La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a exprimé, samedi, sa vive préoccupation quant à l’annonce faite en Afghanistan de rouvrir progressivement et uniquement les écoles secondaires aux garçons et leurs enseignants masculins, laissant pour compte les filles et les femmes.
“Si cette interdiction devait être maintenue, elle constituerait une violation importante du droit fondamental à l’éducation des filles et des femmes. Nous appelons les responsables de cette annonce à clarifier la situation et à rouvrir les écoles pour tous les élèves afghans, garçons et filles”, à déclaré Mme Azoulay, citée dans un communiqué.
“L’avenir de l’Afghanistan dépend de l’éducation des filles et des garçons. Nous appelons donc tous les acteurs concernés en Afghanistan à veiller à ce que tous les enfants aient un accès sans entrave à l’éducation dans le cadre de la réouverture progressive des écoles. Le droit à l’éducation de tous les apprenants, en particulier des filles, doit être respecté en cette période critique. Il est tout aussi important que l’ensemble des enseignantes soient autorisées à retourner à l’école pour enseigner, offrant ainsi un environnement d’apprentissage sûr et inclusif pour les enfants en Afghanistan”, a-t-elle dit à son arrivée à New York pour l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations Unies.
“L’UNESCO met en garde contre les conséquences irréversibles que pourrait engendrer le fait de ne pas permettre aux filles de retourner rapidement à l’école à tous les niveaux d’enseignement. Plus particulièrement, un retour retardé des filles dans l’enseignement secondaire risque de les mettre à l’écart dans l’éducation et, à terme, dans la vie. Cela augmente le risque d’abandon complet de leur éducation et les expose à des mécanismes d’adaptation négatifs tels que le mariage précoce. Cette décision peut creuser davantage les inégalités d’apprentissage entre les garçons et les filles et, finalement, entraver l’accès des filles à l’enseignement supérieur et aux opportunités de la vie”, a prévenu la responsable de l’agence onusienne, basée à Paris.
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Selon un rapport de l’UNESCO publié le 10 septembre dernier, l’Afghanistan a fait de grands progrès en matière d’éducation au cours des vingt dernières années, en particulier pour les filles et les femmes.
Depuis 2001, le taux d’alphabétisation des femmes a pratiquement doublé, passant de 17% à 30% ; le nombre de filles à l’école primaire était presque nul en 2001 et a atteint 2,5 millions en 2018.
S’agissant de l’enseignement supérieur, le nombre de femmes est passé d’environ 5 000 en 2001 à 90 000 environ en 2018. Le pourcentage d’enseignantes est lui passé de 27 % en 2007 à 36 % en 2018. Pourtant, ces acquis essentiels pour le développement du pays sont menacés si le retour des filles à l’école se fait attendre.
LR/MAP