre le coût économique que pourrait avoir cette crise pour l’Espagne -qui est le premier partenaire commercial du Maroc ainsi que quelques «perturbations» sur le plan du partenariat sécuritaire et autre… Cette inattendue crise maroco-espagnole semble, d’ores et déjà, avoir un coût politique.

L’opposition de droite, notamment le parti populaire (PP), qui a actuellement le vent en poupe et vient de remporter les régionales de Madrid, ne décolère pas contre le Gouvernement socialiste qui, au contraire est en perte de vitesse…

Le PP dénonce «la gestion calamiteuse» de cette crise et réclame la démission de la ministre des Affaires étrangères, Arancha Rodriguez Laya.

D’aucuns évoquent même l’éventualité d’élections anticipées.

Bien évidemment, le Maroc ne se mêle pas de la cuisine interne de l’Espagne. Il a toujours su coopérer avec le voisin ibérique quelle que soit la couleur du Gouvernement en place.

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Certes, il est toujours préférable de rétablir la confiance avec ceux qui l’ont brisée. Mais mes questions internes à l’Espagne, seule l’Espagne les résoudra.

Wait and see…

Une chose est sûre, les attentes du Maroc, elles, sont aujourd’hui claires et nettes.

Bahia Amrani

Espagne-Séparatisme

Les Catalans retrouvent leur immunité au Parlement européen

(De g. à d.): Carles Puigdemont, Toni Comin, Clara Ponsatí

Votée par le Parlement Européen le 9 mars 2021, par 400 voix contre 248,  la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président de la Catalogne, Carles Puigdemont et ses deux collègues eurodéputés, Toni Comin et Clara Ponsatí, respectivement ex-ministres catalans de la Santé et de l’enseignement,  a été suspendue sur ordonnance du Vice-président du Tribunal de l’Union Européenne (UE).

Un revers pour le pouvoir central de Madrid

Saisi le 26 mai 2021 en référé, d’une requête pour la suspension de l’immunité parlementaire des trois leaders indépendantistes catalans, le Tribunal de l’UE explique que ce «sursis à exécution» des levées d’immunité, court jusqu’à l’adoption d’une prochaine ordonnance qui tranchera le cas.

Dans leur requête au Tribunal de l’Union Européenne, les trois élus indépendantistes ont soutenu qu’il existe «un risque réel et imminent qu’ils puissent être arrêtés et emprisonnés sur la base des décisions du Parlement, ce qui les empêcherait de représenter les citoyens de l’Union pour le reste de leur mandat». Ils ont notamment insisté sur le risque d’être arrêtés en France, s’ils se rendent à Strasbourg pour participer à la session plénière du Parlement européen qui s’ouvre le 7 juin 2021.

Elus au Parlement européen en 2019, Carles Puigdemont, Antoni Comíni Oliveres et Clara Ponsatí, sont poursuivis par la justice espagnole pour «sédition». Dans le cas de Carles Puigdemont et Clara Ponsati, s’ajoute l’accusation de «détournements de fonds publics». Les poursuites découlent de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. La levée de leur immunité aux trois eurodéputés, ouvrait la voie à un examen par les autorités judiciaires des pays où ils vivent en exil, des mandats d’arrêt émis à leur encontre par l’Espagne. Réfugié en Belgique depuis octobre 2017, l’eurodéputé Carles Puigdemont, a dénoncé, depuis le début de cette affaire, «un cas clair de persécution politique».

ML

Sahara-Espagne-Polisario

Brahim Ghali rattrapé par son passé d’espion

Le chef de gang polisarien Brahim Ghali, était un espion à la solde du régime franquiste. L’information a été révélée par le journal espagnol «La Razon».

«De 1971 à 1975, année de l’organisation de la Marche Verte, pour la récupération du Sahara, l’agent Ghali était chargé par l’Espagne, (alors dirigée par le Général Francisco Franco, Ndlr), de rédiger des rapports sur le Maroc», a précisé La Razon, dans un article daté du 29 mai 2021, de son auteur J.M. Zuloaga.

Le journaliste a accompagné son article de documents top secrets, dévoilant outre l’appartenance tribale de Brahim Ghali, son numéro d’enregistrement en tant qu’espion au service du régime espagnol de l’époque (8360)  et sa carte d’identité (B7248055) qui prouve qu’il a bel et bien eu la nationalité espagnole.

La Razon a indiqué que l’espion Brahim Ghali, a été recruté par le régime de Franco, au sein des services d’espionnage au début des années soixante. «Mais après l’enlèvement par le Polisario de certains éléments espagnols, les services du renseignement de la péninsule ibérique, qui ont découvert ses liens avec les séparatistes impliqués dans cet acte terroriste, l’ont exclu en le plaçant sous surveillance», a fait savoir le quotidien espagnol.

ML

Logroño

Nouvelle procédure judiciaire contre Brahim Ghali

Le tribunal d’instruction numéro 3 de Logroño a ouvert une procédure préliminaire contre le chef des milices séparatistes, le dénommé Brahim Ghali, pour falsification d’un document de voyage avec lequel il a pu entrer dans le territoire espagnol le 18 avril 2021.

Cette décision a été prise suite à une plainte déposée par le syndicat des fonctionnaires espagnols Manos Limpias (mains propres), mercredi 2 juin 2021.  «Les faits tels que présentés renferment des indices qui font état de l’existence présumée d’un délit de falsification d’un document public», a indiqué le juge dans son arrêt. Dans ce cas, «il y a lieu d’ouvrir une procédure préliminaire contre Brahim Ghali», a-t-il argumenté.

Pour rappel, Brahim Ghali a été admis le 18 avril 2021 à l’hôpital San Pedro de Logroño, au nord de l’Espagne, sous une fausse identité algérienne. A l’heure où ces lignes sont écrites, Ghali est toujours admis à l’hôpital militaire d’Ain Naadja en Algérie, après avoir reçu la visite de Abdelmajid Tebboune et Saïd Chengriha, respectivement pitoyable et pathétique symboles de la continuité d’un régime opaque et corrompu dont le peuple algérien ne veut plus.

ML

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