La liste des noms du gouvernement d’entente nationale libyen divise toujours les parties aux négociations de Skhirat. Après la date du 20 septembre 2015, Bernardino Léon avance une autre échéance, le 1er octobre, pour l’aboutissement du processus.
Après de longs et interminables dialogues politiques inter-libyens à Skhirat, le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Bernardino León, peut enfin pousser un soupir de soulagement. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait, sans doute débarrassé d’une pesante responsabilité, lors d’une conférence de presse à Skhirat. «L’ONU a préparé le texte d’un accord définitif et consensuel».
Et d’ajouter en se tournant vers les parties libyennes qui l’écoutaient attentivement: «Il vous appartient maintenant d’approuver ou de rejeter l’accord». Rejetant la responsabilité de non aboutissement de ces négociations marathoniennes, le représentant onusien, qui a eu du pain sur la planche des mois durant, a déclaré sans détours que l’ONU a rempli sa mission, non sans difficultés, estimant que les efforts des Nations Unies ont porté leurs fruits et que la balle est désormais dans le camp des parties libyennes en conflit, représentées au dialogue inter-libyen de Skhirat.
Le représentant onusien a tenu à préciser: «Nous avons un texte définitif et notre mission est terminée». Il a voulu expliquer, lors de son point de presse très convaincant, en fin diplomate et en demi-mots, que les parties libyennes ont eu amplement le temps de discuter et de décortiquer les moindres détails du conflit qui les oppose, sous-entendant que les pourparlers ont montré leurs limites et qu’il n’y aura certainement pas d’autres rounds de négociations.
«La réponse à cet accord, a assuré Bernardino León en se libérant de la langue de bois diplomatique, ne se fera pas par le biais de plus de pourparlers et d’amendements, mais en disant tout simplement oui ou non».
Le diplomate onusien avait été on ne peut plus clair avec les parties libyennes. Pour les amener à plus de raison, il avait été direct en leur lançant un appel très fort pour «comprendre la gravité de la situation». Il les avait appelées à «plus de responsabilité et de flexibilité» et surtout les avait mises, toutes tendances confondues, devant la responsabilité de faire prévaloir les «intérêts de la Libye et du peuple libyen».
Bernardino León avait même, dans le souci de convaincre, lancé une date limite, celle du 20 septembre 2015, espérant que les négociateurs allaient écouter la voix de tous les Libyens et de la communauté internationale.
Aujourd’hui, le représentant onusien se veut on ne peut plus pressant: «Cet accord est la seule solution et la seule option». Et, tout en reconnaissant les éventuelles failles de cet accord qui, de toute évidence et comme tous les projets d’accord à l’international, ne peut satisfaire toutes les parties en conflit, il forme le vœu de voir les parties concernées faire aboutir le dur et laborieux processus de négociations au plus tard le premier octobre 2015.
Un point sur lequel achoppent encore les négociations de Skhirat demeure, à coup sûr, la liste des membres du gouvernement d’entente nationale.
«L’intérêt de la Libye doit prévaloir sur tout intérêt d’une partie ou d’une autre du conflit», nous a confié un Libyen participant aux négociations de Skhirat. Et d’ajouter: «Mais bon, la politique a ses raisons que la raison ne connaît pas».
Mohammed Nafaa