Le Fond monétaire international (FMI) prévoit que la croissance économique mondiale cette année devrait accuser “un léger ralentissement” par rapport au 6 pc anticipé en juillet dernier, attribuant la situation à la “grande fracture vaccinale” et aux “grandes disparités” entre pays pour soutenir la reprise.
“En juillet, nous prévoyions une croissance mondiale de 6 % en 2021. Comme vous le verrez la semaine prochaine dans notre mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale, nous prévoyons maintenant un léger ralentissement de la croissance pour cette année”, a indiqué la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, dans une intervention virtuelle, à l’Université de Bocconi à Milan.
S’exprimant à la veille des réunions d’automne du FMI et de la Banque mondiale, elle a expliqué que les risques et les obstacles qui entravent une reprise mondiale équilibrée “se sont encore accentués”.
“La reprise mondiale reste +entravée+ par la pandémie et ses répercussions. Nous sommes incapables d’avancer correctement : c’est comme si nous marchions avec des cailloux dans nos chaussures !”, a-t-elle dit, soulignant que l’obstacle le plus immédiat est celui de la “Grande Fracture vaccinale”, ce qui laisse beaucoup de pays sans accès suffisant aux vaccins contre la COVID-19.
Dans le même temps, de “grandes disparités” demeurent d’un pays à l’autre pour ce qui est de leur capacité à réagir, c’est-à-dire à soutenir la reprise.
Evoquant les obstacles à la relance post-Covid, la DG du FMI a cité en premier “la divergence” de la croissance économique qui devient “persistante”.
“Les États-Unis et la Chine restent des moteurs essentiels de la croissance, même si leur dynamique marque le pas. Quelques pays avancés et pays émergents poursuivent leur essor ; c’est le cas de l’Italie et, de manière plus générale, des pays européens”, a-t-elle dit.
En revanche, dans de nombreux autres pays, la croissance “continue de se dégrader, freinée par un faible accès aux vaccins et une riposte insuffisante des pouvoirs publics, notamment dans certains pays à faible revenu”.
Le deuxième “caillou”, selon elle, a trait à l’inflation: les taux d’inflation globale ont augmenté rapidement dans un certain nombre de pays, mais là encore, certains sont plus touchés que d’autres, a dit Mme Georgieva.
“L’inflation est particulièrement préoccupante du fait de la hausse à l’échelle mondiale des prix des denrées alimentaires, qui ont augmenté de plus de 30 % au cours de l’année écoulée. Conjuguée à l’augmentation des cours de l’énergie, cette hausse accentue la pression sur les familles les plus pauvres”, a-t-elle alerté, en évoquant des perspectives d’inflation “très incertaines”.
“Cela mettrait particulièrement à l’épreuve les pays émergents et les pays en développement fortement endettés”.
S’agissant du troisième obstacle lié à la dette, elle a indiqué que la dette publique mondiale a atteint près de 100 % du PIB. Cela s’explique en grande partie, a-t-elle relevé, par les nécessaires mesures prises sur le plan budgétaire pour faire face à la crise, ainsi que par les lourdes pertes de production et de recettes dues à la pandémie.
Pour elle, il faut “agir avec détermination: vacciner, adapter, accélérer” pour “enlever ces +cailloux+ de nos chaussures et remédier à ces disparités et à ces obstacles qui entravent la reprise”.
Et de conclure en identifiant trois enjeux prioritaires pour la stabilité économique et financière à venir: le changement climatique, le changement technologique et l’inclusion.
LR/MAP