«Le Maroc doit très vite avoir un gouvernement pour faire face aux défis»
Que pensez-vous de la position du Parti de l’Istiqlal?
Au PPS, on regrette la position du Parti de l’Istiqlal, parce que le Maroc est confronté à des défis: les défis de la crise économique, ceux de la réforme et ceux de la mise en œuvre de la nouvelle Constitution. Le Maroc doit éviter une crise politique qui risque de retarder le processus de réformes et de ralentir un certain nombre de mesures qui paraissent absolument indispensables actuellement dans notre pays. On regrette le départ du Parti de l’Istiqlal même si nous n’avons pas partagé la même appréciation de la situation politique. N’oublions pas que c’est un allié historique traditionnel avec lequel nous avons mené beaucoup de combats, que ce soit dans l’opposition ou au sein des gouvernements précédents. Nous pensons qu’on aurait pu, dans le cas du gouvernement actuel, conjuguer nos efforts pour avancer dans le processus des réformes. Maintenant, avec la démission des Istiqlaliens, cela clarifie un peu le jeu. Car c’était une situation quand même intenable où le Parti de l’Istiqlal était en même temps dans et en dehors du gouvernement, démissionnaire de ses responsabilités. Il fallait donc ce travail de clarification. Actuellement, pour ce qui est des scénarios prévus, il faut dire que tout est possible. Mais ce que nous espérons, c’est que très vite nous puissions dépasser cette crise et avoir un gouvernement fort et capable de mettre en œuvre ce processus de réformes.
On estime que la mise en œuvre de ce processus de réformes a connu du retard. Qu’en dites-vous?
Ce que je peux dire, c’est qu’il faut d’abord analyser la période qui est passée. Certes, il y a des choses qui ont été faites. Mais globalement -et cela est vrai-, le processus de réformes, le processus législatif, les lois organiques… Tout cela a effectivement connu du retard. Il y a certainement une responsabilité du gouvernement et de son chef. Mais il faut dire aussi qu’on ne lui a pas facilité la tâche. Il y a eu une série de blocages de toutes sortes qui a été mise en œuvre, ce qui ne permet pas d’avancer dans ce processus de réformes. Malgré cela, quand l’Istiqlal a fait un certain nombre d’observations et de remarques, au sein de la majorité, on était en train de mettre en place les mécanismes et les processus pour pouvoir avancer et prendre en compte toutes les observations de l’Istiqlal.
Plusieurs scénarii sont évoqués ici et là pour une nouvelle majorité…
Au PPS, on a décidé de ne pas nous lancer dans des analyses de scénarii. Effectivement, il y a un certain nombre d’hypothèses qui sont évoqués ici et là. Cependant, le problème, c’est d’avoir une nouvelle majorité qui permette de gouverner. Avec qui? Avec quel programme? Et est-ce que c’est une sorte de continuité du programme du premier gouvernement de Benkirane est-ce un autre programme? En tout cas, on n’a pas encore les éléments. Mais dès qu’on aura l’ensemble de toutes ces données relatives à une nouvelle majorité, nous déterminerons notre position. Et puis, il y un deuxième scénario possible. C’est celui des élections anticipées. S’il doit y avoir des législatives anticipées, nous y sommes également prêts. Le plus important, c’est que le Maroc ait très vite un gouvernement à même de conduire et d’accélérer le processus de réformes et capable de faire face aux défis économiques qui sont posés au pays.
Après la démission des ministres istiqlaliens, donc du retrait officiel de l’Istiqlal du gouvernement, nombre de partis politiques se préparent à réunir leurs instances dirigeantes afin de discuter de la situation politique actuelle. Qu’en est-il du PPS?
En ce qui concerne le PPS, on va suivre l’évolution des choses. Le moment venu, lorsque nous serons en face d’une offre concrète, le Comité central prendra une position concernant la participation ou non du PPS au gouvernement.
Quand le Comité central se réunira-t-il?
Il n’y a pas encore de date prévue. Cela peut être dans une semaine comme cela peut être dans quinze jours. Dès que nous aurons suffisamment d’éléments pour pouvoir prendre une position, le Comité central du parti se réunira.
Des tractations sont aussi lancées du côté de l’opposition. C’est le cas de l’Istiqlal et de l’USFP qui ont eu récemment des discussions…
Le Maroc a besoin d’une opposition sérieuse et constructive. C’est ce que nous attendons un peu de n’importe quelle opposition. Mais si c’est seulement une opposition pour mettre les bâtons dans les roues et empêcher d’avancer dans le processus des réformes, alors là, bien sûr, nous ne pouvons pas être d’accord avec elle. Quoiqu’il faille attendre que les choses se clarifient… Cela dit, il est assez naturel que l’USFP et l’Istiqlal, tous deux, soient dans l’opposition et fassent le choix de coordonner entre eux. Mais il est souhaitable de faire le travail avec un maximum d’esprit constructif.
Les critiques de l’Istiqlal portent surtout sur la gestion du chef de gouvernement. Les Istiqlaliens estiment qu’il n’y a pas de coordination au sein de la majorité.
Sincèrement, je pense que le chef de gouvernement a essayé, dans la mesure du possible, de gérer toute une série de contraintes avec le maximum d’esprit de compromis. Mais je pense que c’est difficile de juger de manière sentencieuse. Certainement, il y a des choses à améliorer au niveau de la direction du gouvernement, du renforcement de l’esprit collectif et de la prise de décision de manière collective. Mais il faudrait souligner qu’au sein de la majorité, on était en train de travailler dans ce sens. Nous étions en train d’améliorer et de mettre en place les mécanismes pour renforcer cette coordination. Malheureusement, le choix de l’Istiqlal est venu mettre fin à tous ces efforts.