L’Algérie ne fournira plus de gaz à l’Espagne ni au Portugal à travers le Gazoduc Maghreb-Europe (GME), via le Maroc. Prise par le Président algérien Abdelmajid Tebboune, cette décision est certes incongrue, mais reste toutefois insignifiante et sans impact sur le Royaume et encore moins sur la performance de son système électrique.
Depuis le 1er novembre 2021, l’Algérie n’approvisionne plus la péninsule ibérique en gaz naturel. Cette cessation de fourniture intervient suite au non-renouvellement du contrat du Gazoduc GME, qui lie la société algérienne Sonatrach à l’Office National de l’Eau et de l’Electricité (ONEE) depuis le 1er novembre 1996. Il s’agit-là, d’un nouvel acte provocateur raté du pouvoir algérien à l’égard du Maroc. Raté, pour la simple raison que le Royaume avait déjà pris ses dispositions.
Et si c’était une opportunité pour le Maroc?
La fin des expéditions du gaz algérien vers l’Espagne et le Portugal par le tracé marocain, n’auront donc aucun impact majeur sur la performance électrique du Maroc. Sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, le pays œuvre depuis un certain temps déjà, pour la diversification de ses sources d’énergie. La structure énergétique nationale se compose actuellement (novembre 2021) de 60% de pétrole, 25% de charbon, 10% d’énergies renouvelables et 5% seulement de gaz. La non-reconduction du contrat Maroc-Algérie relatif au gazoduc GME ne signifie pas que le Maroc cessera d’exister, loin de là. Plusieurs alternatives s’offrent aujourd’hui au Royaume, notamment celle de procéder à la redirection des flux de gaz de l’Espagne vers le Maroc, tout le long du tronçon dudit Gazoduc qui traverse le territoire national (de Tanger à Aïn Beni Mathar). A tout cela, s’ajoute le fait que la faisabilité technique et logistique du gazoduc Maroc-Nigéria, est devenue plus forte. Ce pipeline qui devrait mesurer plus de 5.000 kilomètres de long et longerait la côte Ouest du continent africain, en traversant pas moins de 14 pays, pourrait devenir une référence en matière de partenariat Sud-Sud, notamment au niveau économique. C’est ainsi qu’il permettra, à terme, de connecter les ressources gazières nigérianes aux pays de l’Afrique de l’Ouest et au Maroc, pour ensuite, desservir le continent européen. Le coût prévisionnel de ce projet de grande envergure, est estimé à 25 milliards de dollars. Annoncé en décembre 2016 lors de la visite d’Etat de SM le Roi Mohammed VI au Nigéria, la réalisation du Gazoduc Nigéria-Maroc a fait l’objet d’accords signés entre Rabat et Abuja en mai 2017 et juin 2018. Une fois opérationnel, le Gazoduc Nigéria-Maroc traversera outre ces deux pays, le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Liberia, le Sierra Leone, la Guinée, la Gambie, le Sénégal, et la Mauritanie.
Tracé du Gazoduc Maghreb-Europe
L’Algérie approvisionne l’Europe en gaz naturel à travers trois gazoducs qui traversent la mer Méditerranée vers l’Italie et l’Espagne, depuis les champs de Hassi R’Mel dans le sud du pays jusqu’au vieux continent. Quant à l’Espagne, l’Algérie est reliée à elle par deux gazoducs, dont l’un s’appelle Gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui a été inauguré en 1996. Il transportait des quantités annuelles de gaz allant jusqu’à 12 milliards de mètres cubes, sur une longueur de 1.350 km. A l’intérieur des frontières algériennes, l’Oléoduc traverse les provinces de Laghouat au Sud, El Bayadh et Naama (Sud-Ouest) et Tlemcen au Nord-Ouest algérien. Le GME traverse le Maroc sur une distance de 500 kilomètres, avant de s’étendre à travers la mer Méditerranée jusqu’à la région de Tarifa dans le détroit de Gibraltar, au sud de l’Espagne, sur une distance de 45 km. Côté coût, le Gazoduc Maroc-Europe était beaucoup plus intéressant pour l’Algérie que le Pipeline Medgaz qui relie les installations algériennes de Béni Saf jusqu’au port d’Almería en Espagne en passant sous la mer Méditerranée. Seulement voilà, la mafia qui règne sur l’Algérie depuis plusieurs décennies, s’est calcifié dans sa rancune contre le Maroc. En fin de compte, la haine rend non seulement aveugle, mais complétement inepte. Et comme dit le proverbe marocain, «celui qui n’a qu’une porte que Dieu la lui ferme au nez». A bon entendeur, salut !
Mohcine Lourhzal
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Arrêt du GME
L’ONHYM et l’ONEE rassurent
Abderrahim El Hafidi (DG de l’ONEE) Amina Benkhadra (DG de l’ONHYM)
La décision annoncée par les autorités algériennes de ne pas reconduire l’accord sur le gazoduc Maghreb-Europe, n’aura dans l’immédiat qu’un impact insignifiant sur la performance du système électrique national, ont fait savoir l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) et l’Office National de l’Electricité et de l’Eau potable (ONEE) dans un communiqué conjoint. «Eu égard à la nature du voisinage du Maroc et en prévision de cette décision, les dispositions nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l’alimentation du pays en électricité», ont précisé les deux Offices, précisant que «d’autres options sont en cours d’étude pour garantir des alternatives durables à moyen et long termes».
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Algérie-UE
Le Parlement européen dénonce un chantage gazier
Siège du Parlement européen
Le président de la Délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays du Maghreb (DMAG), Andrea Cozzolino a estimé que la décision algérienne d’arrêter l’approvisionnement de l’Europe en gaz via le Gazoduc Maghreb-Europe «est une source de grave préoccupation». L’accord d’approvisionnement rompu par l’Algérie concerne aussi l’Union européenne, a rappelé Cozzolino, notant que «quelles que soient les raisons qui ont motivé une telle décision, l’utilisation de l’approvisionnement en gaz comme moyen de pression ne saurait constituer une solution appropriée. Ceci est particulièrement vrai dans la période actuelle de forte tension sur les prix de l’énergie, lorsque ce sont les citoyens européens qui risquent d’en faire les frais» a-t-il affirmé, mercredi 3 novembre 2021. Pour le député européen Dominique Riquet, «cette fermeture du Gazoduc Maghreb-Europe sera à terme porteuse de conséquences sur les revenus de l’Algérie». De son côté, Eric Besson a dénoncé ce qu’il a qualifié de chantage d’Alger à l’égard des Européens. «Du Maroc où je réside à nouveau, j’assiste avec tristesse à la spirale absurde dans laquelle se place l’Algérie avec son principal voisin. Après avoir inélégamment ignoré la main tendue par le Roi du Maroc lors de son discours du Trône, avoir prétendu que les incendies de l’été dernier avaient été fomentés par des Marocains, interdit le survol de son territoire aux avions portant pavillon marocain, l’Algérie vient de décider unilatéralement de fermer le robinet du gazoduc Maghreb-Europe», a indiqué l’ex-ministre français de l’Industrie et de l’Energie.