Le comportement de ces «leaders»qui ont la prétention de diriger leur parti, dans un premier temps, puis les affaires de l’Etat –donc, les nôtres- si leur parti remporte les élections, est inqualifiable.
Ces derniers mois, il nous a été donné de voir avec quels acharnement, mauvaise foi, mesquinerie et, le pire, avec quel aveuglement, les candidats aux instances dirigeantes des partis politiques, se sont livrés bataille, devant une opinion publique incrédule, puis écœurée, désabusée…
Nous avons pu voir cela au Maroc, comme en France, d’ailleurs.
En France, avec le feuilleton du duel Copé-Fillon pour la direction du premier parti d’opposition, l’UMP. Duel qui semble avoir enfin trouvé une issue dans l’accord, accepté ce 18 décembre par les deux candidats, portant sur une nouvelle élection devant les départager en septembre 2013.
Au Maroc, avec la «guerre Chabat-El Fassi» pour la direction du parti de l’Istiqlal, il y a trois mois et, cette semaine, avec le déroulement de l’élection du premier secrétaire de l’USFP (Union socialiste des forces populaires).
Certes, le vote des militants de l’USFPn’a pas été précédé de combats homériques, comme celui des militants de l’Istiqlal. Cette consultation a, au premier tour, éliminé de la course deux premiers postulants, les ex-ministres Fathallah Oualalou et Lahbib El Malki ; puis, au deuxième, l’un des deux candidats restants, le député Ahmed Zaïdi ; pour donner vainqueur Driss Lachgar, ex-ministre, actuel député et avocat. Le tout s’étant déroulé sans affrontement spectaculaire.Mais cette sérénité de façade n’a pas résisté aux résultats.
Au premier tour, Fathallah Oualaou (actuel maire de Rabat, capitale du Maroc), a déserté les lieux dès les résultats proclamés, pour ne plus y remettre les pieds, sans laisser de consigne de vote à ses supporters et, surtout, en annonçant qu’il ne présenterait pas sa candidature à la commission administrative (d’où est ensuite issu le bureau politique). En clair, FathallahOualalou, n’ayant pas la possibilité de décrocher la première place, se désengage complètement des instances dirigeantes du parti. La brutalité de la réaction trahit l’étendue du dépit et donne la mesure de son rejet de la nouvelle direction. Lahbib El Malki, lui, avait passé un accord avec Driss Lachgar qui lui assurait la direction de la commission administrative en cas de victoire de ce dernier. Il a donc jeté toutes ses forces dans la bataille pour que Lachgar l’emporte.
Au deuxième tour, Zaïdi, dépité, a fait comme Oualalou, quittant les lieux… Mais sans commentaires. Et, depuis ces résultats du deuxième tour, c’est la cacophonie. Les élections de la commission administrative et du bureau politique reportées… Driss Lachgar, applaudi ici, contesté là… Des députés du parti menaçant de démissionner… Des jeunes Usfpéistes proches du Mouvement du 20 février rejetant la nouvelle direction… Un des jeunes responsables emblématiques du parti –Ali Bouabid- démissionnant…Zaïdi, 3 jours après les résultats, dénonçant irrégularités et pressions…Tout cela désoriente au plus haut point l’opinion publique.
Mais que sont donc devenus les partis politiques ? Des temples à la gloire de personnages aux ambitions et égo démesurés ? Des officines que l’on peut s’approprier au nom d’une filiation avec les pères fondateurs ? Des machines électorales qui seraient, non pas au service des militants de base (au niveau de l’encadrement), ni du peuple (au niveau du programme et du projet de société), mais au service de ministrables, de premier-ministrables, voire de présidentiables et de leurs plans de carrière ?
Le spectacle désolant que donnent d’eux-mêmes tous ces candidats aux crocs acérés, dont les envolées sur les grandes valeurs ne cachent pas des desseins personnels bien plus prosaïques, plus terre-à-terre, relève de l’inconscience. Qui peut faire confiance à ces acteurs politiques que l’on voit à l’œuvre dans leurs petites haines et redoutables guerres, avant qu’ils ne se présentent à nouveau devant les citoyens, guerres oubliées, sourire aux lèvres, jurant que seul l’intérêt général les motive ? Qui peut voir en eux un avenir rassurant pour ses enfants ? Et après cela, on s’interroge sur la faiblesse du taux de participation aux élections nationales ? Mieux, après cela, on s’interroge sur l’élan, de plus en plus large, de plus en plus impressionnant, qui pousse les déçus vers les extrêmes, qu’ils soient religieux ou xénophobes ?