Baccalauréat 2015 : Prolifération de la fraude

Baccalaureat 2015

Une vraie histoire et un grand dilemme qui mettent le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle face à une réalité des plus dures: la prolifération de la fraude et la naissance de vrais réseaux qui l’encouragent. Cette année, ce ne sont pas moins de 3.066 cas de fraude qui ont été recensés au titre de la session ordinaire de l’examen national unifié du baccalauréat. C’est le ministère qui l’a annoncé. Il a aussi souligné que cette session, dont les résultats doivent être annoncés le 24 juin, avant les épreuves de rattrapage prévues durant la première quinzaine de juillet, a été passée par plus de 500.000 élèves (nombre en hausse de près de 3%). Elle a également été marquée par un taux de participation de 96,52% pour les candidats scolarisés et 48,66% pour les candidats libres.
Fait inédit, le ministère a pris les choses en main et annoncé que, lors de cette session, les candidats au baccalauréat des branches Sciences expérimentales (et sections) et Sciences et Technologie (et sections) allaient devoir repasser (vendredi 12 juin), l’épreuve des mathématiques, après que des fuites sur des réseaux sociaux avant le début de l’examen ont été établies.

A cette occasion, le ministère s’est félicité de la maturité et de la discipline des candidats, ainsi que du rôle vital et efficace des autorités sécuritaires et territoriales… Le ministère a souligné sa détermination à prendre toutes les mesures nécessaires à même de garantir la crédibilité des diplômes scolaires nationaux et la mise en œuvre pratique des principes d’équité, de mérite et d’égalité des chances.

Rien n’échappe à la DGSN

Cinquante-sept personnes, dont 10 femmes, ont été arrêtées pour leur implication dans des actes de fraude aux examens du baccalauréat, a indiqué la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Ces arrestations, qui interviennent dans le cadre de l’accompagnement sécuritaire afin de garantir le déroulement normal des examens du baccalauréat 2015, ont concerné les villes de Laâyoune (13 personnes), Fès (9), Casablanca (7), Meknès (4), Agadir (4), Salé (3), Nador (3), Rabat (2), Errachidia (2), El Youssoufia (2), Khouribga (2) et Moulay Driss Zerhoun (2), en plus d’Oujda, Sidi Slimane, Taza et Settat, avec une arrestation chacune.
Les investigations et l’enquête de terrain menées par les services décentralisés de la police judiciaire, en coordination avec les services techniques centraux et les laboratoires d’analyse des traces technologiques, ont permis de repérer plusieurs pages et sites sur les réseaux sociaux utilisés dans la fuite des questions et réponses des épreuves, selon le communiqué.
Il a été également procédé à la saisie d’une importante quantité d’outils informatiques, de téléphones portables, de kits numériques et d’imprimantes utilisées dans les opérations de fraude, ajoute la DGSN.
Le mode de triche qui revient en récurrence dans la plupart des cas consiste en l’utilisation de téléphones portables avec des kits numériques permettant d’appeler des personnes à l’extérieur des centres d’examens et de recevoir des SMS et des messages via Facebook contenant les réponses.
Les investigations ont permis l’arrestation de personnes qui rédigeaient les réponses pour les candidats en contrepartie de sommes d’argent.
Les personnes arrêtées ont été déférées devant la justice, ajoute la DGSN, notant que l’enquête et les investigations se poursuivent sous la supervision directe des parquets généraux compétents, afin de procéder à l’arrestation des personnes impliquées dans les opérations de fuites.

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Ministère : Une loi qui tarde

Des partis d’opposition ont réclamé la démission du ministre Rachid Belmokhtar, tandis que le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, a tapé du poing sur la table. Cette fuite constitue «une trahison envers la patrie», a-t-il déclaré en conseil de gouvernement. «C’est la crédibilité du baccalauréat marocain qui pourra être remise en cause (…). C’est de l’image de notre pays qu’il s’agit aujourd’hui. Les images du chaos qui a régné dans plusieurs écoles font tout simplement peur». Pourtant, pris au dépourvu par la gravité des faits, le ministère de l’Education nationale s’est montré catégorique et serein… Il a fait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher les candidats au baccalauréat de tricher pendant les examens… Cela, semble-t-il, n’est pas suffisant et donc il est temps d’activer la loi en cours de préparation qui enverra tout tricheur pendant deux ans en prison.
Bien avant le début des épreuves, le ministère avait appelé les professeurs à être vigilants lors des épreuves. Des formations avaient même été dispensées pour reconnaître les tricheurs et des détecteurs ont été fournis aux surveillants.
Déjà en 2013, le ministre de l’Education de l’époque, Mohammed El Ouafa, avait tenté de faire voter une loi contre les tricheurs au bac, mais il n’était pas allé au bout de sa démarche.
Selon une responsable au ministère de l’Education, un nouveau projet de loi actuellement en cours d’élaboration sera discuté prochainement au sein de la commission de l’éducation au parlement. Ce nouveau texte prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à 20.000 DH d’amende et une peine d’emprisonnement de deux ans pour quiconque triche pendant les examens.
Ces nouvelles mesures montrent l’incapacité des autorités à endiguer le phénomène. Malgré de multiples campagnes de communication dans plusieurs établissements sur les dangers de la tricherie au bac, beaucoup ont été pris en flagrant délit lors des examens. Pire, bien avant le début officiel des épreuves, c’est-à-dire le lundi 8 juin, des copies d’examens et leurs corrections étaient déjà disponibles sur Facebook… La loi ne dit rien des fraudeurs constitués en réseaux… Et c’est même une loi qui n’arrangerait pas beaucoup de ceux qui devraient la voter!

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Ceux que la loi n’arrange pas

Un député d’un parti politique de la majorité gouvernementale a été pris en flagrant délit de tricherie la semaine dernière, lors des examens du baccalauréat, dans un lycée de l’académie de la région de Meknès-Tafilalet.
Le tricheur, conseiller à la deuxième Chambre du parlement, copiait des réponses pendant l’examen de philosophie quand il a été surpris par une enseignante chargée de la surveillance des candidats.
En principe, le député devait être sanctionné au même titre que les tricheurs, mais il n’en fut rien. Des interventions en haut lieu ont fait que le parlementaire ait été inscrit absent après avoir produit un certificat médical, pour qu’il puisse se représenter à la deuxième session des examens du baccalauréat.
Ailleurs, un autre conseiller, communal cette fois, a constitué son propre réseau mafieux et s’est entouré d’un collège de professeurs et d’enseignants qui, chacun selon sa spécialité, s’occupe de résoudre les problèmes et le Conseiller les transmet aux candidats qui ont préalablement acheté l’examen corrigé. Ce monsieur, appartenant pour sa part à un parti de l’opposition, n’aura jamais le courage de voter une loi qui va contre ses petits intérêts financiers…

Hamid Dades

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