La Marche Verte demeure un symbole en matière de mobilisation, d’engagement et de discipline.
Cet évènement historique, dont le Maroc a commémoré le 46ème anniversaire samedi 6 novembre 2021, traduit l’attachement immuable des Marocains où qu’ils soient, aux constantes nationales et devise sacrée du Royaume, à savoir Dieu, la Patrie, le Roi.
Le Maroc prépare son dossier
Après s’être libéré des protectorats français et espagnol en 1956, rattacher Tarfaya en 1958 et Sidi Ifni en 1969, il ne restait plus devant le Maroc que de récupérer le reste de ses provinces du Sud (Oued Ed-Dahab et Sakia El Hamra).
Les revendications du Maroc devant l’ONU concernant son Sahara remontent aux années 50 et c’est bien le Maroc qui a inscrit le Sahara à la Commission de la décolonisation en 1963. Mais au début des années soixante-dix, la question de la décolonisation du Sahara est devenue une exigence. Nous sommes le 16 octobre 1975. La Cour Internationale de justice (CIJ) vient de rendre son avis consultatif sur le Sahara que feu SM le Roi Hassan II lui a demandé. La question était de savoir si le Sahara était un territoire sans maitre (Terra Nullius) avant son occupation par les espagnols. Il s’agissait également de confirmer ou infirmer l’existence de liens historiques et d’allégeance entre les Sultans marocains et les tribus sahraouies. Dans son avis consultatif, la CIJ a répondu négativement à la question numéro 1. En ce qui concerne la question deux, la Cour a affirmé qu’au moment de la colonisation espagnole, il existait effectivement des liens juridiques et d’allégeance entre le Sultan du Maroc d’une part, les tribus et les populations sahraouies d’autre part.
Le verdict tombe, l’ordre de départ est donné
Le 16 octobre 1975, feu Sa Majesté Hassan II fait part au peuple marocain de son plan ingénieux pour recouvrer les provinces du Sud en leur lançant un appel solennel pour aller libérer le Sahara. Un appel gravé à ce jour, dans la mémoire de tous ceux qui ont suivi le discours Royal. «Il nous reste à faire, cher peuple, une seule chose, c’est d’entreprendre une marche pacifique du Nord, de l’Est, de l’Ouest, vers le Sud. Il nous appartient d’agir comme un seul homme, dans l’ordre, pour rejoindre le Sahara», avait lancé le Souverain. Par sa sincérité et son éloquence, l’appel Royal ne pouvait que galvaniser les foules. Munies de la foi en la justesse de leur cause et brandissant le Saint Coran et le drapeau national, 350.000 personnes se sont portés volontaires pour libérer le Sahara et faire revenir cette partie du territoire national à la mère patrie. Ce nombre fut choisi consciemment, puisqu’il correspondait au nombre annuel des naissances au Maroc, à l’époque. «C’est le chiffre des individus qui naissaient annuellement au Maroc à l’époque. J’ai pensé qu’il m’était permis d’engager la moisson solennelle que Dieu nous donne pour ramener à la patrie une terre que nous n’avions jamais oubliée», avait précisé feu Hassan II, lors de son discours du 16 octobre 1975.
Le monde regarde stupéfait…
Contre toute attente, la libération du Sahara était pacifique, sans la moindre hostilité. Pour feu SM le Roi Hassan II, il ne s’agissait point de déclarer une guerre aux Espagnols, le Maroc ne voulait que récupérer paisiblement son territoire. «Nous serons sans armes, car nous n’allons pas faire la guerre à l’Espagne», avait rassuré le regretté Souverain. Ainsi, les marcheurs sont partis à la conquête de leurs terres légitimes armés de Coran et de drapeaux marocains. Toutefois, gare aux agitateurs! Bien que la marche soit pacifique, feu Hassan II avait mis en garde les ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume contre toute tentative d’attaquer les marcheurs qui furent encadrés par 20.000 membres des Forces Armées Royales (FAR). La Marche Verte a nécessité pour sa réussite une mobilisation générale pour assurer le transport des participants vers Marrakech, le point de rassemblement. Des commissions pour l’hébergement et l’accueil ont été mises en place à cet effet. Pendant douze jours, avant le début de la Marche Verte, dix trains qui étaient mobilisés quotidiennement, ont transporté les volontaires du Nord et de l’Est du Maroc vers Marrakech, pour ensuite les acheminer par 7.813 camions à Agadir avant d’entamer leur périple vers le Sahara. Les participants volontaires à la Marche, ont pris ensuite leur chemin après le coup d’envoi donné par feu Hassan II. «Demain, tu franchiras la frontière. Demain, tu entameras ta Marche. Demain, tu fouleras une terre qui est tienne», a annoncé feu SM Hassan II, mercredi 5 novembre 1975. Mis à part les participants, les Marocains qui n’ont pas eu la chance de rejoindre la Marche Verte, y ont contribué à leur façon et selon leurs possibilités (apport en numéraire ou en nature).
Le Maroc scelle sa réunification
Au bout de trois jours, la Marche Verte a réalisé ses objectifs. Du 6 au 9 novembre 1975, les 350.000 participants ont réussi à parcourir plus de 20 kilomètres franchissant ainsi le poste frontalier de «Tah», avant d’être rappelés par feu SM le Roi Hassan II, qui leur avait demandé de retourner, considérant que la marche avait atteint ses fins. La détermination, le grand sens d’organisation des Marocains ayant participé à la Marche Verte, ont été loués par feu SM Hassan II, dans le discours qu’il a prononcé lundi 9 novembre 1975. «Le peuple marocain vient d’écrire une des pages les plus glorieuses de notre histoire, une page qui sera citée en exemple aux générations futures en fait de discipline, de maturité, d’endurance et de patriotisme», c’est ainsi que le regretté Souverain avait encensé les participants. Les accords de Madrid de 1975 ont ensuite régi le retrait de l’Espagne du Sahara, laissant le soin au Maroc et à la Mauritanie de partager le territoire avant que celle-ci n’abandonne en 1978 la partie qui lui avait été concédée et qui s’est vue restituée au Maroc. La même année, poussé par l’Algérie, le Polisario proclame sa fantomatique «Rasd». Depuis cette date, le Maroc a mené une stratégie diplomatique basée sur une vision à long terme. Cette sage politique a fini par porter ces fruits. La commémoration du 46ème anniversaire de la Marche Verte (6 novembre 2021), intervient dans un contexte marqué par des succès majeurs dans le dossier du Sahara (ouverture de représentations diplomatiques à Laâyoune et Dakhla, reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara, résolution 2602 du Conseil de sécurité…). Ces réalisations, ajoutées à l’élan de développement économique et social que connaissent les régions du Sud du Royaume, ne font que conforter davantage le Maroc dans ses droits historiques, politiques et territoriaux sur son Sahara.
Mohcine Lourhzal