Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger
Le Maroc s’est toujours gardé de vanter ses exploits, préférant laisser les réalisations sur le terrain parler pour lui. L’humilité du Royaume ne doit cependant pas être interprétée comme une faiblesse.
Les relations diplomatiques entre Rabat et Madrid traversent ses derniers temps une zone de grandes turbulences, suite à l’accueil par les autorités espagnoles du dénommé Brahim Ghali, chef des milices séparatistes du Polisario, sous une identité algérienne usurpée. Cerise sur le gâteau, les autorités espagnoles n’ont même pas pris la peine d’en aviser préalablement les autorités marocaines. Au lieu d’admettre son erreur, le gouvernement espagnol dirigé par le parti socialiste de Pedro Sanchez, a opté pour la fuite en avant.
Mensonges du gouvernement espagnol
Dans un premier temps et face à l’insistance du Maroc qui a adressé, par voie diplomatique, une série de questions à la partie espagnole, et dont il attend toujours des réponses convaincantes, le gouvernement espagnol a prétexté des considérations «humanitaires» pour justifier l’accueil sur le territoire espagnol d’un criminel de guerre qui fait l’objet de plaintes de la part de citoyens détenteurs de la nationalité espagnole.
Voyant bien que ses arguments humanitaires fallacieux ne tiennent pas la route, l’Espagne qui a entre-temps remis ses vieilles lunettes coloniales, dont elle ne s’est jamais vraiment débarrassée, a profité d’un incident survenu lundi 17 mai 2021 au niveau de Ceuta. Ce jour-là, un nombre important de migrants, déferle sur le préside situé au nord du Maroc. Aussitôt, l’Espagne s’accroche à cet incident pour fuir le vrai problème, et remettre en doute le rôle et l’efficacité du Maroc dans la gestion migratoire. Là aussi, l’Espagne a eu faux sur toute la ligne. Le Maroc n’éprouvera aucune difficulté à détricoter l’un après l’autre, les arguments en trompe-l’œil avancés par le gouvernement espagnol. Depuis le début de la crise Maroc-Espagne, les responsables espagnols, particulièrement une certaine Arancha Gonzales Laya (ministre ibérique des AE), n’en rate pas une pour prendre le Maroc de haut. Suite aux événements qu’a connu le préside occupé de Ceuta, le 17 mai 2021, la ministre espagnole a cru qu’en se cachant derrière l’Union Européenne qu’elle a voulu impliquer dans cette affaire, elle allait intimider le Maroc. C’est tout le contraire qui s’est produit.
…Et vérités de Nasser Bourita
Qui de mieux que le Chef de la diplomatie marocaine pour démonter le faux raisonnement spécieux de la partie espagnole au sujet de la gestion marocaine du dossier de la migration. Invité à s’exprimer sur trois chaines françaises d’information générale (LCI, BFM TV, Europe1), Nasser Bourita a eu le mot juste et pertinent pour rappeler à l’Espagne quelques vérités au sujet du partenariat qui lie le Maroc à l’Europe dans le domaine de la migration. «Le registre du Maroc dans la lutte contre la migration clandestine est connu», a affirmé Bourita, soulignant que ce qui s’est passé dans l’enclave de Sebta vient «rappeler d’abord le coût que le Maroc assume pour préserver le bon voisinage». Et le Chef de la diplomatie marocaine de préciser qu’«en matière de lutte contre la migration illégale, «le Maroc n’a pas besoin d’être noté par l’Espagne et ses médias», rappelant dans ce cadre que le Royaume a fait avorter pas moins de 13.000 tentatives d’immigration irrégulière depuis 2017, démantelé 4.163 réseaux de trafics d’êtres humains et empêché 48 tentatives d’assaut sur Ceuta. «Il y a une réalité, il y a des chiffres qui méritent reconnaissance», a soutenu le ministre marocain des AE, soulignant que ce qui s’est passé le 17 mai 2021 à Ceuta rappelle aussi «le coût financier que le Maroc assume pour ce bon voisinage, que certains ont malmené…».
Comme indiqué par Nasser Bourita, lesdites «aides» qu’accorde l’Union Européenne (UE) à Rabat pour lutter contre la migration irrégulière sont peanuts par rapport au coût réel de la sécurisation des frontières sud de l’UE. «L’Europe ne nous donne même pas 20% du coût que le Maroc assume dans la lutte contre la migration clandestine», a indiqué le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et des Marocains résidant à l’étranger. Et Nasser Bourita de préciser que les événements qu’a connu Ceuta ont montré que «99% de l’effort de lutte est fait par le Maroc contre rien de l’autre côté», a-t-il affirmé, rejetant ainsi toutes les accusations de chantage de l’Espagne contre le Maroc, qui pourtant, «mobilise ses forces de sécurité et qui paie de son budget pour préserver son voisinage».
En tant que partenaire clé, notamment dans le domaine de la migration et de lutte contre le terroriste, le Maroc est en droit d’exiger de ses partenaires européens, notamment l’Espagne, de montrer un minimum de respect dans le cadre d’un partenariat d’égal à égal, et non pas de maître à subordonné. Il s’agit-là, d’une règle saine à laquelle certains partenaires européens refusent de se conformer. Comme l’a rappelé, à juste titre, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, «le Maroc n’est pas le gendarme, mais il est toujours un acteur responsable» en matière de lutte contre la migration clandestine, a dit Nasser Bourita, soulignant que le Royaume est également en droit d’exiger la même responsabilité, le même engagement et la même confiance de ses partenaires. «Le bon voisinage et le partenariat ne sont pas des slogans. On doit les incarner. Malheureusement, ce que le Maroc a reçu depuis le 17 avril 2021 ne sont pas des preuves de bon voisinage ni de partenariat. Le Maroc d’aujourd’hui n’accepte plus ce genre de double langage», a-t-il insisté.
L’Espagne a créé une crise avec le Maroc et elle veut la faire assumer à l’Europe. Si certains partenaires européens sont tombés aveuglément dans ce piège, d’autres tentent de jouer un rôle responsable et constructif, au lieu de jeter de l’huile sur le feu.
Mohcine Lourhzal