Sorti au grand jour des ruines de la dernière guerre, qui s’est achevée par un cessez-le-feu le 21 mai, M. Sinouar se proclame vainqueur, champion de la nation palestinienne.
«Il n’y a pas de doute, notre peuple a vu que ce cycle s’est achevé sur une claire victoire pour les Palestiniens», répond-il lorsqu’on l’interroge, mercredi 26 mai, sur ces Gazaouis qui devront seuls réordonner leur vie, après un quatrième épisode de destructions depuis 2008. Les 254 morts de Gaza, selon les autorités locales, dont 80 combattants, le concernent au premier chef. Mais la reconstruction n’est pas son affaire. Cette tâche ingrate revient aux donateurs internationaux, par l’entremise de l’Autorité palestinienne du Président Mahmoud Abbas.
Il est conscient que le Hamas s’est normalisé à la faveur du conflit, parmi les citoyens palestiniens d’Israël comme en Cisjordanie occupée. Alors que son double, le chef militaire Mohammed Deif, rentre dans l’ombre, M. Sinouar cherche à capter le surprenant moment d’unité nationale qu’ont vécu les Palestiniens depuis le mois d’avril, de manifestations à Jérusalem en émeutes en Israël et en Cisjordanie. M. Sinouar, homme chiche en parole publique depuis qu’il a pris la tête du Hamas à Gaza en 2017, «phobique» des caméras selon ses termes, s’exprime pour la première fois depuis mai 2018 devant la presse étrangère.
Durant la guerre, il a entendu une foule de fidèles saluer son mouvement sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem et scander son nom. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a lancé jeudi 27 mai une enquête internationale sur les atteintes aux droits humains commises dans les territoires palestiniens occupés et en Israël depuis avril, mais aussi sur les «causes profondes» des tensions. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a immédiatement dénoncé une «décision honteuse» qui «encourage les terroristes dans le monde entier». En revanche, le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a «salué» la décision du Conseil des droits de l’homme et l’Autorité palestinienne y voit «un pas en avant» dans la protection des droits humains des Palestiniens.
P. Zehr