Amours fatales

Finalement, la liaison qu’entretenaient les deux ministres du PJD, El Habib Choubani, ministre chargé des relations avec le Parlement et la société civile et Somaia Benkhaldoun, ministre déléguée auprès du ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres –et qui a pourtant fini par un mariage, selon les déclarations de la ministre faites sur les réseaux sociaux- leur aura coûté leur poste.
La décision de pousser les deux ministres vers la porte a été entérinée par le parti dont les responsables se sont réunis lundi 11 mai, sous la présidence de leur chef -et chef du gouvernement- Abdelilah Benkirane.
Le lendemain mardi, en fin de journée, on apprenait par un communiqué du Cabinet Royal, qu’«en application de l’article 47 de la constitution», le chef du gouvernement avait soumis à SM le Roi, une «demande de décharge» des deux ministres «qui ont présenté, individuellement, leur démission du gouvernement» ; ainsi qu’une «demande de décharge de ses fonctions de Abdelaadim Guerrouj, ministre délégué auprès du ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, chargé de la formation professionnelle».

Il était ensuite indiqué, dans le même communiqué que «SM le Roi a bien voulu donner son accord à ces demandes» et que le Souverain a chargé le chef du Gouvernement de lui soumettre «des propositions de nomination de nouveaux ministres aux postes ministériels vacants, y compris le poste de ministre de la jeunesse et des sports».
C’est donc à un remaniement ministériel partiel qu’on assistera dans les prochains jours.
Tant mieux ! Les rumeurs et pronostics sur un «imminent» remaniement ministériel parasitent le paysage politique depuis assez longtemps pour qu’il y soit mis fin. Cela dure depuis le scandale des inondations du complexe sportif de Rabat qui a entraîné, le 7 janvier dernier, le départ du ministre de la jeunesse et des sports.
Ce remaniement partiel permettra peut-être enfin au gouvernement et à la classe politique dans son ensemble de se préparer avec plus de rigueur aux échéances électorales de septembre prochain… Et de rehausser le niveau du propos et de de l’action politiques qui ont sensiblement décliné, ces derniers temps.
Cette focalisation sur la vie privée des deux ministres, par exemple, avait des relents à la fois écoeurants et hypocrites.
Ecoeurants, parce qu’on ne s’acharne pas comme ça sur deux adultes consentants qui entretiennent une relation intime mais sérieuse. Même s’ils sont ministres. On n’en fait pas un discours dans un meeting, ainsi que l’a fait Hamid Chabat, à Errachidia, comme si c’était une affaire d’Etat ou de grande trahison. Les Marocains n’avaient jamais connu cela auparavant ! La vie privée était sacrée et totalement absente du discours politique. On jasait dans les salons et dans les bars… Mais ça s’arrêtait là.
Hypocrites, parce que le Maroc n’est pas l’Amérique. Aux Etats Unis, la vie privée n’existe pas pour un homme ou une femme politique. Il faut un parcours sans faute si l’on veut faire de la politique. Tout le monde le sait. Tout le monde s’y conforme. Et quand on s’écarte de cette ligne, on s’expose au scandale et à la fin brutale de la carrière politique.
Mais au Maroc, depuis quand les relations intimes des adultes mettent-elles fin à une carrière ? Si c’était le cas, les coups de balai seraient nombreux ! Nous ne sommes pas de ceux qui tirent sur l’ambulance, mais une remarque tout de même à propos des deux ministres: n’ont-ils pas été victimes de la moralisation à outrance de leur propre parti, au référentiel islamiste ?

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