Difficile, au vu des résultats du scrutin du 4 septembre 2015, de dire que la majorité a pleinement joué son rôle comme pôle politique fort face à l’opposition. Cette dernière, effritée aussi à cause d’étroits calculs…
Au fil des événements, on commençait à y voir un peu plus clair, mais à mal croire ce que l’on voyait. C’est dire que ces élections ont engendré une carte politique relativement «saugrenue». On a ainsi eu le Parti Justice et développement (PJD), d’une part et le Parti Authenticité et Modernité (PAM), de l’autre. Si l’on admet que le premier représente la majorité et l’autre est le chef de file de l’opposition, on comprend que le combat est bien là.
Cependant, le tableau était tout autre au lendemain du scrutin. Il est même devenu difficile de définir qui est avec qui et qui est contre qui…
Certains commençaient même à voir, en cette situation, les prémices d’un rapprochement entre le PJD et le PAM. Surtout après la fracassante décision du chef du Parti de l’Istiqlal (PI) de rompre son contrat de soutien au PAM et la frilosité des décisions des partis de la majorité, notamment le Regroupement National des Indépendants (RNI), le Partis du Progrès et du Socialisme (PPS) et le Mouvement Populaire (MP) qui donnaient plutôt l’impression d’avoir choisi de faire cavalier seul!
Le jeu prend ainsi une autre tournure et met sur le devant de la scène le PJD et le PAM. Le premier, ayant été en très mauvaise posture suite aux résultats du scrutin du 4 septembre, commençait alors à faire croire qu’il serait plutôt pour une «partie» dont il s’en sortira à moitié gagnant en optant pour «les régions pour toi» et «les communes pour moi». Mais, le «come-back» du PAM semble avoir été plus fort que toute éventuelle alliance et, du coup, même pour les conseils des communes, le PJD s’est retrouvé au 4ème rang, devancé par son «allié» (qui n’en donne plus vraiment l’impression), le RNI et par son ennemi de toujours (qui tente quand même le rapprochement aujourd’hui), le PI.
Sur le terrain et au-delà de tous ces calculs politiques dictés surtout par ce jeu, dont toutes ces entités doivent aujourd’hui se plier aux règles, il y a des enjeux qu’il faut garder en vue. Ces élections annoncent la mise en œuvre de la régionalisation avancée. Un projet que Sa Majesté le Roi a qualifié, dans Son discours du 20 août 2015, de «nouvelle révolution». Laquelle régionalisation se doit de s’ériger en véritable pilier du Maroc de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale, de la solidarité inter-catégorielle et de la complémentarité et l’équilibre inter-régionaux
La nouvelle révolution ne se fera donc que par des élus sincères ayant à cœur de servir leur pays et les citoyens. Servir le pays et se mettre au service des citoyens sont les deux enjeux clés auxquels devra aujourd’hui s’atteler tout élu, à quelque échelle qu’il soit et à son niveau. En région comme en commune, le temps est à l’action, loin de toute couleur, de tout symbole et de toute appartenance car, après tout, ces élus, où qu’ils soient, sont marocains et ce n’est qu’à ce titre qu’ils devraient se mettre au travail.
Hamid Dades
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A toi les régions, à moi les villes!
Eh bien, même sur ce plan, on ne retrouve plus le PJD. Alors qu’on croyait qu’il avait concédé les régions pour cartonner dans les conseils communaux, les résultats montrent le contraire…
Ainsi, selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, concernant les bureaux des conseils communaux et portant sur 1.435 communes, d’un total de 1.503, le PAM a remporté la présidence de 345 conseils communaux, arrivant en tête avec 24,04%.
Le ministère fait savoir que l’opération d’élection des présidents des conseils communaux a été marquée par l’application de la procédure du vote public conformément aux dispositions stipulées à l’article 6 de la loi organique n° 113.14 relative aux communes.
Les résultats de ce scrutin font ainsi ressortir le PAM en première position, suivi du Parti de l’Istiqlal (PI) avec 220 présidences (15,33%), du Rassemblement National des Indépendants (RNI) avec 219 présidences (15,26%), du Parti de la Justice et du Développement (PJD) avec 168 présidences (11,71%), du Mouvement Populaire (MP) avec 151 présidences (10,52%), de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) avec 140 présidences (9,76%), du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) avec 74 présidences (5,16%), de l’Union Constitutionnelle (UC) avec 58 présidences (4,04%) et du Mouvement démocratique et social (MDS) avec 18 présidences (1,25%).
Pour ce qui est des 42 autres présidences, elles se répartissent entre 12 partis politiques et des Sans appartenances politiques (SAP).
S’agissant des résultats des communes de plus 100.000 habitants ayant élu leurs instances (35 communes sur un total de 36), le PJD a remporté la présidence de 19 conseils communaux (54 %), suivi par le MP qui est aux commandes de 6 conseils communaux (17%), le PAM qui a remporté la présidence de 4 conseils communaux (11%) et le PI à la tête de deux conseils communaux (6%). Pour leur part, le RNI, l’UC et l’USFP ont remporté, chacun, la présidence d’un conseil communal, soit 3%, tandis qu’un membre Sans appartenance politique a obtenu la présidence d’un conseil communal (3%).
Le PJD se retrouve encore à la 4ème position avec 168 présidences. Un réconfort cependant: il est présent dans les grandes villes du royaume, en l’occurrence Casablanca, Rabat, Salé, Kénitra, Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Marrakech, Agadir et Laâyoune. Ainsi, les PJDistes: Driss El Azami El Idrissi sera au conseil municipal de Fès, Abdellah Bouanou aux commandes du conseil municipal de Meknès, Abdelaziz El Omari prendra les rênes de la capitale économique, Jamaâ Mouâtassim présidera le conseil communal de la ville de Salé, Aziz Rebbah celui de Kenitra et Bachir Abdellaoui la Commune urbaine de Tanger. Par ailleurs, Mohammed Larbi Belkaid présidera le Conseil communal de Marrakech et Mohamed Seddiki dirigera le Conseil communal de Rabat. Ces villes, compte tenu de leur importance économique et géographique, pourront constituer de vraies bases pour le lancement de nouveaux projets de société, notamment la réconciliation du citoyen avec sa ville, son espace de vie quotidienne et son environnement. Sauf si le PJD y voit autre chose comme, par exemple, une bonne plate-forme pour préparer les législatives de 2016… En tout cas, les bonnes intentions sont là mais est-ce suffisant pour la gestion de ces villes qu’on qualifie de grandes, alors qu’elles ne le sont, en réalité, que par la superficie?
H.D
Profils Alors que les présidents des régions et ceux des communes sont maintenant connus, l’un des aspects du scrutin du 4 septembre reste toujours à explorer: le profil des élus. Les femmes représentent un peu plus de 21% des conseillers communaux, contre plus de 78% d’hommes. Il faut dire qu’en matière de parité, ces résultats restent encore très loin des normes. D’autre part, seulement 26% de conseillers communaux ont un niveau d’enseignement supérieur, tandis que 30% ont un niveau secondaire, 29% un niveau primaire et 15% n’ont aucun niveau d’enseignement. Avec le peu d’«intellos» admis, il est bien difficile de pronostiquer sur les performances… Admettons seulement que ce sont des êtres «vivants» et que tant qu’il y a de la vie… |