Le président de la Chambre des Conseillers, M. Naam Miyara, a appelé, mardi à Rabat, à une réflexion collective pour examiner les moyens d’adapter la législation nationale en matière de lutte contre la violence à l’égard des femmes aux dispositions du droit international relatif aux droits de l’Homme, de manière à répondre aux engagements du Maroc dans ce domaine.
Dans une allocution à l’ouverture d’une conférence organisée par la Chambre des Conseillers en vue de présenter le bilan et les perspectives des politiques publiques de lutte contre toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des femmes, M. Miyara a estimé que la bataille contre ce phénomène se poursuit et nécessite d’œuvrer davantage sur l’harmonisation de la législation nationale avec les normes internationales.
Il s’agit notamment de consacrer les principes d’équité et d’égalité entre les sexes et d’autonomiser les femmes et garantir leur protection et l’exercice de leurs droits humains, a-t-il souligné lors de cette rencontre organisée dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, placée sous le thème «Oranger le monde : mettre fin dès maintenant à la violence à l’égard des femmes !».
La lutte contre ce phénomène requiert également d’adopter une approche multidimensionnelle, basée sur la prévention, la protection et la prise en charge, tout en prenant en considération la dimension territoriale dans les politiques publiques, afin de mieux cibler et répondre aux besoins spécifiques de chaque territoire, a indiqué M. Miyara.
Cela passe par une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes, qui soit basée sur une nouvelle vision pour l’accompagnement des réformes juridiques réalisées au profit de la protection des femmes et l’activation de l’ensemble des engagements nationaux et internationaux consécutifs à ces réformes, a-t-il poursuivi.
Le président de la Chambre des Conseillers a rappelé les chiffres inquiétants de ce phénomène, qui connait une forte recrudescence sensiblement liée au contexte exceptionnel de la pandémie de la Covid-19, ayant entraîné une forte hausse des cas de violence à l’égard des femmes, en particulier dans le milieu familial pendant le confinement.
Par ailleurs, il a passé en revue les acquis réalisés par le Maroc dans le domaine de renforcement de son système des droits, en particulier en ce qui concerne les femmes, dont la Constitution de 2011, la réforme du Code de la famille, la promulgation de la loi relative à la violence à l’égard des femmes et l’augmentation de la représentativité des femmes dans les conseils élus et les organisations partisanes ainsi que leur présence dans les postes de responsabilité.
De son côté, le président de la Chambre des Représentants, M. Rachid Talbi Alami, a souligné que «la persistance de ce phénomène, en dépit de la mise en place des mécanismes constitutionnels, législatifs, institutionnels et logistiques de prise en charge des victimes de violence, interpelle notre conscience, ainsi que certaines tendances conservatrices qui minimisent et tolèrent ce phénomène».
Si les lois sont décisives et essentielles pour faire face à ces pratiques contraires à l’essence même de l’humanité, il n’en reste pas moins que le changement de certaines représentations sur la place de la femme dans la société requiert davantage de mobilisation culturelle et civile de la part des partis politiques, des associations et des médias, dans le but de contrôler et d’isoler ce phénomène et ceux qui la pratiquent, a-t-il noté.
Cet effort doit être accompagné par des politiques de répression sévère de la violence et par la protection des victimes et de celles qui dénoncent ce genre de faits, a ajouté M. Talbi Alami.
Il a mis en exergue, à cet égard, le rôle axial de l’institution du Parlement pour la défense des femmes, de l’égalité et de l’équité dans le cadre de ses missions législatives et de sa responsabilité dans l’amélioration des lois et leur adaptation aux besoins de la société.
Le président de la Chambre des Représentants a, en outre, mis l’accent sur l’importance de l’élaboration de politiques efficientes en vue d’assurer l’autonomisation économique et l’indépendance financière des femmes et faciliter leur présence dans les postes de responsabilité.
Il s’agit d’envoyer un message à la société et de reconnaître la créativité des femmes et leurs capacités de leadership, a-t-il affirmé.
Cette conférence est organisée dans le cadre de la campagne des Nations unies pour la lutte contre la violence basée sur le genre social (25 novembre-10 décembre) et en réponse à l’appel lancé dans ce sens aux parlements nationaux par l’Union interparlementaire.
En marge de cette rencontre, il a été procédé à l’inauguration d’une exposition de photographies et documents, réalisée par l’Union interparlementaire autour du phénomène de la violence contre les femmes, en plus de la distribution d’écharpes oranges aux parlementaires et invités, cette couleur étant le symbole d’un avenir meilleur, libéré de la violence à l’égard des femmes et des filles.
Cet événement, qui a connu la participation d’acteurs de la société civile et des droits de l’Homme, entend mettre la lumière sur l’adhésion permanente et renouvelée de l’institution parlementaire à la défense des causes des femmes et aux efforts de consolidation des acquis du Royaume dans ce domaine, concrétisés par la Haute sollicitude royale, la consécration constitutionnelle des droits des femmes et de leur promotion et par le renforcement du cadre juridique et institutionnel à même d’assurer l’effectivité de ces droits.
LR/MAP