Maroc-Israël | Quand l’Algérie et l’Espagne réagissent…

Depuis la signature des accords tripartites Maroc-États Unis-Israël, en décembre 2020 ; et plus encore depuis que le rétablissement des relations entre le Maroc et Israël se traduit en faits concrets -en l’occurrence la visite au Maroc du ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, en août dernier (2021), suivie de celle du vice-Premier ministre et ministre de la Défense israélien, Benny Gantz, la semaine dernière, ainsi que les accords conclus à ces occasions ; notamment celui signé avec Benny Gantz dans les domaines sécuritaire et militaire- la panique s’est saisie de tous ceux, parmi les voisins et partenaires du Maroc, qui ont compris que les cartes ont été rebattues dans la région et que la donne géopolitique changeait… De même que (en conséquence) changeaient les rapports de force…

Depuis lors, les commentaires et (vraies ou pseudo) analyses pleuvent à torrent.

Bien entendu, tous n’ont pas la même valeur. Beaucoup n’en ont même aucune, tant la vacuité intellectuelle, la subjectivité, ou la mauvaise foi de leurs auteurs est évidente.

Les citoyens marocains en ont pris note. Tantôt en restant impassibles (impassibles, mais non insensibles), tantôt –notamment sur les réseaux sociaux- en y répondant dans le même esprit et sur le même ton (à l’analyse par l’analyse et à l’insulte par l’insulte, quand l’insulte remplace l’analyse)…

Mais c’est au niveau des Etats que les réactions retiennent le plus l’attention.

L’Algérie (bien évidemment), l’Espagne, l’Allemagne… Et d’autres encore, qui pour le moment ne disent rien, mais n’en pensent sans doute pas moins.

Concernant l’Algérie, ce n’est pas tant sa réaction qui étonne.

Il est clair qu’en voyant sa stratégie d’affaiblissement du Maroc, déployée avec autant d’acharnement depuis près d’un demi-siècle, s’effondrer aussi brusquement et aussi sûrement, alors que le Régime d’Alger n’a assis son pouvoir et justifié sa mainmise sur le pays que sur cette stratégie de l’ennemi extérieur –le Maroc voisin- Alger ne pouvait qu’enrager face à l’alliance Maroc-Israël !

De plus, le récent accord de coopération militaire conclu par le Maroc et Israël et paraphé par le ministre de la Défense, Benny Gantz, est le coup que le Régime militaire algérien encaisse le plus douloureusement. Pour deux raisons au moins. Il est porté sur le terrain militaire (terrain de prédilection du Pouvoir d’Alger) et non plus seulement sur le terrain diplomatique. Il met fin aux velléités de recours à la guerre que la junte militaire d’Alger affichait avec de plus en plus d’arrogance ces derniers temps, ne se contentant plus de l’instrumentalisation des milices du Polisario.

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Ce n’est donc pas le pourquoi de la réaction de désarroi et de rage de l’Algérie qui a étonné, mais le comment… En effet, jusque-là, le Pouvoir algérien ne s’exprimait que rarement directement contre le voisin-Puntching ball. Il laissait cette besogne à sa presse affidée. Or, depuis le rapprochement maroco-israélien, le Président Tebboune et le ministre des Affaires étrangères Laamamra y vont franchement de leurs attaques contre le Maroc. Les deux hommes, qui subissent la colère de l’armée, tentent visiblement de se racheter à ses yeux en cognant sans retenue sur l’ennemi commun. On peut les comprendre… L’Algérie est le pays où l’armée peut exécuter son Président à la Kalachnikov, sous les caméras de la télévision, en pleine réunion (feu Boudiaf) ; et jeter en prison (ils y sont actuellement) 30 généraux, 2 premiers ministres et une flopée de ministres et responsables sécuritaires, qui ont pourtant servi l’Algérie et desservi le Maroc avec la même ferveur que le font leurs remplaçants aujourd’hui.

Cependant, ils ne trompent personne avec leur version édulcorée des faits. Quand Tebboune ou Laamamra se drapent d’une «noblesse» de circonstance, répétant que leur seul souci est de défendre de grands principes, aussi bien dans le dossier du Sahara que dans celui de la Palestine, qui les croit ?

Avec le différend du Sahara qu’Alger a créé de toutes pièces -aux yeux de la communauté internationale, c’est aujourd’hui clair comme de l’eau de roche- l’Algérie ne défend avec ce déluge de moyens que ses propres intérêts (ceux du Pouvoir. Le Peuple, lui, n’en peut plus de cette folie vigoureusement dénoncée par le Hirak). Et en Palestine, l’Algérie n’a pas dépensé le quart de ces moyens (financiers ou diplomatiques), ni pour contribuer à la paix, ni pour présenter une aide humanitaire régulière et conséquente au Peuple palestinien, comme le fait le Maroc.

Le Président Tebboune et le ministre Laamamra peuvent bien alterner invectives et jérémiades, «le prix à payer» dont ils parlent aujourd’hui, n’est pas celui de la défense des grands principes, mais de l’échec du Régime algérien sur toute la ligne, économique et sociale, diplomatique, militaire…

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En Espagne, les réactions ont emprunté d’autres voies. Certes, l’ex-ministre des Affaires étrangères Arancha Gonzalz Laya avait rapidement réagi à l’accord tripartite Maroc-USA-Israël, en lançant son fameux «rappel» d’un «Sahara, zone d’influence de l’Espagne et de la France», mais passée l’affaire Ghali-Benbattouche, les relations entre le Maroc et l’Espagne qui avaient touché le fond, tentaient de remonter la pente. Aucun responsable du Gouvernement espagnol ne s’est donc plus exprimé publiquement sur le rapprochement maroco-israélien. Par contre, c’est à coup de rapports (présumés) confidentiels que le voisin ibérique dit toute son inquiétude (le mot est faible) concernant ce rapprochement. Le dernier de ces rapports «Un nuage rouge dans le ciel de Madrid» des services de renseignement militaires (signé par les 2 centres CESEDEN et IEEE) qualifie carrément le rapprochement de «danger pour la nation espagnole». Mieux, on apprend par ce rapport que les militaires espagnols ont essayé de mobiliser leurs homologues en Europe et aux Etats Unis contre le Maroc, mais que les Européens n’ont pas «interagi»… «Tout le monde a peur de la réaction des autorités marocaines», dit le rapport… Et aux Etats Unis, «le lobby juif marocain a fermé toutes les portes». Le rapport espagnol ajoute à propos des Etats Unis cette récrimination: «Le Maroc est devenu leur enfant gâté en Afrique du Nord»…  

Cela rappelle un autre récent rapport qui a profondément choqué au Maroc. Le rapport allemand qui conseillait de freiner le développement du Maroc et d’encourager celui de l’Algérie et de la Tunisie. Le prisme colonial a la vie longue ! Et si la Chine ou la Russie, par exemple, exigeait que soit freiné le développement de l’Allemagne et encouragé celui de la Grande Bretagne et de la France… ?

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Une chose est sûre, le Maroc ne cherche ni à être un danger pour ses voisins ou partenaires, ni à les provoquer. Il défend tout simplement ses intérêts avec la même vigueur que ceux qui lui contestent ce droit défendent les leurs. Quant à sa relation avec Israël à proprement parler et au fallacieux argument de trahison de la cause palestinienne, il y a tant à dire… On y reviendra.

Bahia Amrani

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