Présidentielle française | Mélenchon-Zemmour, ces deux radicalités françaises…

Les deux hommes sont à 10 % dans les sondages. L’un est déjà candidat, il l’a déjà été, l’autre pas encore, il ne l’a jamais été. Ils sont tous deux cultivés, talentueux dans la forme et amoureux de l’histoire. Ils n’ont pour le moment aucune chance d’accéder au second tour de la présidentielle.

Selon les sondages, en effet, aucun des deux –ni Zemmour, ni Mélenchon- n’a de chance d’accéder au second tour de la présidentielle, contrairement au président sortant et, comme la dernière fois, Marine Le Pen.

On peut donc se demander pourquoi les médias ne parlent que de Zemmour et pourquoi leur débat sur BFMTV a battu, pour ce genre de médias, un record d’audience. Ils représentent deux radicalités françaises, deux visions opposées de l’avenir de la république. C’est une confrontation plus attirante que le discours du «en même temps» du Président Macron, ou la course à la dédiabolisation, à la normalisation de Marine Le Pen. Le débat était donc intéressant et, sans doute, bien plus que de nombreux autres qui suivront.

Pour Certains, Mélenchon a trahi la gauche laïque dont il est issu et par électoralisme flatte les islamistes, c’est le fameux islamo-gauchisme. Pour d’autres, Zemmour ne devrait pas pouvoir se présenter, ni parler, car il est raciste et islamophobe et condamné d’ailleurs pour racisme. Mélenchon veut une France créole, laissant toutes leurs places aux communautés étrangères issues de l’immigration, notamment arabo- musulmane. Zemmour dénonce une substitution de population, un grand remplacement qui menace l’avenir de la France. L’ancien chroniqueur de CNews a d’ ailleurs attaqué l’Islam qui serait, selon lui, «aux antipodes de la France»: «L’Islam est une religion politique par essence. Elle ne s’occupe pas de l’intériorité des fidèles mais des normes sociales et politiques. L’Islam est une religion qui concurrence le code civil, (…) qui n’est pas compatible avec la France». De son côté, Mélenchon a vanté «la créolisation de la France». Pour lui, «nous sommes le pays qui pratique depuis le plus longtemps une forme de créolisation assumée, c’est-à-dire, la création d’une culture commune de gens qui se trouvent au même endroit».

Sur le débat lui-même, on remarquera que décidément la seule ligne éditoriale des médias, c’est l’audience. BFMTV qui a dénoncé la chronique de Zemmour sur CNEWS, que ce dernier a dû abandonner, a donné la parole à Zemmour et organisé le débat. Critiqué à gauche pour avoir accepté de débattre avec Zemmour, le député Mélenchon a également tenté de se justifier: «J’ai souhaité ce débat parce qu’on est à sept mois d’une élection présidentielle, je suis candidat et les occasions de convaincre doivent être toutes saisies».

 Si Jean-Luc Mélenchon a souhaité que ce débat ne «tourne pas en une guerre de coqs», il s’en est tout de même pris dès les premières minutes à Eric Zemmour. «Vous êtes un danger pour notre pays. Vous avez une vision rabougrie de la France, a-t-il lancé. Vous êtes un raciste, condamné pour ça».  Sa formule sur le Zemmouristan qui restera a fait sourire même son rival.

D’autres sujets ont été évoqués. Affrontement total sur le nucléaire. Pour Eric Zemmour, la solution reste le nucléaire, qui permet à la France «d’être le pays qui émet le moins de CO2». «Abandonner le nucléaire, c’est abandonner la souveraineté de la France, c’est abandonner 200 000 emplois directs», a-t-il expliqué, souhaitant «réinventer une écologie de droite, enracinée, près de la nature». JL Mélenchon propose, lui, d’«abandonner» le nucléaire dans les prochaines années à cause, notamment, du risque d’accident et de la question des déchets. Le député souhaite ainsi «déployer l’hydroélectrique, redéployer les hydroliennes, l’énergie géothermique et améliorer la sobriété dans la consommation énergétique. Ça va mettre au travail des dizaines de milliers de gens».

Un point d’accord sur la signification  de l’abstention: «Quoi que les électeurs votent, le résultat est le même», estiment-ils. 

Deux radicalités françaises qui vont peser dans le débat politique de la présidentielle. On verra si Mélenchon parvient à remonter, car il avait fait 17 % à la dernière présidentielle, il est à la baisse, ce qui explique en partie qu’il a accepté le débat. On verra si Zemmour est candidat et s’il n’est pas finalement qu’une bulle médiatique d’un milieu en quête permanente de nouveauté. Une chose est sure, tous les candidats devront prendre en compte une radicalité nouvelle qui s’exprime également très fortement dans le camp des écologistes. Si Mélenchon va jusqu’au bout, il participera à l’émiettement de la gauche qui n’aura alors aucune chance de parvenir au second tour. Si Zemmour va jusqu’au bout, il risque d’empêcher marine Le Pen d’accéder au second tour au profit du candidat des républicains. Il y a cependant une condition importante pour cette hypothèse. Que cette famille politique réussisse à présenter un candidat unique. Ce serait plus dangereux finalement pour Macron. Il est donc difficile de penser que le Président soit derrière la candidature Zemmour, car le Président sortant reste sûr, à tort ou à raison, de l’emporter sur Le Pen. Reste qu’il sera difficile au polémiste de recueillir les 500 signatures indispensables à un dépôt de candidature.

Mais la présidentielle est encore loin et tout reste possible. Encore plus pour cette présidentielle française que pour les précédentes.

Patrice Zehr

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