Ce qui frappe le plus dans le torrent de commentaires auquel a donné lieu la visite au Maroc du Président français, François Hollande (3 et 4 avril 2013) –que ces commentaires émanent des milieux officiels des deux pays, ou des cercles médiatiques- c’est la sérénité qui s’en dégage.
C’est un cours tranquille et apaisant que suivent les relations maroco-françaises, pour lesquelles certains ont craint une traversée du désert, voire même une zone de turbulence, lorsque la gauche a remplacé la droite, aux commandes du pays, suite aux présidentielles qui ont donné François Hollande vainqueur face à Nicolas Sarkozy, il y a un an.
C’est presque le même cours tranquille et apaisant que suivent les relations maroco-espagnoles, pour lesquelles on avait également craint de fortes zones de turbulence lorsque la droite, cette fois-ci, a remplacé la gauche, suite à la victoire de Mariano Rajoy face au socialiste José Luis Rodríguez Zapatero.
Mais si avec l’Espagne, il reste encore des sujets qui pourraient fâcher –et que Rabat comme Madrid s’ingénient à éviter, tant l’apaisement actuel convient aux deux parties- avec la France, rien de tel.
Le passé colonial est apuré. Le Maroc n’a rien à demander à la France.
Ni revendications territoriales, comme ce pourrait être le cas avec l’Espagne, dont le Maroc espère un jour (et revendique de temps en temps) le retrait des enclaves de Sebta et Melillia, ainsi que des îles Zaffarines.
Ni préalable de pardon, comme le réclame l’Algérie pour elle-même.
La France, de son côté, ne se pose plus en donneur de leçons. Elle n’a rien à exiger du Maroc.
Les temps ont changé.
La sévère crise qui a terrassé le monde en 2008 et qui, depuis, continue de le prendre en tenailles (entre dette et rigueur), a amené les puissances économiques telles que la France ou l’Espagne, à plus d’humilité.
De même que les vents de contestation populaire, que celle-ci soit le fait du printemps arabe ou de mouvements d’indignés, ont imposé aux gouvernements de se mettre, d’abord, à l’écoute de leurs propres populations et de tout faire pour répondre à leurs revendications.
Cela est valable de ce côté-ci de la Méditerranée, comme de l’autre, ainsi d’ailleurs que de ce côté-ci de l’Atlantique, comme de l’autre (n’a-t-on pas assisté au printemps «érable» au Canada et à «Occupy Wall-Street» aux Etats Unis ?).
Les temps ont donc changé pour la France, comme ils ont changé pour le Maroc qui a dû s’engager dans un processus de sérieuses réformes. D’abord, pour se mettre au diapason du statut avancé qui le lie à l’Europe. Ensuite, pour répondre aux attentes nées des vents printaniers de la région. Enfin, pour faire face, comme le reste du monde, à la crise financière et économique.
Les deux pays se parlent donc, aujourd’hui, en parfaits partenaires, cherchant à tirer mutuellement profit de ce partenariat, au bénéfice de leurs économies respectives et dans une totale quiétude.
Un site algéro-polisarien écrivait à la veille de cette visite: «Rien de spectaculaire, ni de particulier ne sortira donc de la visite présidentielle (…) sinon à confirmer, une fois de plus, que la France reste une fidèle adepte de la Realpolitik».
Eh bien, les Marocains n’en attendent pas plus des autres pays, notamment voisins !