Urgence migratoire et solution radicale

La règle est simple et connue de tous les esprits rigoureux: pour trouver les bonnes réponses, il faut poser les bonnes questions.
Aujourd’hui, la communauté internationale –et plus particulièrement l’Union européenne (UE), première concernée, est sous le choc des drames à répétition qui ont transformé la mer Méditerranée en gigantesque cimetière marin pour migrants clandestins. Les naufrages des boat people, au large de cette étendue maritime qui sépare la Libye de l’Italie, ont fait des milliers de morts ces dernières années. Mais, pour moult raisons (et non seulement du fait du retour du beau temps), le rythme et l’ampleur des boat people ont atteint des proportions inouïes, ces derniers jours. Le nombre de naufrages et de victimes aussi. Le naufrage du dimanche 19 avril, à lui seul, a fait 800 morts ! Précédé par plusieurs autres, il a été la goutte qui a fait déborder…

L’océan. L’UE a «décrété» l’urgence. La Commission européenne a battu l’appel des siens. Après avoir planché sur un plan en dix points, elle l’a présenté, dès le 20 avril, aux ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur des 28 membres de l’UE, réunis à Luxembourg… En prélude au sommet européen extraordinaire, programmé à Bruxelles, jeudi 23 avril. Plus calmement, Bruxelles devrait aussi présenter une «stratégie» concernant les migrations et l’asile, le 13 mai 2015.
Mais il n’est un secret pour personne que l’UE est divisée sur de nombreux points. Il lui faut trouver, aux problèmes migratoires, des solutions qui conviennent à ses 28 membres. Or, les risques -et préjudices concrets- ne sont pas les mêmes pour tous. Donc, la perception des problèmes non plus. Et pour ne rien arranger, l’UE doit trouver des solutions dans l’urgence, alors que des complications s’ajoutent aux complications… Il n’était déjà pas simple d’adopter une position commune face à l’immigration clandestine «classique», celle appelée «immigration économique» (qui pousse des citoyens, désespérés par le manque de moyens et de perspectives dans leur pays, à chercher l’Eldorado en Europe). Voilà qu’il faut aussi se déterminer par rapport à d’autres catégories d’immigration, résultant de l’instabilité de certains pays du pourtour de la Méditerranée et des guerres qui s’y livrent: guerres claniques, politiques, religieuses… Que faut-il faire, face aux immigrés qui viennent chercher une meilleure vie en Europe ? Les renvoyer ? Les parquer dans des centres de détention ? Les régulariser et leur laisser une chance de s’intégrer ? Que faire dans les eaux territoriales ? Juste le contrôle et la surveillance, ou la recherche et le sauvetage ? Qui fera quoi, les pays limitrophes ou l’UE ? Comment financer, partage équitable du fardeau, ou chacun finance «ses» immigrés, suivant la règle «les migrants sont pris en charge par le pays de leur 1ère entrée» ? Il faut aussi prendre des décisions par rapport aux pays émetteurs, aux passeurs, aux stratégies déstabilisatrices de nébuleuses terroristes… L’Australie a opté pour une solution radicale: aucun immigré n’est accepté, tous refoulés ! Certains pays d’Europe minés par la crise, effrayés par toutes les menaces actuelles, veulent en faire autant. L’entité UE, au regard de ses valeurs, ne le peut pas. Tout le problème est là.

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Bahia Amrani

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