Les participants à un webinaire organisé mardi dernier par l’Institut CDG se sont penchés sur les réussites de l’Afrique et ses défis ainsi que sur les perspectives de développement et de croissance du continent.
Initiée dans le cadre de son cycle de conférences “Regards vers le futur”, dans son édition 2021, la troisième rencontre en ligne de l’année a été consacrée au continent africain et à son potentiel de croissance, indique Institut CDG dans un communiqué.
Sous le thème “L’Afrique, le continent de demain ?”, la rencontre a réuni quatre African believers qui ont apporté des témoignages éclairants autour des transformations à l’œuvre sur le continent.
Il s’agit de Marion Scappaticci, entrepreneure et fondatrice du studio de conseil, d’incubation et de production Hinterlands, dédié à la valorisation des champions africains sur la scène internationale, Asma Charki, Associée executive au sein de Mazars au Maroc en charge du Tax advisory services, Alioune Sall, ex-coordonnateur régional du projet d’études nationales de perspectives à long terme du PNUD à Abidjan, fondateur et directeur exécutif de l’Institut des Futurs Africains et Taoufiq Marzouki Zerouali, directeur général de NOVEC, filiale du Groupe CDG et acteur de premier ordre dans le domaine de l’ingénierie.
L’Afrique est généralement perçue comme une région en plein boom démographique, avec une prépondérance des populations jeunes en âge de travailler, mais qui souffre de plusieurs maux : économies dépendantes des chocs externes et peu résilientes, chômage élevé particulièrement parmi les jeunes, taux d’extrême pauvreté des plus élevés du monde, espérance de vie la plus faible du monde, exposition élevée aux catastrophes naturelles, etc.
Cette perception cache néanmoins les mutations structurelles que connait le continent. La région a enregistré une série de bonnes performances économiques depuis le début du millénaire : entre 2000 et 2019, le taux de croissance annuel moyen du PIB africain a atteint près de 7 % par an, contre %5,12 par an pour le PIB mondial.
Dans le sillage de ces bonnes performances, les indicateurs socioéconomiques se sont également améliorés : diminution sensible du taux de pauvreté, amélioration du PIB par habitant, progrès significatif des indicateurs du développement humain relatifs à la santé et à l’éducation, etc.
Terre riche en matières premières et forte par sa population jeune et regorgeant de dynamisme, l’Afrique attise aujourd’hui, plus que jamais, les appétits de tous : Chine, Etats-Unis, Union Européenne, etc.
Dans ce contexte, elle est appelée à concilier ses propres trajectoires socio-économiques aux impératifs imposés par la compétitivité mondiale et par la concurrence rude et sans précédent exercée par l’ouverture croissante des économies et des marchés.
Le webinaire a été l’occasion de revenir sur les atouts et avantages dont disposent le continent ainsi que les différents pays et régions qui le composent, leurs perspectives de développement et de croissance ainsi que les stratégies et mécanismes à mettre en place en vue d’apporter des réponses concrètes aux attentes des peuples africains en termes de progrès des niveaux de vie et de stabilité politique et sociale.
La rencontre a également permis de revenir sur l’exposition du continent aux risques engendrés par le changement climatique et ses capacités (humaines, techniques et financières) à y faire face.
Les interventions complémentaires des quatre experts conviés par l’Institut CDG ont permis d’effectuer un exercice de prospective quant aux futurs possibles de l’Afrique, aboutissant à des propositions concrètes et optimistes pour l’avenir.
La vraie richesse de l’Afrique est sa population jeune et dynamique. Il s’agit là d’un important atout qui pose néanmoins des défis majeurs, en termes de stabilité sociale notamment, constatent les intervenants.
Ces jeunes populations ont besoin d’un leadership politique visionnaire, capable de canaliser leurs forces créatrices et de répondre à leurs attentes, notamment en matière d’accès à une éducation et à des soins de santé de qualité.
L’avenir de l’Afrique sera certes marqué par les tendances lourdes qui ont façonné son histoire et son développement, mais il dépendra également de l’évolution des germes de changement qui marquent le paysage d’aujourd’hui. Il n’y a pas une Afrique, mais des Afriques… Les trajectoires d’évolution seront également multiples !
Les trajectoires de développement et d’émergence du continent doivent tenir compte de l’évolution des variables économiques, sociales et sociétales, politiques, environnementales, culturelles et technologiques.
La question est de savoir si le continent et les différents pays et zones d’activité qui le composent seront en mesure de rattraper les retards cumulés sur ces différents aspects.
Les modèles de développement économique devraient identifier les avantages compétitifs propres à chaque pays (tourisme durable, économie du textile, économie numérique, etc.) en vue de développer des locomotives régionales, soulignent les experts, notant que ces modèles de développement ne doivent pas occulter les volets sociaux et humains qui, s’ils ne sont pas suffisamment pris en charges, peuvent devenir un réel frein au dynamisme économique.
L’émergence de zones économiques régionales (comme la ZLECAF) permettra de consolider le leadership économique des pays africains. Le continent gagnerait à mettre en place des alliances régionales et des rapprochements sectoriels afin de développer encore davantage les échanges commerciaux panafricains.
Les réponses apportées à la crise de la covid19- ont lourdement pesé sur les finances publiques des pays africains, les déficits budgétaires sont estimés à près de 8% du PIB en 2020. Le financement de l’après crise passera par la priorisation du rétablissement des équilibres budgétaires à travers, notamment, l’amélioration de la capacité des Etats à collecter les recettes fiscales, mais également à travers la mise en place de réformes des systèmes fiscaux sans distorsion de la croissance et avec des mécanismes de relance sectoriels (au profit des TPE, de la R&D, de l’économie digitale, etc.).
Le grand enjeu du financement des économies africaines actuellement est la canalisation des financements vers le tissu des TPE et PME, mais également du tissu informel qui emploie près de 70% de la population, qui regorge de talents mais qui a d’énormes difficultés à accéder aux financements.
Il y a une prise de conscience au plus haut niveau du leadership politique africain de la nécessité d’intégrer les risques liés au changement climatique dans l’élaboration des stratégies sectorielles et des modèles de développement nationaux.
L’objectif est d’évoluer vers des économies qui génèrent de la croissance inclusive et durable. Mais malgré la mise en place de plusieurs fonds à l’échelle mondiale pour le financement de la transition vers des croissances économiques vertes, les pays africains demeurent confrontés à la complexité des procédure d’accès à ce type de financements.
Face aux tensions géopolitiques, l’Afrique gagnerait à unir ses efforts et à parler d’une seule voix et, pourquoi pas, évoluer vers un Etat fédéral, afin de pouvoir peser sur l’échiquier international et défendre les intérêts de ses populations.
L’Institut CDG se veut un vecteur de transformation de l’information en nouveaux savoirs partagés, pouvant enrichir et conforter le Groupe CDG dans la connaissance de son environnement socio-économique et dans ses pratiques. L’Institut CDG promeut un espace de réflexion à même de favoriser l’éclosion d’idées innovantes et de solutions constructives dans le cadre des grands débats nationaux.
LR/MAP