Abdelilah Benkirane «L’opposition me manque»

Encore une fois, le chef de gouvernement a été boycotté par l’opposition au Parlement, alors qu’il s’y présentait pour la séance mensuelle consacrée à la politique générale…

Benkirane au parlement

L’opposition persiste et signe. Elle vient de mettre à exécution encore, une fois, son niet catégorique d’assister à l’exercice mensuel du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane (mercredi 26 juin 2013) consacré à la politique générale du gouvernement sur le thème de «l’administration marocaine et les défis de servir le citoyen et l’entreprise». Un thème auquel adhère, cependant, l’ensemble de la famille politique et qui fait l’unanimité quant à son acuité et à la nécessité de le dépasser.

L’opposition absente

L’opposition a brillé ce jour par son absence, ce qui a fait réagir Abdelilah Benkirane qui a confié aux médias, non sans une pincée habituelle d’humour: «L’opposition me manque». Mais à part les députés PJD venus en force, comme à l’accoutumée, les députés des divers groupes parlementaires ne se sont pas bousculés au portillon de l’Hémicycle. Il était donc aisé de les compter puisqu’ils dépassaient à peine la cinquantaine. Mais l’absentéisme parlementaire était bien «présent» et les responsables des deux Chambres confondues peinaient à trouver une sortie honorable.

Manquement à la responsabilité

C’est par son chef de groupe parlementaire que le PJD a réitéré sa position vis-à-vis du boycott décidé par l’opposition. En effet, c’est par un point d’ordre que Abdellah Bouanou a étalé le sujet qui fâche. «Ce genre de protestation est un manquement à la responsabilité. Il ne faut pas que cela perdure», a-t-il estimé. Et d’appeler à une rencontre entre les chefs de groupe sous l’égide de la Conférence des présidents pour trouver une solution au problème (du boycott).

Pour une réforme de l’administration

Le message passé, Abdelilah Benkirane est illico entré dans le vif du sujet, après l’intervention de la députée Fatiha Moknie au nom de la majorité. Le sujet de «l’administration marocaine est d’actualité et a un impact évident sur les citoyens et l’entreprise. Aussi, le gouvernement accorde-t-il une grande importance à la réforme de l’administration en veillant à faciliter les procédures et à garantir la transparence, la bonne gouvernance et un meilleur service pour les citoyens», a-t-il lancé. Le chef de gouvernement a cependant regretté que l’administration marocaine soit encore très loin de cette image qu’on s’applique à lui donner, au vu des fléaux sociaux qui gangrènent encore la société. Il en a donné pour exemple la corruption, le clientélisme, les grèves qu’il a imputées aux dysfonctionnements hérités d’une autre époque et de responsables -sans les citer- qui se sont relayés aux commandes des gouvernements. Et d’annoncer la couleur: «Notre approche, a précisé Benkirane, se base sur quatre piliers: moraliser l’administration, adapter son cadre juridique, simplifier les procédures et réhabiliter ses ressources humaines». Selon le chef de gouvernement, le gouvernement, dispose dans ce sens d’un projet adéquat. «La modernisation de l’administration nécessite à coup sûr la valorisation du capital humain, l’évolution positive des mentalités des citoyens et leur nécessaire implication et la mise en place de mécanismes fiables pour sanctionner tous dépassements et abus», a-t-il annoncé.

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«Crocodiles et démons» ne nous feront pas reculer

«Le gouvernement, a lancé Benkirane, travaille. Il est là pour ce faire et n’a pas d’autre but philosophique». Une parenthèse pour pointer du doigt ces diverses créatures que sont les «crocodiles et démons» qui le boycottent et entravent sa marche et qui «ne nous feront pas reculer».
Répondant indirectement à l’opposition qui l’accuse de décider unilatéralement, le chef de gouvernement a pris le soin de préciser que «toute cette stratégie sera soumise à l’appréciation des citoyens via un débat national». Et de rappeler au gouvernement la responsabilité d’aller de l’avant dans la réforme de l’administration et dans la consécration des principes de la bonne gouvernance.

Guichet unique

Dans la foulée, le chef de gouvernement a informé les députés de la prochaine mise en place de la Charte nationale de décentralisation qui devra s’atteler à accompagner le chantier de la régionalisation avancée, ainsi que d’un guichet unique dans les collectivités de plus de 50.000 habitants.

Une administration moderne et efficace

Tour à tour, les groupes parlementaires présents se sont relayés pour réagir sur le thème proposé et tous ont été unanimes à critiquer une administration qu’ils veulent moderne et efficace, au service des citoyens et qui devrait rompre avec le trop plein de paperasse et de documents qui grèvent le budget des citoyens et fait fuir les investisseurs. Un leitmotiv que majorité et opposition ne cessent de ressortir et qui gagnerait à être mis en œuvre dans le cadre d’une stratégie globale qui impliquerait tout le monde.

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Benkirane
Il a dit aussi…

– L’exercice de notre administration n’est pas satisfaisant, même s’il existe des fonctionnaires qui travaillent sérieusement.

– Nous ne pouvons plus aujourd’hui revenir en arrière. Le citoyen marocain ne veut plus sentir qu’il se trouve dans une administration qui ne le respecte pas, ne lui simplifie pas les procédures et ne l’aide pas à solutionner ses problèmes.

– Il est du devoir du gouvernement envers les citoyens, comme le stipule la nouvelle Constitution, de les servir «Bla jmil».

– Le projet de décret, qui stipule la mise en place d’un guichet unique dans le domaine de l’urbanisme, a vu le jour après une absence de 20 ans. Malgré cela, le citoyen n’éprouve aucune sympathie pour l’administration.

– J’appelle à rétablir la confiance entre l’administration et le citoyen… Le citoyen pauvre et démuni, parce que les citoyens puissants savent comment faire valoir leurs droits.

– Nous voulons une administration à l’écoute des doléances des citoyens avec une sorte de «m’hanna» (affection).

– Le Marocain ne comprend pas que l’administration soit agressive. Il est inconcevable qu’on presse une femme enceinte, venue pour accoucher, de fournir illico les documents nécessaires. Je dis toujours: d’abord, la femme accouche, les papiers après.

– Le gouvernement est venu pour travailler; il n’a pas d’autres objectifs politiques que cela. Bien qu’il soit importuné (tachouich) et boycotté (mokatâa), nous ne reculerons pas tant que nous assumons notre responsabilité. La Patrie ne sera pas clémente avec nous.

– Nous versons beaucoup aux fonctionnaires, parce que nos salaires sont très élevés. La mentalité marocaine qui était en vigueur signifiait: l’investisseur gagne, il faut que je gagne un peu aussi. Je dis à ceux qui aujourd’hui encore veulent gagner, qu’ils aillent ailleurs!

– A ceux qui défendent les corrompus, je dis que la justice triomphe toujours.

 


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