Optimisme mesuré de Bank Al-Maghrib

Jouahri bank al maghrib

Optimiste mais assez prudent, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, (BAM), l’a bien été lors du point de presse qui a suivi la tenue de la réunion trimestrielle du Conseil de la banque centrale.

En effet, partant d’une analyse du contexte économique international, puis national, Jouahri a fait savoir que ce contexte, bien qu’encore assez incertain, permet tout de même une prévision centrale d’inflation en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. Cependant, cette prévision reste entourée d’incertitudes liées, sur le plan externe en particulier, à l’évolution à moyen terme du cours du pétrole. Jouahri a estimé que l’inflation devrait s’établir à 1,5% en 2015, tenant compte notamment de l’effet du relèvement du SMIG devant entrer en vigueur en juillet et de l’évolution prévue du cours du pétrole sur le marché international, ajoutant qu’elle devrait atteindre 1,4% en moyenne sur les six prochains trimestres. BAM continuera cependant de suivre de près l’ensemble de ces évolutions.

Le taux de croissance grimpe

Concernant le taux de croissance, le gouverneur de BAM a relevé qu’il devrait se situer autour de 5%, tiré par une hausse de près de 15% de la valeur ajoutée agricole, alors que le rythme des activités non agricoles devrait s’accélérer légèrement pour avoisiner 3,5%.
«Le taux de chômage est ressorti ainsi en baisse de 0,3 point à 9,9% au niveau national et à 14,3% en milieu urbain», a poursuivi Jouahri, ajoutant: «L’output gap non agricole demeure négatif et devrait le rester à moyen terme, dénotant ainsi l’absence de pressions inflationnistes émanant de la demande».
Quant à la sphère financière, le Wali de BAM a souligné que les recettes ordinaires se sont renforcées à fin avril de 4,8%, tirées essentiellement par le produit des monopoles qui est passé de 429 millions à 4,2 milliards et la progression des rentrées fiscales restée limitée à 0,4%.
De leur côté, les dépenses globales ont enregistré un recul de 7,1%, traduisant essentiellement des diminutions de 59,6% de la charge de compensation et de 6,7% des dépenses d’investissement.
Jouahri a précisé que l’exécution budgétaire sur les 4 premiers mois de l’année s’est soldée par un repli de 49,6% du déficit budgétaire, notant que si cette tendance se maintient, l’objectif d’un déficit à 4,3% du PIB à fin 2015, fixé dans le cadre de la loi de finances, sera atteint.

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L’immobilier pas si bien que ça!

Pour ce qui est du marché immobilier, il a fait savoir que l’indice des prix des biens immobiliers a connu au premier trimestre un léger recul de 0,2% en glissement annuel, avec une diminution de 1,6% pour les locaux à usage commercial et une quasi-stagnation pour les biens résidentiels, alors que les prix du foncier se sont appréciés de 0,4%.
Il a également évoqué le compartiment boursier, signalant qu’après une hausse de 6,8% au premier trimestre, l’indice de référence s’est inscrit dans une tendance baissière, enregistrant au 10 juin un recul de 0,3% depuis le début de l’année.

Et le crédit bancaire peine à repartir

Le crédit bancaire peine à repartir, découragé par la demande, a encore noté le wali de BAM, faisant état d’un léger ralentissement de l’agrégat M3 (Masse monétaire) à 6,8%, après 7,1% en moyenne au premier trimestre, traduisant une diminution du rythme du crédit bancaire de 3,8% à 2,5%. «L’enquête que nous avons menée sur l’octroi des crédits montre que c’est davantage au niveau de la demande que les crédits bancaires peinent à repartir. Ce n’est pas à cause des banques», a-t-il souligné. Toutefois, «la demande émanant des particuliers aurait augmenté, notamment pour les prêts immobiliers», a-t-il nuancé.
Pour l’exercice 2015, le taux d’accroissement de M3 devrait se situer à 6% et celui du crédit bancaire autour de 4%, a expliqué le wali de la banque centrale, précisant que l’écart monétaire ressort ainsi négatif, dénotant l’absence de pressions inflationnistes d’origine monétaire.
Il a également signalé l’amélioration de la liquidité bancaire, au cours du mois d’avril et de mai, de 3,4 milliards par rapport au premier trimestre, reflétant principalement le renforcement des réserves de change, ajoutant que la Banque a ainsi réduit le volume de ses interventions, le ramenant de 42,5 milliards à 39,1 milliards en moyenne hebdomadaire.
Pour ce qui est des conditions débitrices, Jouahri a indiqué que le taux débiteur global s’est inscrit en recul de 22 points de base à 5,8%, sous l’effet des baisses du taux directeur de septembre et de décembre 2014, précisant que cette diminution a concerné toutes les catégories de crédit, à l’exception des prêts à la consommation.

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Encourager le crédit bancaire


Les dépôts bancaires ont augmenté au niveau de la période 2015 de près de 7%, tandis que les dépôts à terme ont progressé de manière très consistante, reflétant ainsi l’absence de la demande de crédit. «Les opérateurs préfèrent placer leur argent au lieu de l’utiliser dans des opérations d’investissement», a expliqué Jouahri, notant que la banque centrale continue d’agir en tant que régulateur pour maximiser les conditions favorables d’octroi des crédits bancaires aux PME et TPME.
Evoquant, à cet effet, les fonds de soutien aux PME et TPME, Jouahri a souligné que, dans le cadre des injections de liquidités hebdomadaires effectuées par BAM pour alimenter le marché interbancaire, il sera procédé à des critères de répartition qui prennent en compte à la fois les formes de crédits accordés par la Banque, le total des crédits dans les emplois de la Banque et en troisième lieu la transmission de la baisse du taux directeur aux conditions débitrices appliquées à la clientèle. «Nous essayons de trouver le biais par lequel nous pourrons inciter les banques à prendre un peu de risque, sans restriction, ni limitation à l’offre, de manière à susciter la demande du crédit bancaire», a relevé le wali, ajoutant que la baisse du taux directeur a pour objectif d’influer sur le taux interbancaire et, par conséquent, sur les conditions débitrices appliquées à la clientèle, de manière à rendre une frange de clientèle accessible aux crédits.
Le wali de BAM a, entre autres, averti contre l’augmentation d’un point des créances en souffrance, avec un coût d’approvisionnement et de risque qui progresse pour le secteur bancaire.

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