La première question que s’est posée l’opinion publique, partout dans le monde, en apprenant qu’une nouvelle guerre meurtrière mettait à feu et à sang la bande de Gaza, c’est: qui l’a déclenchée ?
Ce territoire palestinien «libéré», sous autorité du Hamas, avait déjà connu un décembre noir, il y a 4 ans, l’armée israélienne y ayant procédé à un véritable génocide, au nom du droit d’Israël à défendre sa sécurité.
Qui donc a voulu rééditer le drame, pourquoi et pourquoi maintenant ?
Les réponses à ces questions n’ont, bien sûr, pas manqué. Tantôt Israël, tantôt le Hamas, ont été pointés du doigt. Mais cette guerre qu’on nomme «guerre du Proche Orient» dure depuis trop longtemps. Le recours quasi-systématique aux préjugés et partis-pris rend souvent inintelligibles les réponses apportées. On bascule vite dans les grandes généralités de cette guerre. L’opinion publique finit par ne plus rien retenir, si ce n’est que les morts se comptent encore une fois par dizaines et que personne n’en répondra devant qui que ce soit.
Or, il y a bien une chronologie des faits qui ont conduit à cette nouvelle escalade et il y a bien des motivations claires à cette brutale rupture de la trêve sur laquelle s’étaient en principe mis d’accord les belligérants…
En remontant la chronologie, on se dit d’abord que les premiers incidents ne justifient pas une telle escalade. Un jeune homme palestinien qui s’approche des frontières le 5 novembre et qui est tué par les Israéliens ; puis 3 jours plus tard, un enfant de 12 ans qui joue au ballon près de son domicile quand il également tué par les soldats israéliens ; puis une réaction le surlendemain (10 novembre) des Palestiniens qui blessent 4 soldats israéliens… Pardon pour les morts, mais tout cela relève du quasi-quotidien sur ces territoires.
Alors, quoi ? La goutte qui a fait déborder le vase, c’est ce qui s’est passé le 12 novembre. Un événement qui a déclenché l’ire du Hamas et dont Israël endosse toute la responsabilité: l’assassinat ciblé d’un grand responsable du Hamas, Ahmed Jabari. Les observateurs n’apprendront la vérité sur cet événement que 3 jours plus tard, lorsqu’un journaliste israélien explique ceci, dans le grand quotidien Haaretz, sous le titre «Israel killed its subcontractor in Gaza» (Israël a tué son sous-traitant dans la bande de Gaza): «Ahmed Jabari était un sous-traitant, en charge du maintien de la sécurité d’Israël dans la bande de Gaza. Cette qualification paraîtra sans aucun doute absurde à tous ceux qui, au cours des dernières heures, ont vu Jabari décrit comme un “archi-terroriste”, “le chef du personnel de la terreur” ou “notre Ben Laden”. C’était pourtant la réalité durant ces cinq années et demi. Israël a exigé du Hamas qu’il observe la trêve dans le sud et la fasse appliquer par les nombreuses organisations armées dans la bande de Gaza. L’homme à qui avait été confiée cette tâche était Ahmed Jabari». Se sentant floué, le Hamas a repris en les intensifiant ses tirs de roquettes, passant même aux tirs de missiles qui, pour la 1ère fois depuis 21 ans, ont atteint Tel Aviv, faisant (à ce jour du 21 novembre) 4 morts du côté israélien.
Le 1er ministre israélien, Benyamin Netanyahu, ne pouvait ignorer l’éventuelle réaction du Hamas à un tel acte. Ceux qui ont donc égrené toutes les raisons qu’il avait de déclencher cette guerre n’avaient pas tort. Dépit après l’échec aux présidentielles américaines du candidat qu’il a soutenu, Mitt Romney ; colère après l’annonce par l’autorité palestinienne de son intention de demander à l’ONU un statut d’Etat observateur (au lieu de simple observateur) ; et, surtout, motivations électorales, après qu’il ait annoncé des élections anticipées…
Le hic, c’est que Netanyahu n’avait pas prévu que le Hamas passerait aux tirs aux missiles qui atteindraient Tel Aviv et feraient même des victimes. Ce qui lui vaut de vives critiques chez lui. Il n’a pas non plus mesuré à leur juste valeur les inquiétudes de la communauté internationale concernant les risques d’embrasement de la région, compte tenu de la crise syrienne et de toutes les perturbations consécutives aux printemps arabes. Ce qui le force aujourd’hui à négocier avec le Hamas et à écourter son agression meurtrière contre la population de Gaza.
Les morts sont déjà nombreux et les dégâts énormes à Gaza, alors que lui, ne sort pas grand vainqueur de cette guerre… Tout ça, donc, pour un fiasco !